En juillet dernier, la fédération de handball et la commission nationale de contrôle et de gestion (CNCG) ont annoncé la relégation des Pirates du club Amiens Picardie Handball (APH) de Nationale 1 en Nationale 2 pour mauvaise gestion financière. Un coup dur pour les joueurs qui viennent de l'apprendre.
Les joueurs débutent la saison le moral dans les chaussettes. Arrivés en deuxième position de la Nationale 1 au dernier championnat de France, ils viennent d’apprendre leur relégation en Nationale 2. Ce ne sont pas leurs compétences sportives qui sont en cause, mais les finances du club.
Suite au non-respect du plan d’apurement (plan d’échelonnement de paiements) concernant des pertes financières et un contrôle fiscal, la fédération de handball et la commission nationale de compte de gestion (CNCG) ont donné un avis de rétrogradation de l'équipe masculine des Pirates en championnat de France de Nationale 2 pour la saison 2023/2024.
L’APH a fait appel en présentant à la commission un budget prévisionnel, un plan d’engagements financiers et le soutien solide des partenaires notamment institutionnels (Amiens Métropole, le conseil département de la Somme et la Région). Mais les deux instances sportives ont maintenu leur décision initiale, estimant que le club ne justifiait pas de garanties financières assez solides pour être maintenu en Nationale 1, et ce, malgré l’intervention du président de la ligue des Hauts-de-France en faveur du club.
Une situation cachée par les dirigeants qui a de lourdes conséquences
C’est en juillet dernier que la commission nationale de compte de gestion (CNCG) rendait son verdict défavorable quant à l’évolution de l’APH en nationale 1. Mais le bureau du club n’a rendu public cette information que le 2 septembre sur sa page Facebook.
Le choix des dirigeants a été de ne pas communiquer tout de suite à l’ensemble des joueurs. C’était peut-être une erreur, car quand les joueurs ont appris la nouvelle, ils se sont sentis biaisés, comme si on leur avait caché quelque chose.
Julien Richard, entraineur d'Amiens Picardie Handball
"On a reçu le verdict de la CNCG et la Fédération une semaine avant la reprise du championnat. Ces joueurs n’auraient peut-être pas signé avec le club s’ils avaient su que c’était pour la Nationale 2. La Nationale 1 est beaucoup plus valorisante, car c'est l’antichambre du professionnalisme. Cette nouvelle nous a abattus", explique Julien Richard, l’entraineur du club Amiens Picardie Handball.
Du côté des joueurs, même constat. Certains affichent leur déception, notamment pour les sportifs fraichement arrivés ainsi que pour ceux qui ont re-signé. "On a pris un sacré coup derrière la tête avec cette annonce très tardive, se désole Roman Scattolari, capitaine et joueur professionnel aux Pirates de l’APH. Ce n’est plus le sportif qui est en jeu, mais l’administratif. Nous les joueurs, on a toujours fait notre travail et essayé de gagner le maximum de matches."
Des financeurs stupéfaits face au manque de transparence des dirigeants du club
C’est en compulsant la presse locale que Guillaume Duflot, vice-président à Amiens Métropole a appris la relégation et les difficultés financières du club. Partenaire depuis 2014, la Métropole subventionne le club à hauteur de 170 000 €. Elle a également financé la rénovation du gymnase du Coliseum pour cette discipline et entretenu tous les équipements.
Très attaché à l’APH et à la solidité sportive des Pirates, Guillaume Duflot fait remarquer que le handball se tient en 3e position des sports les plus attractifs en termes de public dans la métropole. Et il regrette le manque de communication et de clarté du bureau : "Alors qu’on le soutient depuis un certain nombre d’années, je suis déçu que le club ne soit pas venu nous voir rapidement quand il a appris la menace de relégation. Après la déception, il y a toujours malgré tout une volonté de continuer de soutenir un club qui est très bon sportivement. Mais il va falloir qu’on revoit le partenariat face à ce manque de concertation et de clarté", réagit-il.
Entre entraineurs et dirigeants, la tension est palpable
Embarrassé, Dominique Pingaud, le président du club, attend beaucoup du conseil d’administration extraordinaire organisé la semaine prochaine. Une rencontre avec un commissaire aux comptes a également été prévue. Pour le moment, toutes les pistes sont envisagées pour redonner un souffle financier au club, mais rien n’est encore concrétisé, comme le constate Dominique Pingaud : "On va devoir faire des coupes au niveau du VIP ou au niveau des joueurs... ou peut-être diminuer la masse salariale... je ne sais pas, on va voir… ou alors trouver des nouveaux partenaires. Il nous faudrait au moins 100 000€ de plus de financement." Joueurs et entraineurs ne cachent désormais plus leur colère lorsque le président fait acte de présence sur le bord du terrain.
Vainqueurs de leur premier match de la saison face à l’ES Falaisienne Calvados (32-36), les Pirates restent solidaires sur le terrain pour éviter le naufrage. "La nouvelle est clairement dans les têtes. On l’a senti dans les débuts de notre première rencontre en championnat ce weekend, mais a contrario, on a fait une super deuxième mi-temps où les joueurs ont réussi à se remobiliser. Notre état d’esprit est touché, mais il reste solide. Aussi bien les joueurs que nous, entraineurs, on va tout faire pour se donner sur le terrain", affirme Julien Richard.
Le prochain match aura lieu le 16 septembre au Coliseum, où l’APH affrontera Rueil-Malmaison.