Les supporters de l'Amiens SC ne cachent pas leur colère face aux résultats médiocres de leur club depuis plusieurs mois. Pour exprimer leur mécontentement, ils ont fait une grève des encouragements lors du match à domicile face à Rodez... qui s'est soldé par une défaite.
"Absent comme votre ambition" : le public amiénois a affiché son état d'esprit sur une banderole géante lors du match contre Rodez ce 18 mars. Excédés de voir leur club cumuler les défaites et les matchs nuls, les supporters ont choisi de faire une grève des encouragements. C'est donc dans une ambiance de tension et de lourd silence que la rencontre s'est déroulée.
Le kop Tribune Nord l'avait annoncé dans un communiqué choc. "Les échecs successifs de l'Amiens SC résultent d'une incompétence flagrante de son équipe dirigeante", peut-on lire. D'après le collectif de supporters, la faute revient avant tout au président du club Bernard Joannin, mais aussi à des "joueurs capables du meilleur... mais surtout du pire" et à un "coach à bout de souffle."
Une banderole adressée au coach
Face à Rodez on pouvait d'ailleurs lire une autre banderole, directement adressée à Philippe Hinschberger : "PH : merci et surtout au revoir".
Lors de la conférence de presse d'après match, l'entraîneur assure qu'il comprend l'amertume des supporters. "Je suis ciblé, c'est tout à fait logique. Les gens ne sont pas contents, ils s'en prennent à l'entraîneur, a-t-il déclaré. Je ne leur en veux pas du tout, j'ai juste envie de leur montrer qu'on peut faire autre chose." Et d'ajouter : "Ce n'est pas du tout ça qui me hante ce soir, ce qui m'énerve c'est qu'on n'arrive pas à trouver la solution pour gagner un match".
Ce match contre l'équipe ruthénoise n'aura pas permis de réconcilier les supporters avec leur équipe. "Si on peut appeler ça un match", ironise Julien Galiani, supporter de l'Amiens SC depuis des années. Si lui estime que le coach n'est pas responsable de la débâcle, il a du mal à digérer cette nouvelle défaite (1-3). "On a perdu notre âme de braqueurs, déplore-t-il. On avait réussi l'exploit de monter en ligue 1, ça va être difficile d'y revenir."
"Les autres clubs prennent des points, et nous on prend du retard"
Il regrette le manque de cohérence dans les choix de l'équipe dirigeante. "Peut-être qu'il faudrait vendre le club ou faire une passation de pouvoir, je ne sais pas. On a des joueurs qui partent à la fin de l'année, des contrats qui ne seront peut-être pas renouvelés... Il faut garder la charnière et arrêter de renouveler l'équipe de A à Z tous les ans ! On en veut vraiment au recrutement. On avait de très bons joueurs du centre de formation, comme Henri Dupays qui est désormais à Boulogne, regrette-t-il. Pourquoi aller chercher des joueurs n'importe où, qui vont être bloqués pour des raisons administratives, qui ne vont pas pouvoir jouer pendant des semaines, ou des joueurs qui sont blessés ? Ils nous faut des joueurs prêts à jouer tout de suite, parce que pendant ce temps, les autres clubs prennent des points, et nous, on prend du retard."
Boris, l'administrateur de la page Facebook "Braquage à l'Amiénoise", y voit lui aussi un enchaînement de mauvaises décisions. "Chaque acteur a sa part de responsabilité. L'équipe dirigeante a manqué son mercato d'hiver et a affaibli l'équipe plutôt que de la renforcer, estime-t-il. Les supporters l'ont en travers de la gorge car l'équipe était partie sur de bonnes bases. Malheureusement, ces erreurs sont régulières au cours des dernières années. "
En ce qui concerne les joueurs, ils ont baissé les bras progressivement et n'arrivent pas à se remobiliser. Le discours du coach, résigné et défaitiste, ne semble plus passer. On aurait sans doute préféré qu'il agisse en meneur d'hommes et trouve des solutions plutôt que de pointer les défaillances de façon fataliste
Boris, supporter et administrateur de "Braquage à l'Amiénoise"
"On est là dans le malheur comme dans la gloire"
Si la montée en ligue 1 n'est plus qu'un doux rêve, le club doit désormais s'assurer le maintien en ligue 2. Actuellement 11e du classement avec 37 points, l'Amiens SC a encore dix matchs à jouer. Julien et les autres continueront de venir au stade, mais le plaisir n'est plus au rendez-vous. "On sait que quand on supporte une équipe, on est là dans le malheur comme dans la gloire. On sera toujours là, pour l'amour du maillot. J'ai qu'une hâte, c'est que les dix matchs se passent, que tout le monde parte en vacances et qu'on reprenne avec un nouveau système. Et j'espère que le coach restera, je ne lui en veux pas, en plus il est très accessible et toujours sympa avec les supporters."
Le coach, lui, assure qu'il ne perd pas espoir. "Il faut rester hermétique et être dans le travail, préparer le match de Grenoble. Avoir peur ça ne sert à rien, au contraire j'aimerais bien qu'on ait un peu moins peur, et qu'on trouve un peu plus de plaisir", a-t-il assuré.
La prochaine rencontre aura lieu le 1er avril à Grenoble.