Aurélien Froidure, un Picard mordu de chiens de traîneau à l'assaut de La Grande Odyssée

Depuis bientôt dix ans, Aurélien Froidure accumule les kilomètres aux rênes de ses huit chiens pour réaliser son rêve. Pour la première fois cette année, il disputera l'intégralité de La Grande Odyssée, le graal français des courses de traîneaux. Portrait d'un passionné.

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Un kart - non motorisé - tracté par huit chiens en vadrouille dans les environs d'Englebelmer, dans la Somme : vous ne rêvez pas, c'est Aurélien Froidure qui s'entraîne pour la reprise de la saison de mushing. Ce mode de transport originaire des plaines enneigées du Grand Nord s'exerce aujourd'hui en compétition jusqu'en France.
 

Le rêve de La Grande Odyssée

Une passion dans laquelle le musher de 38 ans est tombé en 2012, au moment où il acquiert son premier Alaskan Husky, venu tout droit de Norvège. "Je suis attiré par les pays nordiques depuis tout petit, se souvient Aurélien Froidure. Mon père a vécu six ans au Canada et il nous racontait souvent ses histoires."

Il s'essaie tout d'abord au Cani VTT, puis se lance dans la randonnée avec un deuxième chien. Aujourd'hui, il est inscrit à La Grande Odyssée Savoie Mont Blanc, l'une des courses, si ce n'est la plus prestigieuse du circuit en France. Un rêve qu'il n'aurait jamais cru réalisable en 2014, quand il s'équipe pour la première fois.
  

Entraînement de longue haleine

Car le challenge est de taille : dix étapes de 32 km, en moyenne, pour un dénivelé positif de 11 400 km. Aucun jour de repos et une dernière étape en deux jours avec bivouac en pleine nature. Le tout du 9 au 20 janvier, à une saison où les températures alpines sont peu clémentes. Autant dire qu'une préparation sérieuse s'impose pour tenir la distance.

"J'ai repris l'entraînement il y a trois semaines, explique Aurélien Froidure. Il faut arriver là-bas avec 1500 km dans les pattes pour bien faire." En été, il fait trop chaud pour ses huit chiens, plus accoutumés aux climats rigoureux de l'hiver. Pour simuler les côtes, difficiles à trouver dans ce coin-là de l'hexagone, il leste son attelage avec des poids.
  

Une passion chronophage et coûteuse

Ça, c'est pour ses coéquipiers à quatre pattes. De son côté, le sportif qui opère en tant que contrôleur qualité chez Stelia, à Albert, a arrêté de fumer et entamé une préparation sportive composée de course à pied, VTT et musculation. De quoi l'occuper quasiment tous les soirs de la semaine. "Je me garde le mercredi pour ne rien faire", sourit-il.

Une passion exigeante pour ce père de deux enfants qui a construit un chenil dans son jardin afin d'abriter sa meute. "Ma femme suit ça de loin, reconnaît-il. C'est très chronophage mais ça se passe bien entre la famille et les chiens." C'est justement après un épisode familial difficile à gérer qu'il s'est pris de passion pour cette discipline. Comme un refuge, ou une échappatoire, admet-il.

Surtout qu'en plus de l'investissement en temps, il y a l'investissement financier. Entre les inscriptions aux compétitions (600 euros pour la seule Grande Odyssée), les frais de déplacement, l'achat de matériel et les frais vétérinaire pour les chiens de traîneau, le musher estime le coût d'une saison à 5 000 euros. Une somme conséquente qui a poussé Aurélien Froidure, qui recherche actuellement des sponsors, à lancer un crowdfunding sur une suggestion des deux amis qui l'accompagnent sur ses déplacements.
  

Déjà deux participations

En janvier 2019, il participe pour la première fois à La Grande Odyssée, où il ne dispute qu'une version réduite et termine cinquième sur sept participants. Une première réussite pour Aurélien Froidure, qui ne va pas dans les Alpes pour chercher la gagne. "On avait eu une galère pour se rendre sur le départ et on a débarqué à peine dix minutes avant le début de la course."

L'année suivante, il est le premier à s'élancer, non sans émotion, et décroche la troisième place. "J'ai été tiré au sort pour partir en premier et quand on entend la musique de La Grande Odyssée, c'est quelque chose de très fort", se souvient-il.

Pour la 16e édition, en janvier 2021, c'est à la course entière qu'il s'attaque, pour la première fois. Avec une seule ambition : aller au bout. "J'espère prendre un maximum de plaisir", assure-t-il. D'ici là, on pourra l'apercevoir sur plusieurs compétitions, "histoire de revoir la neige", comme il dit, avant le grand baptême de janvier.
 
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