Londres a annoncé son intention de reprendre le contrôle exclusif de ses droits de pêche près de ses côtes, une disposition conforme au Brexit. Une décision qui pourrait pénaliser très sérieusement la Côte d'Opale si elle venait à se concrétiser.
Le Royaume-Uni va-t-il la jouer perso jusqu'au bout ? Dimanche 2 juillet, les britanniques ont annoncé leur souhait de quitter la Convention de Londres sur la pêche, datée de 1964. "Pour la première fois en 50 ans, nous allons pouvoir décider qui peut avoir accès à nos eaux." a vanté le ministre de l'Environnement britannique, Michael Gove."Il va y avoir un problème"
Si les pêcheurs britanniques ont salué la décision, leurs homologues français froncent le nez.Philippe Nowé, représentant syndical CGT des artisans pêcheurs, résume les inquiétudes de ses collègues : "On ne sait encore rien, mais c’est sûr que c’est une crainte, que le Royaume-Uni récupère ses eaux. On a beaucoup de bateaux chez eux. Boulogne, par exemple bénéficie beaucoup de ce droit de pêche. La problématique, c’est qu’on risque une baisse de 50% du chiffre d’affaire. Il va y avoir un problème de cohabitation avec ceux qui travaillent déjà dans les eaux françaises, ça va faire énormément de pression sur une seule zone."
Zone qui est d'ailleurs déjà assez restreinte, selon ce pêcheur professionnel : "Ce n’est pas grand la zone de Dunkerque et de Boulogne, hein ! Le détroit de Boulogne, c’est vingt-quatre milles (unité de mesure nautique, environ 44 km ndlr). Si les britanniques reprennent douze milles, ça va être très compliqué. On travaille déjà dans la zone belge, s’il faut aller jusqu’aux Pays-Bas, ça commence à faire loin pour nous !"
L'argument économique
Si Philippe Nowé estime que les pêcheurs du Nord seront les plus lésés, il ne veut pas croire que le Royaume-Uni puisse entièrement leur tourner le dos. "On pense tous qu’il y aura un accord, ils ne vont pas rester avec leurs poissons sur les bras, ils nous en expédient beaucoup. Parce que s’ils reprennent la totalité de leurs eaux, on n’ira pas acheter leurs poissons non plus !"Un argument qui peut porter, quand on sait que la France est le premier importateur de produits de la mer fournis par le Royaume-Uni dans toute l'Union Européenne. En 2015, les importations équivalaient à 507 millions d'euros. Et si les britanniques ne négocient pas, ils s'exposent à payer des droits de douane à hauteur de 24%.
Soutien régional
Le Comité national des pêches maritimes et des élevages marins (CNPMEM) a publié un communiqué pour assurer de sa vigilance sur le sujet. Les marins pêcheurs de la Côte d'Opale, eux, comptent sur le soutien des forces régionales pour faire entendre leur voix."Bruxelles a déjà travaillé là-dessus, il y a eu des réunions avec le comité national. La période d’élections est passée, on va pouvoir de nouveau rencontrer nos députés. Avec Paul Christophe par exemple (député de la 14e circonscription du Nord ndlr), on travaille très bien." assure Philippe Nowé.