À 38 ans, le Picard Aurélien Froidure a enfin réalisé son rêve : participer à La Grande Odyssée, une course de chiens de traîneau en dix étapes, en plein cœur de la Savoie. Sur la route du retour, il nous raconte son expérience, le partage avec ses chiens et les moments d'émotion.
Fatigué mais heureux. Hier encore, Aurélien Froidure affrontait avec ses chiens les températures négatives des Alpes savoyardes, lors de la dernière étape de La Grande Odyssée. Ce jeudi 21 janvier, il rentre en Picardie retrouver ses proches et célébrer sa performance en famille avec l'énergie qui lui reste. L'achèvement de douze jours de course et d'une préparation de plusieurs mois.
Félicitations des vétérinaires
"C'est un rêve de longue date que j'ai pu réaliser et je ressens beaucoup de fierté, se réjouit le Picard de 38 ans. Pour moi, pour l'équipe et surtout pour les chiens." Un rêve caressé il y a près de huit ans quand Aurélien Froidure, qui réside à Englebelmer, commence à s'intéresser au mushing, un mode de transport originaire du Grand Nord élevé en discipline sportive, qui met à l'honneur les chiens de traîneau.
Ce sont les chiens qui font tout, qui décident. Nous on est juste derrière mais si ils ne veulent plus avancer, c'est fini.
Aujourd'hui, il est enfin venu à bout de la prestigieuse Grande Odyssée - plus de 400 kilomètres en dix étapes tout de même - s'offrant au passage une septième place au classement général. "L'objectif, c'était de finir avec mes huit chiens en pleine forme, explique-t-il. On a fait une très belle course et on a même reçu les félicitations des vétérinaires." Ce qui, pour le musher, signifie plus que n'importe quel podium.
Premiers flocons de la saison
Pourtant, rien n'était gagné. Quand à 50 kilomètres du départ de Picardie, le camion d'Aurélien Froidure tombe en panne, il se voit déjà rentrer bredouille. Quelques réparations plus tard, celui qui s'entraîne depuis septembre sur les terres rarement enneigées du nord de la Picardie, parvient à reprendre la route et se présente au départ, le 9 janvier. "Les trois premiers jours ont été un peu compliqués, se souvient-il, parce que les chiens n'avaient pas vu la neige de la saison et que les appuis sont différents."
Mais alors qu'il égrène les kilomètres sur les pistes de montagne, les automatismes reviennent et le musher arrache même une quatrième place sur la dernière étape de la compétition, la plus compliquée parce qu'elle s'étale sur deux jours avec une nuit de bivouac en altitude par -6°C. L'ultime effort pour une arrivée qui se mérite.
La nuit en pleine montagne était magnifique, même si j'ai peu dormi à cause du froid et du bruit, et les derniers moments ont été super émouvants. Surtout que c'était la dernière course pour Zora, une de mes chiennes.
Mais la véritable consécration a déjà eu lieu. À la fin de la quatrième étape, il se voit décerner le "Best Dog Care", une récompense attribuée chaque jour par l'équipe de vétérinaires au musher qui prodigue les meilleurs soins à ses chiens tout en réalisant une bonne performance. "J'ai été très agréablement surpris parce que d'habitude, c'est pour les têtes d'affiche, explique-t-il. Moi, ça me faisait autant rêver que de finir la course."
Former la relève
Désormais, auprès de sa famille qui l'a soutenu pendant toute la durée de l'épreuve, l'heure est à la fête et au repos. Pas pour longtemps toutefois : "Dimanche on va aller faire un petit décrassage, projette-t-il. Et puis on finira la saison avec des entraînements tranquilles." Pour former la relève aussi : deux chiots fraîchement débarqués pour remplacer Zora, bientôt retraitée.
Quand on lui demande s'il reprendra les rênes pour la Grande Odyssée l'an prochain, Aurélien hésite. Maintenant qu'il a atteint son objectif premier, il s'intéresse à d'autres défis. Peut-être la Vercors Quest, le Lekkarod ou encore la Spain Long Distance. "Pourquoi pas faire le tour des autres courses et revenir à la Grande Odyssée pour voir si je peux faire mieux ?" s'interroge-t-il. C'est tout le bien qu'on lui souhaite.