Une enfant autiste et sa mère contraintes de quitter un spectacle au cirque d'Amiens

La maman d'une enfant autiste de 10 ans raconte avoir été expulsée avec sa fille d'un spectacle au Cirque d'Amiens. Des spectateurs se seraient plaints que Sarah manifeste trop bruyamment son enthousiasme.


C'est sur son mur Facebook qu'Alexandra raconte avec tristesse ce qui s'est passé ce soir du 21 mars au cirque d'Amiens. Avec sa fille autiste de 10 ans, Sarah, elle assiste au spectacle Corpus Mentalus de la compagnie Les nouveaux nez au cirque d'Amiens. Un cadre de santé de l'hôpital de jour La grande ourse où Sarah est prise en charge a pu avoir des places pour les enfants. "Le Cirque savait qu'il allait y avoir des enfants handicapés les soirs des deux représentations puisqu'une représentante du Cirque d'Amiens est venue dans la structure les rencontrer" quelques jours plus tôt.

"Sarah accroche, elle rit, elle interagit, elle vit le spectacle"


Sur le trajet jusqu'au Cirque, Alexandra fait en sorte que Sarah appréhende bien la situation et ce qui va se passer dans la soirée. "Quand on est arrivées, il y avait du monde qui attendait devant les portes du Cirque et Sarah n'a pas fait de crise : il n'y avait aucun trouble du comportement", explique la maman. Pour éviter que l'attente ne soit une source d'angoisse pour sa fille et donc d'agitation, elle entre dans la salle quelques minutes à peine avant le début du spectacle

Alexandra demande alors à un membre de l'équipe de sécurité si elle peut s'installer au premier rang avec Sarah pour "ne gêner personne". Ce qui lui est accordé.

"Le spectacle commence et de suite Sarah accroche, elle rit, elle interagit, elle vit le spectacle ! L’ambiance lui plaît beaucoup ! Très vite moi aussi je me détend et tout comme Sarah je suis plongée dans un univers de rires, de gags et de poésie. Nous rions nous nous amusons beaucoup. Au bout d’une heure de spectacle, Sarah se lève, mais pas de panique ni de cris, tout va pour le mieux et la magie du cirque opère toujours si ce n’est que Sarah a juste besoin d’être debout." Cela fait en effet une heure qu'elle est assise à la même place. Une situation difficile pour elle.

"Nous attirions trop le regard des autres spectateurs"


Alexandra se met debout à l'écart avec Sarah. L'employé de sécurité qui les avait installées au début de la représentation vient s'assurer que tout va bien. La maman lui explique pourquoi elle s'est placée à cet endroit. Le pompier comprend et accepte qu'elle et Sarah restent là, à la seule condition, évidente, que Sarah ne s'approche pas de la piste. La petite fille continue à apprécier ce qu'elle voit et à manifester sa joie.

"Et c’est là qu’une autre personne vient nous demander de quitter le spectacle !!! Pour se justifier, elle m’a dit que nous attirions trop le regard des autres spectateurs et que nous dérangions les artistes sur scène !!!"

Alexandra raconte qu'elle a beau expliquer que Sarah est autiste, rien n'y fait : elle doit quitter la salle avec sa fille.

"Sarah ne s'est rendue compte de rien"


Dans le hall, elle s'explique avec des membres de la direction du Cirque qui lui disent qu'ils n'étaient pas au courant que des enfants handicapés étaient invités à ce spectacle. Parmi ces personnes, "il y avait la dame qui avait rencontré les enfants à La grande ourse !! Ils ne peuvent pas dire qu'ils ne savaient pas !! "

Alexandra est donc repartie chez elle avant la fin de la représentation, amère et en colère. "Je ne pouvais pas me permettre d'exploser devant Sarah : elle aurait senti la situation de détresse et je ne voulais pas. Mais croyez-moi, j'en avais envie", avoue-t-elle.

Sarah, elle, ne s'est rendue compte de rien. Elle était heureuse de cette soirée : "au moins, elle est restée sur le sentiment positif et le bonheur que lui a apporté le spectacle".

"Nous n'avons jamais demandé à cette maman de quitter la salle"

Contacté, le Cirque d'Amiens a rejeté ces accusations : "c'est une question de sécurité qui a motivé notre intervention. La petite était très près de la piste et ne voulait pas s'asseoir, explique Célia Deliau, la directrice. Mais nous n'avons jamais demandé à cette maman de quitter la salle avec sa fille. C'est elle qui a pris cette décision".

Célia Deliau rappelle que depuis 2ans, le Cirque Jules Verne mène des actions conjointes avec l'hôpital Pinel (dont dépend la Grande ourse où Sarah est prise en charge) en direction des patients que ce soit des enfants, des ados ou des adultes". "Nous avons l'habitude de gérer ce public. Du bruit, lors des représentations, il y a toujours. Mais dans ce cas précis, c'est vrai que les autres spectateurs étaient plus focalisés sur la petite fille que sur la représentation. Si c'est pour qu'après, ils viennent nous dire qu'ils auraient aimé voir le spectacle dans de bonnes conditions...."

Célia Deliau assure qu'Alexandra va être rapidement contactée pour que lui soit proposé des places gratuites à d'autres spectacles.

Suite à la publication de notre article, le Cirque Jules Verne a tenu à répondre sur sa page Facebook. Dans ce message, la direction confirme le motif de sécurité et se défend de toute discrimination. Elle précise que "la présence de Sarah si proche de la piste ne permettait pas d’assurer sa sécurité, celle des artistes et le bon déroulement du spectacle. Nous avons demandé à la mère de Sarah de s’éloigner du bord de la piste, sans pour autant lui demander de quitter la salle. Nous comprenons par sa réaction que notre intervention n’a pas été comprise. (...) Nous sommes désolés que notre intervention ait été vécue ainsi. Nous avons agi avec Sarah comme nous l’aurions fait avec n’importe quel autre spectateur."



A lire aussi : Les baobabs, le blog sur l'autisme de France 3.

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