Le premier tour des régionales en Hauts-de-France récompense la stratégie de Xavier Bertrand et donne une claque au Rassemblement national. Si la gauche sera présente au second tour, le parti présidentiel lui est éliminé. Principaux enseignements d'un scrutin marqué par une abstention record.
Historique. Le taux d’abstention au premier tour des élections régionales et départementales dans les Hauts-de-France atteint ce soir 67% selon les estimations de l’institut de sondage Ipsos/Sopra Steria.
Premier enseignement face à ce résultat, les candidats sont obligés de reconnaitre un échec collectif. Et si personne n’a gagné ce dimanche en dehors de l’abstention, les responsables politiques semblent pourtant dans l’impossibilité d’apporter des solutions.
Les appels à la mobilisation se sont bien multipliés tout au long de la soirée électorale mais alors que Xavier Bertrand invite la majorité des habitants des Hauts-de-France à se rassembler autour de lui, Sébastien Chenu exhorte lui ses électeurs à aller voter dimanche 27 juin pour sa liste. Rien ne change. L’un comme l’autre rejettent la faute de cette situation sur le gouvernement qui aurait tout fait pour brouiller ces élections plusieurs fois reportées.
Karima Delli avance bien une explication : la nationalisation du débat par ses principaux adversaires. Les électeurs ne se reconnaitraient plus dans le personnel politique, bien trop éloigné de leurs préoccupations quotidiennes. La candidate peut néanmoins être satisfaite d’avoir réussi l’union de la gauche en Hauts-de-France. Sa campagne lui permet d’être présente au second tour, et surtout de se maintenir. En 2015, le parti socialiste avait choisi de se retirer au nom du front républicain pour faire barrage à Marine Le Pen.
Xavier Bertrand conforté dans sa double campagne
Autre enseignement, les électeurs sont ainsi restés insensibles à la venue des ministres du gouvernement : ni Gérald Darmanin, ni surtout la présence du très médiatique garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti, dans la campagne aux côtés de Laurent Pietraszewski n’ont permis au parti présidentiel de se maintenir au second tour et de jouer les faiseurs de roi dans la région.
Dimanche prochain, fidèle à mes valeurs et à mon engagement républicain, je voterai pour @xavierbertrand. J’appelle tous ceux qui m’ont soutenu au premier tour à faire de même.
— Laurent Pietraszewski (@pietraszewski_l) June 20, 2021
En dehors de l’abstention, le principal enseignement à retenir concerne la stratégie de Xavier Bertrand. Il voulait créer une dynamique autour de sa candidature en région pour espérer rassembler la droite à la présidentielle. C’est gagné ! Avec une notoriété largement au-dessus de ses adversaires, il bénéficie à plein de la prime au sortant et peut d’ores et déjà poursuivre sa double campagne.
Enfin c’est surement dans le camp du Rassemblement national que la claque est la plus violente. Avec 24,4% des suffrages et malgré son ancrage régional, Sébastien Chenu n’a pas réussi à faire trembler le président sortant. Un échec alors qu’il s’était employé pendant la campagne à se glisser dans la peau d’un candidat "normal" poursuivant ainsi la dédiabolisation de son parti.