Avec l'ouverture d'un nouvel entrepôt à Boves (Somme), le géant américain de la distribution promet d'employer des centaines de personnes dans les années à venir. Mais au sein des espaces de stockage d'Amazon, les conditions de travail sont loin d'être idylliques.
Chercher, scanner et empaqueter sans répit. Derrière les 500 CDI promis par Amazon à l'occasion de la récente ouverture de son entrepôt d'Amiens-Boves (Somme) se cachent des conditions de travail bien moins roses que ce que dépeignent les campagnes de communication du géant américain de la vente sur Internet.
"Quand on travaille chez Amazon, on est en réalité un être humain piloté par ordinateur", affirme Jean-Baptiste Malet, auteur d'un livre-enquête, "En Amazonie - Infiltré dans "le meilleur des mondes"". Le journaliste y décrit un rythme de travail effréné, où chaque geste doit être rationalisé.
Déshydratation et troubles musculosquelettiques
Des observations corroborées sur le site de Douai (Nord), qui peut compter jusqu'à 3 000 employés. "Si dans la journée vous êtes allé aux toilettes, si vous avez pris un verre d'eau ou que vous ne pouvez pas justifier un temps d'arrêt, vous recevez une lettre de sensibilisation", soutient Gérald Defauquet, délégué CGT sur le site.
Ces constants rappels à l'ordre ne sont pas sans conséquence. D'après un rapport de la médecine du travail de l'un des cinq entrepôts français du groupe, les employés souffriraient chroniquement de tensions musculaires liées au stress et de déshydratation. Un salarié sur cinq serait même atteint de troubles musculosquelettiques (TMS).
Des CDI de courte durée
Certains salariés semblent s'accommoder des cadences, d'autres abandonnent rapidement leur emploi. A l'image de cette ancienne employée de Douai, qui a lâché l'éponge après un mois seulement de formation. "Je veux bien faire des concessions, soutient-elle, avoir un petit salaire, des horaires décalés... Mais pas au détriment de ma santé."
Difficile pourtant de savoir combien de salariés sont concernés. Depuis trois ans, même les syndicats n'ont plus accès aux chiffres des inaptitudes et des licenciements. Reste que le turn-over est important. Les effectifs des entrepôts sont très fluctuants et peuvent aller jusqu'à tripler pendant la période des fêtes de fin d'année.
Ce recrutement, Amazon l'assure avec la promesse de CDI payés 23% de plus que le SMIC. Les personnes ainsi embauchées ne restent pourtant que deux ans et demi en moyenne.
La visite d'Emmanuel Macron chez Amazon, le 3 octobre :