Réforme des retraites : des cortèges toujours conséquents dans les Hauts-de-France pour cette 12ème journée de mobilisation

À la veille de l'arbitrage du Conseil constitutionnel sur la réforme des retraites, l'intersyndicale appelle à une 12ème journée d'action. Dans la région, plusieurs blocages et manifestations sont organisés. Et si la mobilisation s'essouffle légèrement par rapport à la semaine dernière, les cortèges restent conséquents dans la région.

Dans l’attente de la décision du Conseil constitutionnel qui doit se prononcer, vendredi 14 avril, sur la constitutionnalité du projet de réforme des retraites, les manifestants sont toujours mobilisés dans la rue dans le Nord-Pas-de-Calais comme en Picardie.

Pour cette 12ème journée de grève, dès 6h ce matin, des autoroutes ont été bloquées, ainsi que des ronds-points. Comme pour chaque journée de mobilisation contre la réforme des retraites, des premières manifestations ont eu lieu dans la matinée dans différentes villes de la région.

À Lille, la manifestation régionale s'est élancée à 14 h 30 depuis la Porte de Paris. Près de 40 000 manifestants pour les syndicats, 3800 selon la préfecture, ont arpenté les rues lilloises. Beaucoup ne lâchent rien et nombreux sont présents depuis la première manifestation, le 19 janvier 2023. "On ne voulait pas travailler plus longtemps. Avec cette réforme, je savais que la date de ma retraite allait être éloignée. Je n'étais pas d'accord", explique une manifestante, à deux doigts de la retraite. 

À Dunkerque, la manifestation a également eu lieu cet après-midi. Selon les estimations de la CGT, 3200 personnes, 1400 pour la police, ont défilé cet après-midi dans les rues de la cité de Jean Bart. "Ce qu'on voit c'est que la mobilisation reste forte, même un peu plus forte que la semaine dernière", décrit Christelle Veignie, secrétaire de l'union locale CGT de Dunkerque. "Demain c'est une étape importante avec la décision du conseil constitutionnel, il faudra savoir remobiliser les salariés ensuite en fonction de cette décision."

Demain c'est une étape importante avec la décision du conseil constitutionnel, il faudra savoir remobiliser les salariés ensuite en fonction de cette décision.

Christelle Veignie, secrétaire de l'union locale CGT de Dunkerque

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Le cortège s’est élancé dans les rues d’Amiens sur les coups de 14 heures. Il a été marqué par la forte présence des Rosies d'Amiens, militantes féministes. "Il est important de porter haut et fort les couleurs de ce mouvement, car cette réforme est une démonstration de cette Ve République à léser les femmes", Virginie Mallet, membre du mouvement. Selon les syndicats, ils étaient près de 4000 manifestants et 1500 selon la préfecture. 

Dans l'Aisne, à Laon, le chiffre de manifestants est en légère baisse dans les rues. Alors qu'ils étaient 300 lors de la dernière manifestation, 250 personnes se sont réunies dans la ville axonaise ce 13 avril. À Saint-Quentin, les manifestants ont été rejoints par les lycéens. Selon les syndicats, ils étaient 2000 à scander divers slogans et pancartes contre 1100 selon la police.

Dans l'Oise, le défilé compiégnois a réuni 1300 personnes selon les forces de l’ordre et 2000 pour les syndicats. Enfin, à Abbeville, les forces de l’ordre ont compté 680 personnes et 800 pour les syndicats dans le cortège.

Premières manifestations ce matin 

À Boulogne-sur-Mer, le cortège s'est élancé à 9h30 de la place Dalton pour rejoindre la sous-préfecture. Les cheminots y ont déposé symboliquement un morceau de rail ferroviaire, "pour faire dérailler la réforme".

Selon les syndicats, 2000 personnes se sont mobilisées ce matin dans la ville portuaire du Pas-de-Calais. 

À Arras aussi, la manifestation a débuté à 9h30 sur la place de la gare. Les manifestants ont bloqué momentanément le carrefour de l'entrée nord de la ville. Selon la CGT, plus de 5000 personnes ont défilé, contre 1400 selon la police. 

Des manifestants qui comptent bien avoir un impact sur la décision du Conseil constitutionnel : "nous espérons vivement être écoutés. La mobilisation est toujours aussi importante, donc on espère que le conseil constitutionnel sera en mesure d’entendre le peuple français", lance Nathalie Heuschling, membre de l’Unsa et professeure des écoles à Arras. 

La mobilisation est toujours aussi importante, donc on espère que le conseil constitutionnel sera en mesure d’entendre le peuple français. 

