On pourrait dire que ce n'est pas un anniversaire heureux et pourtant les 30 ans des Restos du coeur marquent aussi 30 ans de solidarité auprès de bénéficiaires toujours plus nombreux.
Dans le Nord Pas-de-Calais, les Restos du Coeur, c'est près de 2 100 centres et plus de 130 millions de repas distribués en un hiver. La campagne 2015 est maintenant lancée. Ce lundi matin, nos journalistes Laura Lévy et Sébastien Gurak étaient au dépôt de Raismes auprès de bénévoles en ordre de bataille pour le lancement de la nouvelle campagne.
Nous nous sommes également intéressés à l'entrepôt de Vendin-le-Vieil, cible d'un violent incendie l'an dernier. Un incendie accidentel qui a obligé tout le monde à se réorganiser sur place. Désormais implanté à Dainville, le nouveau dépôt est l'un des plus grands de France avec une logistique digne de la grande distribution.
Cette 31e campagne est lancée dans un contexte de sécurité renforcée deux semaines après les attentats. L'association avait d'ailleurs dû suspendre pendant quatre jours la distribution de repas chauds dans les rues de Paris avec ses camions, en raison de l'interdiction de rassemblement décidée au lendemain des tueries.
Lors de cette campagne, les Restos vont distribuer au moins 128 millions de repas jusqu'en mars à près d'un million de personnes démunies, au sein de leurs 2.111 centres qui ouvriront quotidiennement. Le reste de l'année, le dispositif est allégé et recentré sur les plus précaires. Atteindront-ils, comme à l'hiver 2013-2014, le record d'un million de bénéficiaires ?
L'année dernière, ils avaient culminé à 950.000 personnes. Bien loin des 70 000 personnes accueillies en 1985, lors de la création des Restos par Coluche. Pour subvenir aux besoins des plus démunis, les Restos s'appuient sur un réseau de 69.200 bénévoles, "la principale force sur laquelle repose notre action", souligne Olivier Berthe, le président.
Recherche bénévoles
"Le rempart contre la barbarie, c'est le lien humain. L'engagement associatif en fait partie", martèle-t-il. "Mais plus on avance, moins il devient facile de s'engager, parce qu'il y a des contraintes administratives, des règlements. On peine à recruter les plus jeunes et les actifs, et à trouver des bénévoles qui acceptent de prendre des responsabilités", note-t-il, demandant aux pouvoirs publics des mesures pour encourager et faciliter le bénévolat et "simplifier la vie associative".
Avec plus de 93 millions d'euros en 2014-2015, les dons et legs représentent toujours près de la moitié des ressources de l'association, qui s'appuie également sur les recettes générées par les concerts des Enfoirés et les subventions. Elle recherche aussi de nouvelles ressources, notamment des dons en nature, qui permettent également de lutter contre le gaspillage alimentaire, rappelle M. Berthe.
Les Restos mais pas que...
Après avoir obtenu que la loi Coluche sur les exonérations fiscales soit étendue aux dons des producteurs de lait (7 millions de litres de lait récoltés l'an dernier) et d'oeufs, ainsi qu'aux fruits et légumes retirés du marché et transformés, les Restos réclament désormais d'"aller jusqu'au bout", en l'élargissant au secteur de la viande et des céréales. Outre le combat pour l'aide alimentaire, les Restos ont développé depuis 30 ans leur palettes d'actions : Restos bébé du coeur, aide à l'hébergement et au logement, cours de français, atelier d'insertion, etc.