Particuliers, artisans, élus... : à Amiens notamment, tout le monde semble un peu responsable des décharges illégales.
Les dépôts sauvages de déchets et les décharges illégales font régulièrement l'actualité. Régulièrement aussi, des élus font parler d'eux en partant au front contre ces incivilités. Mais les coupables sont partout : du particulier pollueur, à la collectivité peu regardante, en passant par certains artisans.
Voir notre reportage sur la chaîne YouTube de France 3 Hauts-de-France.
Quand les maires font justice eux-même
A Tilloy-lès-Conty (Somme), il y a 18 mois, la mairie s'était émue d'un dépôt sauvage de pneus. Mais la justice avait classé l'affaire sans suite.
Alors quand aujourd'hui, de nouveaux déchets sont réapparus dans la commune, le maire Nicolas Portois a changé de stratégie. Il a posté des photos des méfaits sur Facebook, en fixant un ultimatum : deux jours pour tout débarrasser. Résultat : la publication a été partagée plus de 4000 fois et le coupable s'est exécuté.
Le maire n'était pas obligé d'utiliser cette méthode, car il connaissait le nom du pollueur. Il explique : "C'était pour marquer l’esprit des gens et que ce soit un peu éducatif".
Petit arrangement entre professionnels
Parfois ce sont les professionnels, les artisans, qui ne respectent pas les règles. A Amiens Nord, la route menant à la déchetterie est bordée de tonnes de déchets. Même au plus près de la décharge. Mais les professionnels sont limités à 2m3 de déchets par an. Alors quand ça déborde, ça déborde aux abords de la déchetterie.
Le pire, c'est que les salariés ne sont pas très regardants : "On les laisse (faire)", confient-ils.
Cachez ce que je ne saurais voir
A Amiens Nord, toujours, la métropole reste propriétaire d'un ancien site d'enfouissement de 50 mètres de profondeur. Il n'a jamais été dépollué : l'opération coûterait plusieurs millions d'euros. Et à la surface, le terrain est toujours utilisé pour y jeter des tonnes de déchets, sur une vingtaine d’hectares.
Nous l'avons constaté : les déchets sont déversés par des camions des services municipaux. Autre constatation dérangeante : aucun panneau indicateur n'est présent à l'entrée du site.
Après plusieurs semaines sans nous répondre, la mairie a décidé de clôturer le lieu, qui était libre d'accès depuis des mois. Elle a délivré une version officielle de la situation : le terrain est une zone de transit, les matériels inertes doivent repartir plus tard, et la métropole arrêtera d'exploiter les lieux d'ici deux ans.
Que fera-t-on alors des tonnes de déchets enfouis ? De la possible pollution des nappes phréatiques ? Le sujet ne semble pas être la priorité du moment.