Portrait : Marine Le Pen, l'héritière qui part en campagne "au nom du peuple"

Partie en campagne "au nom du peuple" avant de revenir à ses fondamentaux sur l'immigration et la lutte antiterroriste, la patronne de l'extrême droite française, Marine Le Pen, rêve d'une victoire historique à la présidentielle, quinze ans après l'échec de son père.

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Marine, la benjamine des trois filles Le Pen, mère de trois enfants, deux fois divorcée et aujourd'hui en couple avec un des vice-présidents du parti, n'était pas destinée à la politique. Sa soeur Marie-Caroline devait à l'origine reprendre le flambeau d'un parti dominé pendant près de quarante ans par leur père.

Mais la vie politique tumultueuse du FN et les brouilles familiales ont ouvert la voie à cette avocate de formation au tempérament volcanique.

En mai 2002, elle apparaît sur les plateaux de télévision au soir du second tour de la présidentielle, remportée haut la main par Jacques Chirac, devant Jean-Marie Le Pen, et s'impose comme son héritière. 

Écarter les membres "borderline"


Pas facile d'être la fille de Jean-Marie Le Pen. "Le nom de Le Pen ne m'a apporté que des emmerdes", confie-t-elle à des amis dans les années 90, selon l'ouvrage La Politique malgré elle. La Jeunesse cachée de Marine Le Pen (éd. La Tengo, 2017). Après la défaite de son père en 2002, celle qui est à l'époque la directrice juridique du parti réalise que "notre plafond de verre, c’est la diabolisation" (Dans l’enfer de Montretout, Flammarion, 2017). 

Notre plafond de verre, c’est la diabolisation


Mais Marine a su tirer avantage de cet héritage parfois encombrant. Depuis son accession à la tête du FN en 2011, prenant la suite de son père avec lequel elle est désormais brouillée, cette battante a écarté les cadres les plus marqués, militants antisémites, nostalgiques de l'Algérie française - voire de la collaboration avec l'Allemagne nazie - ou catholiques intégristes.

Cette stratégie a payé : le parti est en progression constante à chaque élection. 

Communication Bleu Marine


Pour le logo du Front National, Marine Le Pen a troqué la flamme contre une rose bleue. Encore une fois, l'objectif est pour la présidente du parti de se débarasser du souvenir tumultueux de son père. Elle gomme ainsi son patronyme, devenu encombrant, sur les affiches.

Pour se débarasser de ces "mauvais souvenirs", Marine doit redoubler d'efforts. Pour dédiaboliser le parti, mais aussi son personnage, Mme Le Pen doit tenter de se donner un visage plus "humain".

Et pour cela, Karine Lemarchand l'a aidée. Dans son émission "Ambition intime", où la journaliste joue la carte de l'empathie (elle a été accusée de copiner avec ses invités), Marine Le Pen se confie sur son enfance difficile et l'éducation dure donnée par son père, la séparation douloureuse entre ses parents et tout ce qui a suivi. Un coup de com' réussi, où la présidente du FN parvient à susciter l'empathie du public. 
 


Une ambition intime - Marine Le Pen par tobbesmedieblogg


Le vote rural


La candidate du Front National, 48 ans, n'a pas réussi son pari d'arriver en tête du premier tour, devancée par le centriste Emmanuel Macron, qui est donné gagnant par les sondages. Elle avait été longtemps donnée favorite du premier tour par ces mêmes sondages, en capitalisant sur le ras-le-bol des "invisibles" confrontés au chômage et à la peur du déclassement ; et portée par une vague nationaliste en Europe.


Celle qui se décrit comme une "femme de caractère parfois abrupte" surfe sur le vote de rejet du monde rural. La poussée du FN se manifeste sur tout le territoire. D'abord dans ses bastions du bassin minier comme Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), ville conquise en 2014 (46,50%, contre 35,48% au premier tour de 2012) ou dans l'Aisne à Villers-Cotterêts, seconde municipalité frontiste de la région (34,26%). C'est dans ce dernier département que Marine Le Pen atteint son plus haut régional avec 35,67% des voix.  


Marine Le Pen fait également course en tête dans la Somme (30,37%), symbole d'une France en voie de désindustrialisation, par exemple avec la fermeture annoncée de Whirlpool à Amiens. Interrogés, les habitants disent se sentir délaissés et écoeurés par les partis traditionnels


Beaucoup d'agriculteurs rencontrés parlent de leur dégoût de l'Europe. Ça tombe bien, Marine Le Pen souhaite en finir avec l'euro et taxer les produits importés. Mais aussi sortir la France des accords de libre-circulation de Schengen, ou expulser les étrangers fichés pour radicalisation. "Je reçois les insultes à la France comme si elles m'étaient adressées directement", dit-elle dans son clip électoral qui joue sur le registre de l'intime.


Dans ses réunions publiques, ses paroles, bues par des partisans de tous âges et milieux sociaux, sont traditionnellement ponctuées par un slogan scandé à gorge déployée : "On est chez nous!". Un "cri de xénophobie", selon ses adversaires. "Un cri d'amour" pour la France, rétorque-t-elle. Plusieurs de ses meetings, où elle adopte volontiers une posture martiale et des tenues assorties au drapeau national, ont été émaillés de manifestations d'opposants, assorties de heurts avec la police.


"Candidate du peuple"


Pour le second tour, les politologues la prédisent toutefois battue le 7 mai, du fait d'un report insuffisant des voix. La fille du cofondateur du Front National en 1972, Jean-Marie Le Pen, a débuté en février sa campagne sur le "patriotisme" et la "préférence nationale", se présentant comme la "candidate du peuple" face à "la droite du fric, la gauche du fric", affirmait-elle en février, en ouverture de son discours aux Assises du Front national à Lyon. 

Si Mme Le Pen empoche sans aucun doute le vote populaire (moins un électeur gagne d'argent, plus il a tendance à voter Marine Le Pen), la candidate ne peut pas vraiment se revendiquer "du peuple". Malgré une enfance plutôt dure, elle n'a matériellement jamais manqué de rien. Marine Le Pen a grandi dans un grand appartement de la Villa Poirier, dans le 15e arrondissement de Paris, puis dans une demeure bourgeoise de Montretout, à Saint-Cloud (430 m2 habitables et aux 4 600 m2 de verdure).

Selon le livre La Politique malgré elle, leur père a hérité d'Hubert Lambert, en 1977, la somme de 30 millions de francs (soit l'équivalent d'environ 17 millions d'euros aujourd'hui, en prenant l'inflation en compte).

Une chose est sûre, c'est bien sur le vote populaire que compte Marine Le Pen, espérant harponner agriculteurs en colère, salariés victimes de la finance, précaires et chômeurs ainsi que tous les orphelins de Mélenchon, lequel refuse de donner une consigne de vote.

Selon les résultats du dernier sondage Cevipof/IPSOS/France 3Marine Le Pen obtiendrait 49,5% dans les Hauts-de-France cotre 41% au niveau national. Un score historique s'il se réalise...


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