Le 30 juin, Airbus a annoncé la suppression d’environ 15000 postes, dont 5000 en France suite à la crise du Covid-19. Dans les Hauts-de-France, les responsables politiques s’attendent à de graves conséquences sur cette filière qui emploie plus de 10 000 personnes.
"On parle de guerre contre le virus, mais pour moi, il y a maintenant une guerre à mener contre le chômage". Interviewé sur France Bleu Nord ce mercredi 1er juillet, le président de la région Hauts-de-France ne cache pas son inquiétude suite aux annonces d’Airbus.
Le géant de l’aéronautique a annoncé la suppression de 11% de ses effectifs, dont près de 5000 postes en France pour faire face à la crise sans précédent subie par le secteur du transport aérien à cause du Covid-19.
Airbus veut supprimer environ 15.000 postes, les syndicats sous le choc #AFP @Claire_Mrnd pic.twitter.com/jIsZKCuXMu
— Agence France-Presse (@afpfr) July 1, 2020
Terre historique de l’aéronautique, la région Hauts-de-France comptabilise 160 entreprises de ce secteur et plus de 10 200 emplois directs … qui pourraient être directement touchés par ces suppressions de postes. "L’onde de choc sera terrible pour les familles concernées, reconnaît Stéphane Demilly, député (UDI) de la Somme. Il ne faut pas oublier aussi tous les emplois indirects qui seront touchés : les commerçants, les hôteliers, les restaurateurs et même l’aéroport d’Albert !"
Des centaines d'emplois menacés
De son côté, le président de la région Hauts-de-France prédit un avenir difficile pour les sous-traitants de l’aéronautique. "Il y aura forcément des conséquences dans la région, admet-il au micro de France Bleu Nord. Vous aurez des sous-traitants qui auront moins de boulot. Il y aura moins d’avions commandés par les compagnies, moins de commandes d’Airbus, moins de commandes à Stelia et donc moins de commandes aux sous-traitants". Selon le député de la Somme, plus d’une centaine d’intérimaires employés par Stelia Aérospace à Méaulte seraient déjà sur la sellette. "À cause de la crise du transport, Stelia n’assemble plus que 40 pointes d’avions par mois au lieu de 60 auparavant" ajoute le représentant de la cinquième circonscription de la Somme, où est implanté le sous-traitant d’Airbus.
Pour éviter le crash, les deux hommes politiques proposent ainsi d’encourager la diversification des salariés de l’aéronautique : "On se dit que dans le ferroviaire, on ne va pas manquer de boulot. Est-ce qu’il n’y a pas des salariés de l’aéronautique, qui pendant un certain temps, pourraient bosser dans le ferroviaire via un système de prêt de main d’œuvre ? En tout cas, il faut tout faire pour qu’ils ne se retrouvent pas sur le carreau ou alors qu’on leur trouve une activité dans une autre branche".
Le président de la Région compte aussi inciter l’Etat à commander rapidement des avions Rafale à Dassault : "ça fera du boulot pour toute la chaîne".
Préserver les compétences
À court terme, la sauvegarde des emplois du secteur, notamment grâce au chômage partiel semble être la priorité. À long-terme, la pérennisation de ces compétences pourraient aussi sauver tout la filière dans la région. "Il faut absolument préserver les emplois et les compétences en attendant que l’activité redémarre. Car si on perd les compétences des salariés qui sont licenciés et que les sous-traitants disparaissent, quand l’activité va redémarrer, les grandes entreprises iront chercher des compétences en externe et dans des pays dits 'low cost'. Et ça m’inquiète beaucoup" reconnaît le député.
Après avoir rencontré les sous-traitants majeurs du secteur aéronautique, les deux responsables politiques devraient rencontrer d’autres entreprises spécialisées la semaine prochaine, afin de s’assurer que le plus grand nombre puisse maintenir les emplois grâce au dispositif de chômage partiel.
"Malgré tout, on a quelques petits rayons de soleil, conclut Stéphane Demilly. Le projet de fret aérien à l’aéroport d’Albert devrait se concrétiser d’ici 2021 et il pourra générer des centaines d’emplois dans la logistique aérienne".