Une enseignante poursuivie pour avoir accusé à tort son ex-compagnon du vol de 124 copies du bac finalement retrouvées intactes dans sa poubelle a été condamnée mercredi par la cour d'appel d'Amiens à deux mois de prison avec sursis pour "dénonciation calomnieuse".
La professeur de philosophie, qui exerçait dans deux lycées de Saint-Quentin (Aisne), a également été contrainte à verser 1 000 euros à son ancien compagnon en réparation de son préjudice moral. Elle a en revanche été relaxée pour le détournement des copies du bac, faute de preuves suffisantes.
Relaxée en première instance
En première instance, elle avait été relaxée par le tribunal correctionnel de Saint-Quentin, "au bénéfice du doute" pour les accusations d'abus de confiance et de dénonciation calomnieuse. Le parquet avait fait appel de cette décision. A l'annonce du jugement mercredi, son avocate, Me Stéphanie Cacheux, s'est dite "surprise", sans préciser si sa cliente allait porter l'affaire en cassation.
Condamnée à deux mois de prison avec sursis pour "dénonciation calomnieuse".
Lors de l'audience de première instance, le 20 janvier 2015, l'enseignante avait affirmé à la barre que son ancien compagnon, alcoolique et violent selon elle, lui avait volé les copies de l'épreuve de philosophie qu'elle devait corriger, pour lui extorquer de l'argent. Elle l'avait alors accusé d'avoir jeté les copies, ce qu'il avait nié. Au lendemain du vol, le 18 juin 2014, la prévenue alertait la police qui avait alors perquisitionné, sans succès, le domicile de l'homme qu'elle accusait et qui niait toute implication pendant sa garde à vue.
Les enquêteurs avaient ensuite fouillé le domicile de l'enseignante et retrouvé dans une poubelle individuelle posée devant l'entrée les copies intactes, qui avaient alors été redistribuées à d'autres examinateurs, sans conséquence pour les élèves. Sur le détournement des copies d'examen du baccalauréat, la cour n'a pu déterminer mercredi, comme en première instance, ni le degré d'implication de la professeur
ni, au vu des expertises psychiatriques, son degré de conscience, décidant de la relaxer sur ce point, au bénéfice du doute. "Aucun élément de la procédure ne permet d'impliquer Jean-Marc Picard dans les faits de détournement des copies, en dehors de sa mise en cause par la prévenue qui démontre elle-même, au travers des pièces versées à l'audience par son conseil et de ses propos tenus devant la cour, l'ambivalence de la position qu'elle adopte à son encontre et la quasi-pathologie de leurs relations", a déclaré le président de séance.