Nathalie Heuschling, membre de l’Unsa et professeure des écoles à Arras

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Michel Catalano, 66 ans, a aussi manifesté ce matin à Arras, mais il se montre un peu plus fataliste : "Le conseil constitutionnel aura son rôle à jouer mais je pense qu’il va voter en faveur de la loi. Donc c’est à Emmanuel Macron de revenir sur ses décisions et tenir compte de ce qui se passe dans le pays."

À Valenciennes, les organisateurs de la journée d'action annoncent 2000 manifestants. Tous les syndicats sont représentés dans le cortège, soutenus par des syndicalistes venus de Belgique.  

Blocage sur l'A2 à Valenciennes à l'aube

Un peu plus tôt à Valenciennes, dès 6h, une cinquantaine de militants de la CFDT Métallurgie ont bloqué l'autoroute A2 à hauteur de Valenciennes dans le sens Bruxelles-Paris, juste avant la sortie Valenciennes.

"En bloquant l’autoroute, ça perturbe forcément un peu l’économie. Le but c’est qu’on parle de nous", explique Benoît Mercier, secrétaire général de la CFDT Métallurgie dans le Valenciennois. 

Les manifestants ont maintenu leur action pendant près de deux heures. Le blocage s'est progressivement transformé en barrage filtrant, créant des embouteillages jusqu'à la frontière belge.

À l'arrivée des policiers sur place, les militants ont mis fin à ce blocage dans le calme. 

Barrage filtrant et caisse de grève à Amiens-Nord

Une intersyndicale, toujours sur le pied de guerre à Amiens Nord, a donné rendez-vous aux militants ce matin au rond-point du centre commercial. Une centaine de personnes organisent, depuis 7h30, un barrage filtrant avec une caisse de grève. "Les gens donnent facilement par solidarité avec les manifestants. Nous avons plus de soutien qu’en faisant des blocages de véhicules. Quand on voit tant de soutien, on ne peut pas s’arrêter là", explique Fabrice Villain, secrétaire FO de l’union départementale de la Somme.

Malgré la fatigue et les pertes de salaire dues aux grèves, les manifestants tiennent bon. "Le relais des grévistes est efficace. Les caisses de grève permettent de faire tampon mais ça ne compense pas à 100%. Malgré tout, nous maintenons les actions et la mobilisation va se poursuivre sous d’autres formes. Le mot d’ordre est le même : on tient contre cette réforme des retraites", rappelle Marion Brusadelli, secrétaire générale de l’union locale CGT d’Amiens.

Le relais des grévistes est efficace. Les caisses de grève permettent de faire tampon mais ça ne compense pas à 100%. Malgré tout, nous maintenons les actions et la mobilisation va se poursuivre sous d’autres formes. Le mot d’ordre est le même : on tient contre cette réforme des retraites

Marion Brusadelli, secrétaire de l'union locale CGT d'Amiens

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Des étudiants mobilisés

Des militants FO, CGT, CFDT mais aussi des étudiants de l’UPJV sont venus prêter main forte, avec des revendications supplémentaires : "Les étudiants sont toujours aussi motivés et on va continuer même après la réforme des retraites. On ne peut pas laisser passer l’abandon du repas à un euro, l’augmentation de l’impôt étudiant, la réforme de la bourse étudiante. Nous sommes de plus en plus nombreux dans la rue. Avec le 49.3, les étudiants ont pris conscience du problème de démocratie en France", constate Flavie Quilan, de l’UNEF Amiens Picardie.

Les syndicats étudiants organisent des actions en marge des manifestations. Ce jeudi 13 avril à midi, à la citadelle, un repas solidaire est offert à tous les étudiants. "Cela permet aussi aux étudiants qui ont du mal à manger de venir partager un repas et de nous suivre à la manifestation cet après-midi. On devrait être plus de 800 étudiants, comme au dernier défilé", ajoute Flavie Quilan.

Rares sont les gens qui refusent nos tracts. La réaction majoritaire, c’est le soutien. Et notre colère est toujours là

Dominique Reitzman, Union locale FO d’Abbeville

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De l’avis des militants qui distribuent les tracts, la mobilisation est toujours aussi soutenue par la population. Au carrefour de Saint-Riquier, près d’Abbeville, où une trentaine de manifestants bloquent le rond-point une partie de la journée, la mobilisation ne faiblit pas. "L’intersyndicale et les manifestants sont toujours aussi combattifs. On est loin de l’image qu'Elisabeth Borne veut donner du mouvement, soi-disant en convalescence et humilié. Rares sont les gens qui refusent nos tracts. La réaction majoritaire, c’est le soutien. Et notre colère est toujours là", indique Dominique Reitzman, de l’union locale FO d’Abbeville.

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