Un lycée d'Abbeville se mobilise face au PTC, drogue de synthèse responsable de plusieurs malaises

Une réunion d'information sur le PTC, nouvelle drogue de synthèse, est organisée le 30 mai au lycée Boucher de Perthes d'Abbeville. L'établissement souhaite sensibiliser les élèves au danger de ce puissant stupéfiant, consommable dans des cigarettes électroniques et à l'origine de six malaises de jeunes scolarisés dans l'établissement.

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Il avoue être encore sonné. "Quand je suis arrivé vers lui, il était en convulsion. Par peur, j'ai essayé de tout faire pour l'aider, raconte un élève du lycée Jacques-Boucher de Perthes d'Abbeville qui a porté secours, la semaine dernière, à un camarade en détresse. Quand il est arrivé, le docteur a dit qu'il aurait pu y laisser sa vie, à cinq minutes près."

En une dizaine de jours en mai, six lycéens de cet établissement abbevillois ont été victimes de malaises. Ces lycéens auraient tous consommé une drogue de synthèse baptisée PTC - pour "pète ton crâne - substance d'autant plus discrète qu'elle peut être fumée dans une cigarette électronique.

"Le début de cette affaire s'est manifesté par des élèves présentant des troubles de l'équilibre, puisque le premier élève qu'on a pris en charge a dévissé dans les escaliers," raconte le proviseur Guy-Roger Meitinger.

Puis d'autres malaises ont suivi. "Ils les amenaient tous à perdre l'équilibre, en grande situation de détresse. Les personnels ont mené l'enquête et, petit bout par petit bout, il est devenu évident qu'un produit stupéfiant avait été absorbé, en l'occurence du Buddha Blue [autre nom du PTC, ndlr]."

Un phénomène de mode

Suite à cette série inquiétante de malaises, l'établissement abbevillois organise mercredi 30 mai une réunion de prévention à destination des élèves. Elle est conduite par l'association amiénoise Le Mail, spécialisée dans la prise en charge des personnes en situation d'addiction aux stupéfiants.

L'académie d'Amiens est touchée par ce phénomène au même titre que d'autres académies en métropole. Le proviseur du lycée Boucher de Perthes d'Abbeville avait reçu à l'automne 2022 une note d'information de la part du rectorat, l'alertant de la circulation récente dans les établissements des Hauts-de-France d'une nouvelle drogue de synthèse appelée PTC ou encore Buddha Blue.

"Nous n'avons pas eu d'autres alertes récemment au sujet du Buddha Blue dans l'académie. Cela ne veut pas dire qu'il ne se passe rien ailleurs, mais nous n'avons pas reçu de signalement en ce sens," souligne le rectorat.

Un cannabis de synthèse

Mardi 16 mai, quatre premiers adolescents du lycée Boucher de Perthes consommateurs de PTC ont été pris en charge par les urgences de l'hôpital d'Abbeville.

Ils souffraient de nausées, de vomissements et de vertiges, mais d'aucun trouble neurologique ou cardiaque grave. Ils sont rentrés chez eux après quelques heures. Hier [le 23 mai, ndlr], on a reçu deux autres jeunes mais dans une phase plus avancée, avec de l'agitation, des hallucinations, de l'agressivité. Ils ont reconnu avoir consommé le produit depuis une semaine.

Dr. Michel Kfoury

Chef des urgences de l’hôpital d’Abbeville (Somme)

"Nous, on se contente de traiter les conséquences, puisqu'on ignore ce que contient ce produit. Le diagnostic est réalisé sur l'interrogatoire, puisqu'ils nous disent ce qu'ils ont consommé. En dehors de ça, on fait une prise de sang standard, qui ne nous permet pas de détecter le produit, qui est très spécialisé et qui nécessite l'intervention de laboratoires toxiques."

Sorte de cannabis de synthèse, qui se présente sous forme de poudre ou de liquide, inodore et incolore, le PTC se révèle plus stimulant que cette plante qu'il imite, avec une montée et une redescente très violentes. Inhalée par cigarette électronique, ce qui empêche le jeune de doser sa consommation, la sustance peut avoir des effets euphorisants voire hallucinatoires dans la minute. En vente sur internet, ces fioles ont un succès auprès des adolescents en raison notamment de son petit prix (une dizaine d'euros).

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