"Voie du sabre", le kendo est, à l'instar du judo, "voie de la souplesse", un art martial avec sa philosophie visant à développer les qualités mentales de celui qui le pratique. Et ce n'est pas seulement la technique de combat des samouraïs- Je vous raconte mon test pour Vous êtes formidables.
Ce qui m'a attiré d'abord dans cette discipline, c'est l'exotisme de cette pratique, par rapport à l'escrime traditionnelle, la beauté des armures et les combats impressionnants. Je savais aussi que derrière ce sport ancestral japonais j'allais découvrir toute une démarche spirituelle, ce qui n'était pas pour me déplaire. Et je n'ai pas été déçu !
Ce n'est pas forcément le cas du judo où l'explication du sens du salut peut être, parfois occulté. Nous, nous insistons là-dessus
Eric Malassis, Comité National Kendo France
S'il n'existe pas de code moral écrit du kendo, il existe bel et bien. Il est même très enseigné, expliqué et respecté dans les écoles de kendo, en France comme au Japon. "Ce n'est pas forcément le cas du judo où l'explication du sens du salut peut être, parfois, en France, occulté. Nous, nous insistons là-dessus", prévient Eric Malassis, président du comité national de kendo en France. L'homme, d'une soixantaine d'années, moustache grisonnante, présente l'armure du samouraï, dans le dojo régional amiénois. Il accompagne Jérémie Lorant, professeur du club Kigurai, qui nous accueille.
Art martial ancestral japonais, le kendo est plus ancien que l'aïkido, le judo ou le taekwondo. Il est aussi le plus prestigieux. "Au Japon, quand la maman demande à son fils s'il veut faire du judo ou du kendo, la réponse est toute faite" assure Eric. Cela se traduit par le nombre de pratiquants d'ailleurs.
Si en France on compte 5 000 pratiquants du kendo (kenshis) et 550 000 judokas ; au Japon, le rapport est inversé avec 1.5 million de kenshis pour 300 000 judokas.
L'armure et le sabre
- Men : masque pourvu d'une grille métallique couvrant le visage et la tête, les épaules et la gorge
- Kote : gants protégeant les poignets et une partie des avant-bras.
- Do : plastron protégeant le ventre au niveau des côtes et qui remonte jusqu'à la poitrine.
- Tare : protection couvrant le bas-ventre et le haut des cuisses.
- Shinai : c'est le sabre en bambou qui permet de porter les coups au kendo
Les premiers prix de cette armure varient de 350 à 400 euros et peuvent monter assez haut. A cela, il faut rajouter le Gi et le Hakama (veste et pantalon) qui ont des premiers prix aux alentours de 70 euros. Quant au shinai, il coûte entre 30 euros (premier prix en bambous) et 200 euros et pour le shinai en carbone.
Le salut
C'est "l'étiquette" (Reigi), qui encadre la pratique. Comme au judo, elle montre le respect mutuel qu'entretiennent les adversaires, avec en arrière plan, une pensée aux anciens qui ont transmis l'art du kendo et l'idée que, plus on pratique, plus on s'enrichit. On se grandit mutuellement. Cette étiquette bien sûr n'était pas pratiquée en tant de guerre. "Elle date plutôt de l'époque des dojos ou école (Ryu), puis a été intégrée au kendo quand il a été créé et a commencé à être enseigné. C'est-à-dire après 1868, date de la révolution Meiji, faisant entrer le Japon dans l'ère moderne et abolissant la classe samouraï par la même occasion" explique Jérémie.
Aujourd'hui, elle se définit par plusieurs codes comme entrer dans le dojo pied gauche puis sur l'aire de combat (Shiaijo) pied droit, pour être prêt à dégainer son sabre situé toujours à gauche, qu'on soit droitier ou gaucher. Quant au salut, il consiste simplement à se pencher vers son adversaire.
Comment faire ippon (un point) ?
Il existe quatre attaques qui peuvent donner des points : à la tête (Men) à la main (Kote) à la hanche (Do) à la gorge (Tsuki). Ce dernier étant le seul coup d'estoc. Attention pour marquer, en plus de toucher au bon endroit, il faut : crier (kiai), être déterminé, avoir la posture qui convient toucher avec l'extrémité du sabre en bambou (shinai) et enfin montrer de la vigilance après sa frappe.
Le combat
Jérémie et Eric sont tous les deux 5e dan de kendo. Leurs noms de famille respectifs sont inscrits au centre de leurs Tare qui protège le bas ventre et le haut des cuisses. C'est d'ailleurs la seul distinction permettant d'identifier l'adversaire : pas de grade mis en avant contrairement au karaté et au judo. Ils nous font le plaisir d'effectuer un combat d'une petite minute, très intense.
Où pratiquer ?
Il existe 16 clubs de kendo en Hauts-de-France. Voici un lien sur lequel vous pourrez les retrouver ainsi que leurs coordonnées.
A mon avis, et comme me l'ont expliqué Eric et Jérémie, l'intérêt de découvrir le kendo (en plus de la curiosité et de l'exotisme du premier abord) et que c'est un sport de combat qui implique pour un jeune (à partir de 5 ans) de ne pas se démonter en entrant sur le shiaijo, de prendre confiance en soi en se mobilisant pour se défendre et attaquer. "On apprend à des petits Français ce qu'est la politesse au Japon, on explique ce qu'est la discipline, la rigueur et l'Etiquette (cf le salut ci-dessus) on leur apporte un petit bout de culture japonaise et c'est tant mieux", m'explique Eric Malassis.
Quant à mon test, vous verrez le combat dans vous êtes formidables le 17 juin à 9h05 sur France 3 Hauts-de-France. Patience !)