Dans une démarche de respect du rythme des nouveaux-nés, les secteurs de maternité et néonatalogie du CHU d'Amiens ont obtenu le label "Ami des bébés". Désireux de mieux accompagnés l'ensemble de la famille dans leur quotidien, 150 soignants ont été formés à de nouvelles pratiques.
"Regardez, ici, il n'y a pas de pleurs du tout", se réjouit la puéricultrice Juliette Pinoche. Dans cette maternité, ce n'est pas le bruit qui dérange. Avec les nouvelles pratiques mises en place au CHU d'Amiens, les nouveaux-nés ne sont pas contrariés. "Si l'antibiotique est à midi et que Manon a besoin de téter, tant pis, elle le prendra à 12h10", explique Juliette Pinoche.
C'est le principe même du label IHAB (l'Initiative Hôpital Ami des bébés) que les secteurs de maternité et néonatalogie viennent d'obtenir. Ce sont les soignants qui s'adaptent au rythme du nouveau-né et plus l'inverse. Éviter de séparer le bébé de sa mère lors d'un soin, permettrait de lui faire accepter plus facilement celui-ci.
La puéricultrice est ravie de cette labellisation. Alors qu'elle prend les constantes d'Ella, âgée de quelques jours, celle-ci prend le sein. Et, pas question de l'en empêcher. "C'était peu pratiqué avant parce qu'on privilégiait le confort du soignant avant tout, je pense".
Effectivement, la soignante doit se contorsionner pour atteindre les minuscules membres de la petite fille. Pourtant, elle y trouve son compte : "Professionnellement, c'est tellement enrichissant de travailler avec des bébés sereins".
"J'ai vu comment c'était donc je pourrai le reproduire à la maison"
À l'origine, le label "Ami des bébés" a été créé par l'Unicef et l'Organisation mondiale de la Santé pour lutter contre les "stratégies offensives de marketing de l'industrie des substituts de lait maternel" alors que le taux d'allaitement baissait drastiquement dès les années 1970, comme on peut le lire sur le site internet du label.
Pour favoriser cette alimentation naturelle, l'équipe a recours à certaines pratiques qui étaient encore peu connues il y a quelques années. "Le peau à peau, c'est un critère très important. Ça permet que l'enfant soit au plus près de sa mère. L'enfant reconnaît des sensations qu'il avait in utero", explique Alice Vandepitte, infirmière puéricultrice.
"Contre vous elle va ressentir les odeurs, vos battements du cœur, tout ça va permettre de la rassurer."
Alice Vandepitte, infirmière puéricultrice
L'idée est de poser le nourrisson directement sur le torse nu des parents, idéalement pendant au moins une heure, juste après l'accouchement. "Contre vous, elle va ressentir les odeurs, vos battements du cœur, tout ça va permettre de la rassurer", explique l'infirmière à une jeune maman. Elle énumère de nombreux avantages associés à cette pratique : "Ça permet la régulation de la température, le besoin de succion, un bébé ira plus régulièrement au sein en peau à peau".
Depuis sa création en 1991, le programme IHAB a diversifié son champ d'action. Désormais, les hôpitaux labellisés enseignement aussi d'autres types de soin aux parents et notamment des bains enveloppés.
Elisa Boulanger est maman pour la 3e fois et elle découvre le bain enveloppé. "Les emmailloter, ça les rassure plutôt que de les tenir simplement dans nos mains", constate la maman. Elisa est, elle aussi, plus rassurée lorsqu'elle assiste au bain donné par les auxiliaires de puériculture : "J'ai vu comment c'était donc je pourrai le reproduire à la maison".
Mieux accompagner la famille
Au-delà du nouveau-né, c'est le bien-être de l'ensemble de la famille qui est recherché par la maternité. Le label prévoit ainsi un accompagnement des parents avant, durant et après l'accouchement. "C'était déjà le cas avant mais ce n'était pas assez formalisé avec une dynamique d'équipe identique à tous niveaux", précise Fabienne Lobelle, coordonnateur en maieutique du CHU.
Avec des passages à la maternité de plus en plus courts, seulement 48h à présent, les parents ont très peu de temps se préparer à leur nouveau quotidien avec bébé. Pour les aider, la maternité organise des ateliers. Elle alterne astuces pour le retour à la maison, massage et portage. "Avant, on le faisait déjà de façon informelle, mais là, c'est formalisé parce qu'on a du personnel en plus", se réjouit-elle.
150 soignants ont été formés et des postes supplémentaires ont même été créés dans ce service qui voit naître 2 438 enfants par an en moyenne. C'est la deuxième maternité d'Amiens à obtenir le label après celle de Victor Pauchet.
Avec Sophie Picard / FTV