Révocable et rémunéré au Smic : c'est un idéal de député que prétend incarner François Ruffin, rédacteur en chef du journal satirique Fakir. Celui qui a fait des dossiers sociaux son cheval de bataille s'offre un siège au Palais-Bourbon.
A 41 ans, le journaliste François Ruffin, élu dans la 1ère circonscription de la Somme, était le candidat de toute la gauche hors PS, et s'est fait connaître du grand public par son documentaire décapant "Merci Patron!"
Né à Calais le 18 octobre 1975 (Pas-de-Calais) et novice en politique, M. Ruffin en parallèle de ses études au Centre de formation des journalistes (CFJ), est le fondateur et rédacteur en chef depuis 1999 du journal satirique local Fakir "fâché avec tout le monde. Ou presque".
Collaborateur régulier du Monde Diplomatique, il intègre également l'équipe de l'émission "Là-bas si j'y suis", de Daniel Mermet sur France Inter. Entre 2000 et 2012, le Picard y égrène les reportages de critique sociale.
Avec son premier documentaire "Merci patron!" en 2016, qui obtient un César, il égratigne avec dérision le géant du luxe LVMH et son PDG Bernard Arnault.
Ils ont l'argent, on a les gens
En février 2017, l'un des initiateurs du mouvement Nuit debout lance officiellement sa campagne législative. Son slogan: "ils ont l'argent, on a les gens". Il se distingue notamment auprès des salariés de l'usine Whirlpool d'Amiens, promise à fermeture pour cause de délocalisation en Pologne.
François Ruffin a fait des dossiers sociaux son cheval de bataille. Une présence sur le terrain qui a permis au journaliste de 41 ans de se porter au Palais-Bourbon. Le nordiste devenu amiénois prétend incarner un rôle de député tout nouveau en étant smicard et révocable. "S'il y a 25% des électeurs qui considèrent que je fais mal mon boulot quand je suis à l'Assemblée, ils pétitionnent, je démissionne", promet Ruffin, qui souhaite que la précarité "que s'appliquent à mettre en place les députés" soit avant tout "applicable à eux-même".
Troisième mesure du même registre, la gestion des réserves parlementaires. "Il y a 140 000 euros qui sont donnés aux députés chaque année pour qu'ils les redistribuent. Ça sert en général au clientièlisme." François Ruffin souhaite mettre en place un jury de citoyens tirés au sort qui gérera ces réserves et qui décideront "ce qui est le plus utile sur la circonscription"
Un service public national
Pour le député fraîchement élu, plus d'arrangements "avec des bouts de scotch à la bonne franquette" pour les salaires des auxiliaires de vie sociale, un cas qui pose particulièrement problème dans la Somme. Pour les personnes âgées ou en difficulté, François Ruffin souhaite proposer un service national de la dépendance.
Des idéaux, François Ruffin en a plein la tête. Il avait conditionné sa candidature au soutien des communistes, des verts et des Insoumis, par nécessité de "réunir la gauche". Soutien qu'il a obtenu.
Finalement, si cette circonscription est une France "en modèle réduit", selon le terme de Mme Boistard avec des thématiques de rénovation urbaine (Amiens Nord), environnementale (Ferme des 1.000 vaches) ou encore de désindustrialisation (Goodyear), elle est aussi un exemple de la recomposition politique nationale.