À Amiens, Anne-Marie a vécu "un miracle" : elle a recouvré la vue grâce à un don de cornée

Malvoyante d'un oeil, Anne-Marie peut à nouveau jouir plainement de la vision grâce à un don de cornée, prélevée sur un donneur décédé. Nous l'avons suivie l'Amiénoise pendant le processus, dans le cadre de la journée "tous donneurs, tous receveurs" organisée par les réseaux France 3 et France Bleu.

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Postée devant la fenêtre de sa chambre d'hôpital, Anne-Marie est soucieuse. "C'est un gros risque quand même, c'est pile ou face. Mais si je retrouve la vue, c'est quand même important !" confie la dame vêtue d'une blouse.

La vue d'Anne-Marie oscille entre nuit et brouillard : il faut imaginer qu'elle observe la vie au dehors à travers un verre opaque. Son oeil gauche malade, qui ne voit presque plus, la fait souffrir. "Je distingue les couleurs, mais pas les déplacements des gens dans les couloirs en bas. Là je vois avec l'oeil droit, mais si je le cache je ne vois plus rien", décrit-elle.
 

La possibilité d'une opération

Alors lorsque le médecin lui a annoncé que seule une greffe lui rendrait la vue, elle a versé une larme. Au bout d'un an, l'hôpital d'Amiens lui annonçait qu'une cornée était disponible. "La cornée, c'est la pellicule transparente autour de l'iris [la partie colorée d'un oeil, NDLR]. Lorsqu'on a besoin d'une greffe, c'est qu'elle n'est plus transparente ou qu'elle est déformée, ​explique à l'aide d'une maquette Benjamin Jamy, chef du service d'ophtalmologie au CHU d'Amiens. On va venir retirer la partie centrale de cette cornée devenue opaque. On la change en y mettant le greffon à la place."

Ce précieux greffon attend Anne-Marie au bloc opératoire, au fond d'une solution liquide. "C'est un greffon prélevé au centre hospitalier du Havre, souligne Nadine, infirmière au bloc, en parcourant le dossier du donneur. La date du prélèvement a été effectuée le 25 avril et il a été réalisé post mortem. Y figure aussi l'âge du donneur."
 

Sur la table d'opération

La patiente est endormie localement et l'opération peut débuter. Après avoir retiré la partie malade, la greffe commence sous microscope. Les onze petits millimètres de diamètre de cornée du donneur sont manipulés avec précaution.

 

"On réalise en moyenne par an une cinquantaine de greffes au CHU d'Amiens, estime le docteur Jamy. On a de bons résultats : les greffes de tissus comme la cornée ont un potentiel de rejet beaucoup moins important que les greffes d'organes. C'est une opération lourde et qu'il faut accepter psychologiquement, mais les gens acceptent car le bénéfice est vraiment intéressant. On arrive à redonner la vue grâce à la cornée d'une personne décédée".
 

Donner sa cornée n'est pas donner son regard

Obtenir une cornée est une chance, car il arrive à la Banque de tissus de ne plus en dispose assez, comme en 2018. Les réticences quant au don demeure : on se souvient de la polémique où, en 1992, deux parents amiénois avaient accepté de donner les d'organes de leur fils mort dans un accident avant d'apprendre que ses cornées avaient été prélevées. Ils avaient alors porté plainte contre le CHU d'Amiens, pretextant qu'on avait altéré le regard de leur progéniture.

"On a toujours cette idée que l'oeil, le regard, sont les prolongements de l'âme. Lorsqu'on retire les yeux, les proches pensent que la personne décédée perd quelque chose. Il faut savoir qu'on ne retire pas l'oeil lors d'un prélèvement de cornée comme c'était le cas autrefois, mais bien seulement cette partie transparente de l'oeil. Le reste, la couleur des yeux notamment, reste en place," rappelle Benjamin Jamy. Chacun peut refuser le prélèvement de cornées en l'indiquant sur le registre national de l'Agence de biomédecine.
 

Un nouveau départ

Anne-Marie a passé 45 minutes sur la table d'opération. La patiente sortira de l'hôpital le lendemain et retrouvera l'acuité visuelle au bout de quelques semaines. Comme pour Philippe, greffé il y a un an. Aujourd'hui, il est comblé. "Ça me permet de vivre à nouveau comme avant. Lorsque je me suis réveillé, j'ai dû rester allongé six heures sur le dos, dans une pièce noire. À un moment donné j'ai ouvert les yeux, et j'ai sourit : je venais d'apercevoir le soleil par le coin de la fenêtre. Ce petit rayon de soleil, je me suis dit que c'était un clin d'oeil de la personne qui m'a fait ce don."

Il ne s'écoule pas une journée sans que Philippe et les autres pensent à leurs donneurs respectifs. Leurs dons sont un cadeau précieux auquel ils tiennent comme à la prunelle de leurs yeux.

► Le 22 juin, c'est la journée nationale du don d'organes et de tissus
► Si vous avez des questions relatives au don d'organes, n'hésitez pas à vous rendre sur le site dondorganes.fr.
 

Notre reportage à Amiens (Somme)


 
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