Goodyear Amiens-Nord : huit ex-salariés comparaissent pour séquestration de cadres

Huit anciens salariés de l'usine Goodyear d'Amiens-Nord, dont cinq membres de la CGT, doivent comparaître mardi devant le tribunal correctionnel d'Amiens pour la séquestration durant 30 heures en 2014 de deux cadres de cette usine, aujourd'hui fermée.

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Le directeur des ressources humaines ainsi que le directeur de la production avaient été retenus du 6 au 7 janvier 2014 dans les locaux de l'usine que plusieurs dizaines de salariés avaient occupée avant de les laisser partir, sans violence.

Quelques jours après cette séquestration, l'usine fermait ses portes entraînant 1.143 licenciements. Une décision présentée comme emblématique de la désindustrialisation accélérée que connaît la France depuis plusieurs années.

Parmi les prévenus se trouve Mickaël Wamen, figure du combat mené par la CGT pendant sept années contre la disparition du site. Il se défend.

"Je reste plutôt confiant dans la mesure où l'on n'a rien fait. L'acte n'était nullement prémédité, les mecs ont simplement pété un plomb. A la CGT, nous n'avons fait que faciliter le dialogue et étions présents pour éviter que la situation ne dégénère".


Goodyear a retiré sa plainte, mais les accusés risquent jusqu'à cinq ans de prison


Le procès se déroulera sans plaignant: Goodyear avait en effet retiré sa plainte en application de l'accord de fin de conflit signé avec les syndicats fin janvier 2014, tout comme les deux cadres concernés qui se sont désistés après avoir déposé plainte à titre individuel dans un premier temps. Contacté par l'AFP, Goodyear n'a pas répondu aux sollicitations.


L'absence de partie civile signifie qu'il n'y aura pas de dommages-intérêts à verser.

En revanche, "comme ils sont poursuivis pour 'séquestration et violences en réunion' et voies de fait, ils encourent jusqu'à cinq ans de prison", indique le procureur d'Amiens, Bernard Farret.

 

Le reclassement , "un échec complet" selon la CGT


"Alors que dans la plus grande majorité des cas, les poursuites sont abandonnées, le fait que le procureur veuille coûte que coûte continuer la procédure prouve que c'est politique", estime M. Wamen.

Il explique cet excès de colère par "le carnage social de Goodyear dans une région déjà très sinistrée" et fustige les mesures de reclassement, "un échec complet", selon lui.

"Sur tous les salariés, plus de 750 d'entre eux n'ont toujours pas trouvé de travail. Pour les autres, c'est simple: 70 personnes sont en CDI, environ 80 ont crée leur entreprise, entre 30 et 40 sont en CDD supérieur à 6 mois, une trentaine sont en intérim, il y a eu près de 140 départs en retraite et 9 sont décédés", assure le syndicaliste.

La préfecture de la Somme ne disposait pas de chiffres actualisés. Fin avril, elle estimait cependant que 136 salariés avaient retrouvé un emploi (CDI ou CDD supérieur à 6 mois), 59 avaient créé leur propre entreprise notamment grâce au fonds issu de la convention de revitalisation, et 272 étaient en formation.

"Après ce procès, on repartira à la charge contre Titan (équipementier américain un temps candidat à la reprise avant de renoncer, ndlr) pour prouver que nous avions raison dès le début", précise M. Wamen.

Le syndicaliste s'offusque en effet du récent rapprochement de Titan qui a trouvé un accord de licence avec Goodyear lui permettant de distribuer en Afrique et en Europe, y compris en France, des pneus agraires fabriqués dans son usine russe basée à Volvograd, similaire à ceux alors produits à Amiens.

"C'est la preuve qu'ils se sont foutus de notre gueule depuis le début: le marché européen n'est pas si effondré que cela, contrairement à ce que la direction nous avait conté pour justifier la fermeture de l'usine !", peste-t-il.
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