Patryce Hvs Jr., photographe-explorateur urbain originaire d'Amiens : "je veux sauver le patrimoine français"

Depuis une quinzaine d'années, Patryce Hvs Jr. explore des lieux abandonnés et immortalise ses découvertes avec son appareil photo. Il partage ensuite ses clichés et ses vidéos sur les réseaux sociaux avec sa communauté de passionnés d'urbex.

"L'urbex est une pratique qui consiste à visiter des lieux construits par l'homme, mais à ce jour abandonnés. Elle est dangereuse et interdite ne le reproduisez pas ! Ne volez pas, ne dégradez rien, si le spot est fermé, rebroussez chemin."

L'avertissement en tête de sa page Facebook est clair : avec Patryce Hvs Jr., l'exploration urbaine n'autorise pas tout et le patrimoine se respecte.

Des petites ruines abandonnées

Depuis une quinzaine d'années, l'Amiénois est ce qu'on appelle un urbexeur. "Je visite des petites ruines, des petites maisons, des manoirs ou des sanatoriums abandonnés. Au début, c'était des balades entre amis et j'ai commencé à prendre des photos. Je filme depuis deux ans."

Patryce Hvs Jr. ne rentre jamais par effraction dans les lieux visités, comme l'église présentée dans sa dernière vidéo : "Je suis passé devant par hasard, la porte était ouverte et cassée. J'ai prévenu la mairie. Je suis repassé, ça a été réparé".

J'aime voir ces lieux figés dans le temps. C'est souvent un retour dans les années 1970 ou 1980.

Patryce Hvs Jr., urbexeur

Toujours habillé d'une veste et d'un pantalon solides et de chaussures de sécurité, il déambule avec curiosité dans des salles ou des couloirs souvent inexplorés depuis des années.

"J'aime voir ces lieux figés dans le temps. Je ressens beaucoup de tristesse, notamment dans les vieilles maisons, où l'on voit la vie des gens à travers des cadres de photos. C'est souvent un retour dans les années 1970 ou 1980. Ça me rappelle le passé, quand j'allais chez ma grand-mère."

"Il y a tellement de lieux brûlés, cassés, pillés." Patryce Hvs Jr. avoue avoir exploré "entre 800 et 1000 endroits abandonnés dans les Hauts-de-France, en Normandie, en Île-de-France, en Alsace, en Occitanie, en Bretagne, en Belgique et en Allemagne". Quand il part en vacances, il en profite toujours pour en visiter un nouveau.

J'utilise Google Earth. Je choisis un département et je regarde si je vois des bâtiments avec des herbes autour en zoomant.

Patryce Hvs Jr., urbexeur

Il repère ces bâtiments en lisant la presse ou en regardant des reportages à la télévision. Mais sa méthode la plus efficace est à portée de clics : "J'utilise Google Earth. Je choisis un département et je regarde si j'en vois avec des herbes autour en zoomant. Sur dix lieux trouvés, deux ou trois seulement sont abandonnés. Certains ont pu être restaurés entre temps".

Parmi ses nombreux souvenirs, un l'a particulièrement marqué. Une auberge en Normandie fermée depuis dix ans. La propriétaire, une Allemande, est repartie dans son pays après la mort de son mari. Laissant le bâtiment "dans son jus", offrant un spectacle inattendu à l'urbexeur : "Il y avait encore des motos et tous les meubles".

Une règle d'or, ne jamais situer

Ne lui demandez pas la localisation précise de cette auberge ou de l'église ou de n'importe quel autre des endroits explorés. Patryce Hvs Jr. respecte la règle d'or de l'urbex : ne jamais identifier un site. Le moindre commentaire sous une vidéo ou une photo qui pourrait situer les lieux est systématiquement supprimé, afin d'éviter que des personnes malintentionnées y commettent vols ou dégradations.

Lui souhaite au contraire une prise de conscience de cette richesse en déclin : "Je veux sauver le patrimoine français". L'Amiénois est un passionné d'Histoire et de patrimoine, comme toute la communauté qui le suit sur les réseaux sociaux (6 286 sur sa page Facebook, 1 013 sur Instagram). Preuve que les explorateurs urbains sont de plus en plus nombreux.

Une trentaine de vidéos à venir

Ce qui n'a pas que des avantages pour Patryce Hvs Jr. qui se montre assez sévère envers "la nouvelle génération" d'urbexeurs. Selon lui, elle ne respecte ni les règles de discrétion, ni les consignes élémentaires de sécurité : "Ils n'hésitent pas à casser pour rentrer, moi pas du tout. Et je fais très attention, particulièrement dans les usines. Je ne sors jamais quand il pleut et je ne monte jamais sur les toits". 

Patryce Hvs Jr. a déjà publié quatre-vingt dix vidéos et plus de 300 photos. Il proposera bientôt une trentaine de nouveaux films déjà tournés sur des manoirs. Avant de repartir à l'aventure, dans les dédales de cinq ou six châteaux. Quelque part en France. Mais nous n'en saurons pas plus, évidemment.

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