Les gardiens de bouddha veillent sur Noyelles. Figures anachroniques aux portes de la baie de Somme ? Pa svraiment : ces lions sont un cadeau venu de Chine, offert en mémoire des travailleurs enrôlés il y a cent ans.
En 1917, ces hommes débarquèrent dans le nord pour participer à l’effort de guerre. Le Chinese Labour Corps installa un de ses plus grands camps en Picardie.
Les quelques images conservées montrent les Chinois célébrant leur nouvel an au cœur du village. C’est un de leurs rares jours de congé, heureux et trompeur car l’armée britannique impose sa discipline au sein de ce camp de 30 hectares, accueillant 3000 hommes. Une prison et un bloc psychiatrique ont été installés. Il y a aussi un hôpital mais le terrain est marécageux : dysenteries, bronchites, tuberculose frappent les expatriés.
L’image est la même d’un camp à l’autre : les Chinois se rendent au travail, en colonne, encadrés par des militaires anglais. Des témoignages décrivent les gardiens armés de gourdins et des punitions sont fréquentes. Comme chez les Français, les enceintes sont fermées et gardées. Le contact avec la population est théoriquement interdit, mais à Noyelles, comme ailleurs, il y a des échanges. Les Chinois cultivent un potager et pratiquent le troc. "Ils raffolent des pommes", raconte un habitant.
La guerre terminée, les Chinois poursuivent leur contrat, participant au nettoyage du champ de bataille et à la reconstruction. L’Europe est alors ravagée par la grippe espagnole et le choléra frappe aussi le camp. des centaines de Célestes, comme les surnomment les Français, succombent. Ils sont enterrés dans ce cimetière. Sur leurs tombes, des épitaphes, comme celle-ci : « Une noble tâche accomplie avec bravoure ».
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