Grâce à des fouilles, une expédition d'archéologues italo-néerlandais a mis au jour la chapelle funéraire de la tombe de Youyou, nom bien connu au musée de Picardie à Amiens qui conserve les montants de la porte depuis 1927.
Après le retour de la momie Setjaimengaou, la collection des antiquités égyptiennes fait de nouveau parler d'elle au musée de Picardie. Si, avec sa centaine d'objets, elle n'est pas aussi importante que celle du Louvre, elle n'en est pas moins qualitative et d'actualité.
L'expédition italo-néerlandaise Leyde-Turin, qui procède actuellement à des fouilles archéologiques dans la région de Saqqarah, en Égypte, a annoncé la mise au jour d'une tombe et de quatre chapelles funéraires datant de l'époque de Ramsès II.
L'une d'elles a été identifiée comme appartenant à la famille d'un dénommé Youyou, un nom bien connu à Amiens, puisqu'il est gravé dans la pierre de deux montants de porte ornés de hiéroglyphes, conservés par le musée de Picardie depuis 1927. Jusqu'à présent, ces fragments sculptés donnent le nom de la personne, Youyou, et celui de son métier, fabricant d'or en feuilles, mais ils ne disent rien de la provenance.
Un legs de l'artiste Albert Maignan
Comme beaucoup d'autres sites, la tombe de Youyou avait été pillée au XIXe siècle. Ce n'est qu'au XXe, que le nom refait surface. "Ces montants de porte nous ont été donnés par Albert Maignan, explique Agathe Jagerschmidt-Séguin, responsable des collections archéologiques au musée de Picardie. C'est une figure tutélaire ici. Mort en 1908, il a légué toutes ses collections au musée. On a construit un bâtiment exprès pour les recevoir. Il avait racheté ces pièces à l'égyptologue vendéen Émile Amélineau, qui, à un moment donné de sa vie, avait eu des difficultés financières".
Or, si l'égyptologue a bien authentifié ses collections lorsqu'il participait aux fouilles, il en a acheté d'autres fortuitement, "ce qui explique pourquoi on ne savait pas leur provenance, même si la région de l'antique Memphis était considérée comme probable. Ce qui est intéressant avec cette découverte, c'est qu'on va pouvoir préciser les dates de la chapelle funéraire et compléter l'histoire".
Les rites funéraires dans l'Égypte ancienne
Dans l'ancienne Égypte, et particulièrement à l'époque ramesside, Memphis fut un important centre administratif et religieux dont les habitants se faisaient inhumer dans la nécropole de Saqqarah. Grâce aux archéologues, on sait désormais que ces pièces proviennent d'une chapelle d'un mètre sur 1,15 mètre dont la tombe n'était pas intacte. Elle renfermait à l'origine quatre générations de membres de la famille Youyou. Mise en œuvre du vivant de son commanditaire, elle reflète les espoirs et les messages que lui et les siens ont voulu transmettre à leurs pairs.
"Demain, on va pouvoir imaginer, évoquer la chapelle elle-même, se réjouit la responsable des collections. Quand on a un contexte, cela change le visage d'une collection. Au lieu de faire des hypothèses, on fait des affirmations et on va les partager avec le public".
Cette découverte rappelle qu'un musée est au centre d'un réseau de chercheurs. Il ne s'arrête pas à ses murs. Il se nourrit de la recherche.
Agathe Jagerschmidt-Séguin, responsable des collections archéologiques du musée de Picardie
Les fouilles sont toujours en cours en Égypte. Elles sont placées sous la direction du docteur Lara Weiss, conservateur des collections égyptiennes et nubiennes au musée national des Antiquités de Leyde (Pays-Bas) et du docteur Christian Greco, directeur du musée égyptien de Turin (Italie).
Sur la zone de la chapelle, les archéologues ont trouvé quatre chapelles funéraires et une tombe de Panhésy, un proche du roi.