Manifestation du 28 mars : féministes en bleu de travail, les Rosies d'Amiens plus que jamais mobilisées contre la réforme des retraites

Mardi 28 mars, 10e acte de la mobilisation contre la réforme des retraites. À Amiens, les Rosies animent le cortège avec leurs chorégraphies et chansons. Présentes depuis janvier à chaque manifestation, ces féministes vêtues de bleu de travail militent pour leurs droits et contre une réforme jugée inégalitaire.

Il est 13 h 30, mardi 28 mars, peu de temps avant le début du rassemblement amiénois contre la réforme des retraites. À la Bourse du travail, alors que les syndicats se préparent à cette 10e journée de mobilisation, une dizaine de femmes s’échauffent dans une salle annexe. D’abord, le cou, puis les bras et les cuisses avant de se lancer dans la répétition de chorégraphies et de chants militants.

Ces femmes, ce sont les Rosies. Depuis janvier, elles sont présentes à chaque mobilisation contre la réforme des retraites et animent de leur bonne humeur les cortèges. À Paris, Marseille, mais aussi à Angers, Toulon…  Ces féministes partagent leurs revendications à travers des chorégraphies et des chansons militantes entrainantes.

Le collectif féministe issu d’Attac, s’est formé à Paris en 2019, au moment du premier projet de réforme des retraites d'Emmanuel Macron, finalement abandonné en raison de la crise Covid. "À Amiens, en 2019, on était déjà quelques-unes, mais on était moins nombreuses et le mouvement avait duré moins longtemps, explique Marie Lemay, membre des Rosies, travailleuse associative dans la culture et militante au Planning familial 80 (qui soutient matériellement le collectif). "On était alors une quinzaine", ajoute-t-elle.

Un look inspiré d’un symbole du féminisme

Vêtues de bleu de travail et d’un foulard rouge à pois blancs, il est difficile de passer à côté. Un look qui n’est pas anodin, il est inspiré de "Rosie la riveteuse", une icône populaire américaine que l’on connait par l’affiche de propagande signée J. Howard Miller, "We Can Do It !" ("On peut le faire !"). Réappropriée par les féministes, Rosie symbolise les 6 millions de travailleuses qui ont remplacé les hommes dans les usines d’armement aux Etats-Unis pendant la Seconde Guerre mondiale.

"Ce bleu de travail, il est très important pour nous. Ça crée une cohésion entre nous et ça symbolise aussi toutes les inégalités salariales que subissent les femmes dans le travail et qui font que l’on va être les grandes perdantes de cette réforme des retraites", expose Marie Lemay. "La situation des femmes va empirer. On est déjà moins bien payées que les hommes et ça a déjà une conséquence sur nos retraites".

Un collectif amiénois qui accroit 

14 h, les Rosies rejoignent la Maison de la culture, lieu de départ du cortège amiénois. Les rangs du collectif se gonflent : elles sont désormais une trentaine, de tous âges, de toute profession : "Il y a des éducatrices, des enseignantes, des travailleuses associatives, des mères au foyer, des retraitées, c’est intergénérationnel", se réjouit Marie Lemay.

Depuis janvier 2023, le collectif amiénois accroit au fur et à mesure des mobilisations. "Aujourd’hui, on est entre 20 et 30 sur les manifs, mais au total, on est une cinquantaine de Rosies".

C’est vraiment un collectif autogéré qui promeut la liberté et l’autonomie de chacune et qui est complètement informel.

Marie Lemay, membre des Rosies d'Amiens

"Il est temps d’aller danser, c’est notre façon de manifester !", "Nous sommes fières, nous sommes fières et féministes et radicales et en colère !", "Women on fire, ils ne seront pas de taille !", scandent-elles, reprenant des chansons populaires comme YMCA des Village People ou Freed From Desire de Gala.

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"On en veut pas !", les Rosies d'Amiens animent la manifestation ©FTV/Sylvia Bouhadra

Le tout dans un esprit festif. "La joie, c’est ce qui fait qu’on est une cinquantaine aujourd’hui. La joie de se retrouver entre femmes. Parce que finalement il n’y a pas tant d’espace dans la vie où l’on peut se retrouver entre femmes. Et quand c’est le cas il se passe quelque chose de magique beau et puissant, sourit Marie Lemay, et puis on est pas mal à en avoir marre des manifs en mode cortège funéraire !"

Une garderie militante

Lors de ces deux dernières mobilisations, les Rosies d’Amiens ont aussi mis en place une garderie militante pour les parents qui souhaitent manifester sans leurs enfants. "On commençait à sentir à l’avant-dernière manif, que les mamans hésitaient à venir alors qu’elles étaient en grève, car les enfants n’allaient pas à l’école. Du coup, on s’est dit qu’il fallait trouver une solution", détaille Marianne, éducatrice et membre des Rosies. "Ça permet aux parents de venir en manif tout en gardant les enfants en sécurité".

Les enfants sont gardés par deux membres du collectif. "On est hors du cadre légal classique, tout est basé sur la confiance et les enfants jouent avec des jeux non genrés !", poursuit Marianne.

"On ne lâche rien"

15 h, les Rosies sont au cœur du cortège amiénois. Toujours aussi motivées et de bonne humeur. Malgré le passage en force de la réforme des retraites, elles ne comptent rien lâcher et seront présentes aux prochaines manifestations.

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Les Rosies amiénoises sont motivées. ©FTV/Sylvia Bouhadra

"On ne lâche rien, on est plusieurs à avoir vécues le CPE en 2006. On a déjà vécues une mobilisation qui a mené au retrait d’une loi déjà adoptée. Fortes de ce passif-là, on n’a pas envie de lâcher et on continue, car on ressent aussi un soutien populaire, des femmes, mais aussi de toutes les catégories", conclut Marie Lemay.

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