Entre les stratégies de groupes internationaux, les luttes sociales et l'arrêt de la production : quinze ans d'une histoire tourmentée.

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  • 4 février 1999 :

Le fabricant américain Goodyear s’allie avec le japonais Sumitomo Rubber Industries (SRI), propriétaire de la marque Dunlop. Le but : gagner des parts de marché face à deux autres grands du pneu : Bridgestone et Michelin. C’est Goodyear qui prend la direction des opérations en Europe et aux États-Unis.
Dès cette époque, malgré les propos rassurants de la direction de Goodyear et l’optimisme de Gilles de Robien, alors maire d’Amiens, les salariés des deux sites amiénois s’inquiètent pour leur avenir. A cette époque, le président de la firme américaine assure que la fusion « ne serait pas dans les meilleurs intérêts de Goodyear. »


  • Octobre 1999

Premiers effets de l’alliance, les activités de recherches et développement de Dunlop sont centralisées en Allemagne et au Luxembourg. 51 emplois disparaissent à Montluçon, et 30 à Amiens.

  • 14 février 2001

Goodyear annonce la suppression de 7.200 emplois dans le monde, sur un total de 105.000 personnes.

  • 1er janvier 2004

Goodyear France et Dunlop France fusionnent en une seule entité juridique, Goodyear-Dunlop Tires France. Les accords d’entreprise et les statuts sociaux des personnels des deux usines étant différents, la nouvelle direction doit alors engager des négociations avec les syndicats pour une harmonisation.

  • 3 avril 2007

La direction de Goodyear Dunlop annonce lors d’un CCE la volonté d’adapter les deux sites amiénois au marché européen et de produire plus de pneus à haute valeur ajoutée. Cette réorganisation se traduirait notamment par « la création d’un complexe qui regrouperait les deux usines, une adaptation de l’organisation et de la durée du travail ».  Le groupe annonce un investissement de 52 M€. Les syndicats dénoncent la suppression de 400 à 500 emplois qui suivrait un accord sur l’aménagement du temps de travail.

Car l’investissement s’accompagne d’une condition : ramener les équipes de 5 à 4 et revenir aux 39 heures. C’est ce système des 4X8 (voir encadré) qui conduirait à la suppression des emplois jusqu’en 2009 par des départs en retraite non remplacés

  • 21 juillet 2007

Débrayages et grève sur les deux sites, alors que 4 des 6 syndicats ont quitté la table de négociation la veille pour protester contre les propositions de la direction.

  • 19 et 20 octobre 2007

Referendum pour un passage aux 4x8. Résultat : « non » à 64,55% dans les deux usines, avec un taux de participation de 92,6%.

  • 24 janvier 2008

La direction de Goodyear-Dunlop présente un plan de réduction de 23% de la production des sites d’Amiens, de33.600 pneus/jour à 26.000. À la clef : 478 licenciements. Dans le même temps, elle explique que le projet de création du complexe d’Amiens est encore possible si les syndicats négocient rapidement sur l’application des 4X8. CFTC, FO, CFDT et CGT Dunlop sont ouverts à cette négociation.

  • mars - avril 2008

Les syndicats de l'usine Dunlop signent l'accord pour un passage aux 4x8. Pas le site de Goodyear. Le 29 avril 2008 : sans attendre le CCE extraordinaire du 13 mai, la direction de Goodyear-Dunlop confirme la suppression de 402 postes sur 1.400 sur le site Goodyear à Amiens Nord, ainsi qu’un investissement de 27,5 M€ sur le site de Dunlop d'Amiens Sud.

  • 18 novembre 2008

Le tribunal de Nanterre annule le plan social qui prévoyait la suppression de 402 emplois sur le site de l’usine Goodyear d’Amiens.

Le siège de Goodyear à Rueil-Malmaison © France 3 Picardie/Zohra Hamdane

  • 18 mars 2009

La direction française de GDTF annonce le retrait du plan de suppression de 402 emplois sur le site Amiens Nord, et annonce un PSE portant sur 1.000 emplois. « Il y a un risque sur l’activité de production de pneumatiques tourisme » déclare un représentant de Goodyear, tout en précisant que 1.000 salariés des 1.400 que compte le site relèvent de cette activité.

  • 26 mai 2009 

Goodyear a annoncé lors d’un CCE au siège du groupe le nouveau plan social, avec la suppression de 817 postes sur un total de 1.400 sur le site d'Amiens nord en fermant l'unité pneus tourisme. Le groupe envisage de céder en Europe l’activité pneus agricoles (500 personnes) appelée « Farm », une activité qu’il a déjà vendue aux États-Unis.

  • 28 août 2009

Le TGI de Nanterre suspend le plan de restructuration prévoyant 817 suppressions d’emplois après un recours déposé par le CCE et la CGT.

  • 29 juillet 2010

La direction propose dans le plan de départs volontaires une prime de 30.000 €, un congé de reclassement de 9 mois, une aide à la formation de 4.000 €... Propositions inférieures au PSE présenté il y a un an et demi d'après la CGT. Et propositions soumises au rachat par Titan de l'activité agraire.

  • 15 décembre 2010

La direction de Goodyear France annonce qu'un accord, d'un montant de 130 M$, a été signé avec Titan. Accord qui acte la vente de l'activité en Amérique latine et officialise une offre d'achat sur les activités européennes, parmi lesquelles l'usine d'Amiens Nord. Une offre qui reste conditionnée à la mise en place du plan social relatif aux pneus tourisme.

