L'ex-petite amie de Salah Abdeslam, l'un des suspects des attentats de Paris toujours en fuite, a accordé une longue interview au magazine belge Knack.
Le magazine Knack l'appelle Wardah, mais il s'agit d'un prénom d'emprunt. Elle est d'origine marocaine et vit à Molenbeek dans l'agglomération bruxelloise. C'est là qu'elle a rencontré son ex-petit ami, Salah Abdeslam. Un amour d'adolescence qu'elle dit avoir vu pour la dernière fois le 10 novembre, trois jours avant les attentats de Paris. "Quand nous sommes allés dîner ensemble le 10 novembre, je voyais bien que ça ne tournait pas rond", raconte-t-elle dans l'interview. "Il n’avait pas très faim, il semblait malheureux mais me disait de ne pas m’en faire, que tout allait bien. Nous avons parlé de notre avenir et du mariage. Je lui ai dit que ça m’inquiétait quand il disparaissait parfois sans crier gare, et qu’il ne faisait rien pour retrouver un boulot fixe. J’ai commencé à pleurer. Lui aussi. Il m’a dit que s’il ne parvenait pas à m’épouser dans cette vie, on se marierait au paradis."
Le lendemain, Salah Abdeslam la contacte par téléphone pour lui dire qu'il a changé de portable et qu'il compte partir avec son frère, Brahim (celui qui s'est fait exploser au Comptoir Voltaire le soir des attentats). Fin 2014, il avait tenté de la convaincre d'aller en Syrie. Sans succès. "ll était convaincu que nous devions déménager, que ce serait mieux pour un couple marié, que nos enfants auraient un avenir meilleur". Puis il s'est absenté de plus en plus souvent. "Il me disait qu’il était en Ardenne, ou bien en France. Mais je n’étais pas dupe. Après les attentats, en regardant une émission d’investigation sur leurs préparatifs, j’ai subitement tout compris. Un vrai coup de massue !"
Abdelhamid Abaaoud "avait une mauvaise influence sur lui"
"Wardah" connaissait aussi Abdelhamid Abaaoud, l'un des membres du commando terroriste du 13 novembre, tué quelques jours plus tard dans l'assaut de Saint-Denis. "J’en voulais beaucoup à Abdelhamid du fait que Salah faisait moins attention à moi. Je pense qu’il avait une mauvaise influence sur lui. Il me semble que Abdelhamid n’avait de respect pour personne", explique-t-elle. Elle raconte qu'elle a visionné avec Salah Abdeslam la fameuse vidéo de propagande de "Daech" où on voit Abaaoud tracter des cadavres avec une voiture en Syrie. "Il semblait choqué, même si je pense que maintenant il faisait semblant. Il a dit que ce n'était pas son problème, que chacun d'entre eux avait choisi sa propre voie. Plus tard, je compris qu'ils avaient des contacts et qu'Abdelhamid essayait de le persuader de descendre vers la Syrie".La jeune femme raconte que ses parents ont extrêmement mal réagi quand ils ont su que Salah Abdeslam était impliqué dans les attentats de Paris. "Je préfère qu’il s’abstienne de me contacter", déclare-t-elle aujourdhui. "Je ne saurais pas quoi lui dire. Pour moi, il n’y a plus rien entre nous. Je romps officiellement nos fiançailles. Je veux passer à autre chose.". "Pourquoi ? Pourquoi ? Oh, Salah, pourquoi ? On aurait pu construire une belle vie ensemble. Ce n’était pas ton rêve, quand tu as pris ma main pour la première fois ?", lui adresse-t-elle pendant l'interview. "Ton amour pour moi n’était-il pas plus fort que la haine en toi ? J’ai honte pour toi ! Peu importe ton implication dans les attentats. Pense aux victimes de Paris ! Pense à leurs familles ! Tu m’as fort blessée. Tu as fait honte à nos familles. Je n’ai plus rien à te dire, à part ceci : sache que je vais commencer une nouvelle vie, et que tu n’y as pas ta place".
A la question "Voulez-vous lui conseiller de se rendre ?", elle répond : "Je crois qu'il préfère mourir".