Violences urbaines à Amiens : deux individus soupçonnés d'avoir vendu les mortiers d'artifice ont été interpellés

Fin septembre, des policiers avaient été visés par des tirs de mortier dans les quartiers d'Étouvie, Amiens Nord et Amiens Sud Est. Après plusieurs semaines d'enquête, deux personnes soupçonnées de vendre de manière régulière ces équipements ont été interpellées.

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La nuit du 25 au 26 septembre a été mouvementée à Amiens. Dans trois quartiers de la ville, des poubelles avaient été incendiées et les policiers avaient été visés par des tirs de mortiers d'artifice. Une personne avait été interpellée et placée en garde à vue. 

Un trafic organisé sur Snapchat

Mais le parquet d'Amiens avait alors décidé d'aller plus loin, en demandant à la sûreté départementale de la Somme d'identifier les fournisseurs de ces objets pyrotechniques qui peuvent provoquer de graves blessures. En collaboration avec la plateforme Pharos, spécialisée dans la cybercriminalité et les investigations numériques, les enquêteurs ont pu identifier deux personnes soupçonnées de vendre des mortiers sur Snapchat. 

Le premier individu a été interpellé le 3 décembre, "alors qu'il s'apprêtait à effectuer une livraison de matériels", précise le procureur de la république d'Amiens dans un communiqué. "Âgé de 29 ans et domicilié à Longueau, l'intéressé transportait dans son véhicule 100 mortiers d'artifice 8 coups [chaque mortier permet de tirer huit fois, ndlr], 10 gazeuses lacrymogènes, 4 matraques télescopiques et 3 poings américains."

D'autres objets pyrotechniques ont été retrouvés à son domicile, ainsi que des produits stupéfiants, des faux brassards police, des armes d'air soft, des bouteilles de vodka, du tabac de contrebande, et près de 4 000 euros en liquide. 

Chez le deuxième individu, âgé de 27 ans et interpellé dans son domicile d'Amiens deux jours plus tard, les policiers ont trouvé des gazeuses lacrymogènes, des fumigènes, des produits stupéfiants et plus de 1 000 euros en liquide. 

"Une activité lucrative"

"Hormis les stupéfiants, ces produits ont une existence légale, mais il y a une règlementation stricte qui encadre le commerce de ces produits, que ce soit les mortiers d'artifice ou le tabac. Il n'est pas question qu'on laisse n'importe qui vendre ces produits à n'importe qui, explique Cyril Pizoird, directeur adjoint de la sécurité publique de la Somme. Ces deux individus en ont fait une activité lucrative, ils avaient monté une sorte de petite entreprise de vente illégale et pensaient agir en toute impunité."

Les deux hommes seront jugés en comparution immédiate, "afin de répondre de faits de travail dissimulé, trafic de stupéfiants, transport sans motif légitime d'armes de catégorie D et mise à disposition sur le marché d'articles pyrotechniques n'ayant pas fait l'objet d'une procédure d'évaluation de la conformité", indique le parquet. Dans l'attente de leur jugement, le premier individu a été placé en détention provisoire et le second placé sous contrôle judiciaire. Ils encourent des peines de prison, et étaient déjà connus des services de police.

Enrayer le problème à la source

Pour le parquet d'Amiens et les services de police, ces interpellations sont une victoire. "L'ensemble des mortiers saisis représentent 3 728 tirs évités contre les policiers ou les pompiers, assure Cyril Pizoird. C'est pour ça que c'est important d'intervenir en amont, d'identifier les personnes qui approvisionnent et de saisir les stocks. C'est déjà ça qui ne nous sera pas tiré dessus."

Il rappelle par ailleurs que ce types d'échauffourées ont eu lieu plusieurs week-end d'affilée à Amiens, mais que le phénomène ne se cantonne pas au niveau local. "Ça existe sur tout le territoire, et ça s'intensifie, et il faut lutter contre. Les lésions entraînées par ces tirs peuvent être très graves, voire irréversibles." Il prend notamment pour exemple le cas de Compiègne, où un policier a été blessé au visage par un tir de mortier ce mardi 7 décembre. 

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