  • 26 octobre 2011

Le TGI de Nanterre suspend jusqu'à nouvel ordre le plan de restructuration, considérant que les informations sur la suite de l'activité une fois que Titan aura repris la production agraire ne sont pas assez précises et complètes.

  • 3 janvier 2012 

Réunion et reprise du dialogue entre la direction de Titan et les représentants CGT au ministère du travail. Le groupe Titan annonce qu'il renonce à réclamer la suppression de l'activité de pneus tourisme comme préalable à la reprise du site d'Amiens, mais n'est pas intéressé pour autant. Grand absent de cette réunion, le groupe Goodyear se dit satisfait de la reprise du dialogue mais reste déterminé à cesser l'activité tourisme.

  • 6 juin 2012

La direction confirme qu'elle abandonne le plan social concernant 817 postes, et qu'elle privilégie un plan de départs volontaires concernant dans un premier temps les séniors. Une victoire historique pour la CGT, plus de modération pour le CFE-CGC qui s'interroge sur l'activité tourisme.

  • 31 janvier 2013

En CCE à Rueil-Malmaison, la direction de Goodyear présente un projet de fermeture totale de l'usine, production de pneus tourisme et pneus agraire.



  • 19 février 2013

Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, reçoit de Maurice Taylor, PDG de Titan, une lettre « incroyable » selon Les Échos, justifiant son refus de reprendre l'usine amiénoise. La réponse est courte, mais Maurice Taylor « tire à vue » sur l’usine d’Amiens nord et l’attitude des syndicats.

  • 26 avril 2013

La direction de Goodyear rejette le projet de SCOP de la CGT. « Ce projet de scop n'est pas une solution de reprise viable des activités agricoles de Goodyear dans la zone Europe, Moyen-Orient et Afrique » , écrit-elle dans une lettre adressée aux salariés.

  • 21 octobre 2013 

Arnaud Montebourg annonce que Titan a fait une nouvelle offre de reprise partielle, qui concernerait l’activité de pneus agricoles et porte sur « 333 emplois sur le site d’Amiens dont le maintien sera garanti pendant quatre ans ». Titan International est prêt à investir « une centaine de millions de dollars, dont 40 millions minimum sur le site ». Cette proposition a été faite au gouvernement, et pas à Goodyear, qui a indiqué de son côté n'avoir « reçu aucune nouvelle offre », tandis que Maurice Taylor s'était refusé à confirmé les informations du ministre.

  • 1er novembre 2013

Dans un entretien accordé à lemonde.fr, Maurice Taylor demande le licenciement de l'ensemble des 1137 employés de l'usine d'Amiens avant d'en réembaucher 333. Il veut reprendre l’usine « avec zéro employé » pour réembaucher sur de nouvelles bases.

  • 6 janvier 2014

Deux jours après la réouverture de l’usine après une fermeture en fin d’année, la CGT change de stratégie : elle veut renégocier le plan social et pour ce faire retient le directeur des ressources humaines et le directeur de production du site. 

Avec Michel Dheilly, directeur du site de Good Year - Amiens; Franck Jurek, secrétaire adjoint CGT-Goodyear et Mickaël Wamen, Délégué CGT - Goodyear Amiens/Reportage de Matthieu Chouvellon, Aurélien Barège et Emilie Montcho

Réaction de Maurice Taylor sur Europe1 le lendemain : 

Aux USA, on appellerait ça un kidnapping. Ces gens seraient arrêtés et poursuivis (...) si Goodyear abandonne son plan et que quelqu'un veut racheter l'usine, il sera obligé de réembaucher tous ces gens, c'est complètement stupide.


Les deux cadres sont relâchés, après 30 heures de séquestration.


  • 22 janvier 2014

La CGT et la direction signent, à la préfecture d'Amiens, un protocole d'accord mettant un terme au conflit. Ce dénouement met fin à l'occupation du site, qui durait depuis le 7 janvier. Il implique également que la CGT se « désiste sans délai » des procédures judiciaires en cours contre Goodyear.

En contrepartie, la CGT a obtenu une amélioration « significative », selon la direction, des indemnités accordées aux 1.173 salariés concernés par la fermeture du site. Le syndicat assure avoir obtenu des montants « trois fois plus importants » que ce qui était prévu lors d'un plan de départs volontaires qui avait été proposé en 2012.

  •  4 février 2014,

500 lettres de licenciement ont été reçues par des salariés du site d'Amiens nord.

Récit Hamdane Zohra, montage Nicolas Duchet avec des images d'archives


  • 26 septembre 2014

Au matin, entre 300 et 400 ex-salariés bloquent  le rond point de la zone industrielle nord d'Amiens tôt le matin. Ils souhaitent la prolongation d'au moins 6 mois du plan de reclassement et interpellent sur la reprise de l'agraire.

  • 27 novembre 2014

La direction annonce qu'il n'y a aucun repreneur pour le site d'Amiens-Nord.




Le plan en 4X8

Ce plan du groupe, présenté en 2007, visait à augmenter la productivité de 25% :
. 52 M€ d’investissement pour produire des pneus de 15 à 18 pouces
. 450 postes supprimés en 3 ans, sans licenciement
. Passage à 4 équipes sur 8 jours au lieu de 5 (3 en semaine et 2 le week-end) : tout le monde travaillerait donc en semaine et le week-end, sur 39 heures. Le site amiénois fonctionnerait alors 350 jours/an au lieu de 326.
Les 4X8 consistent en une séquence de travail de 8 jours : 2 du matin, 2 d’après-midi, 2 du soir et 2 de repos, déplaçables dans la période + 3ème journée de repos intercalée à des endroits différents + RTT à prendre périodiquement.
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