Ce week-end, alors que commençaient les vacances scolaires en région parisienne, certains craignaient un afflux de vacanciers franciliens en baie de Somme. Rares sont ceux qui ont bravé l'interdiction mais, dans le contexte actuel, cela suffit à provoquer la colère des riverains.
En temps normal, quand on habite en baie de Somme, on ne peut pas passer à côté : le début des vacances scolaires en région parisienne – ce samedi 4 avril – est synonyme de forte affluence. Surtout lorsque la météo se montre aussi clémente qu'en ce moment. Mais cette année, les touristes sont condamnés à rester chez eux, sous peine d'écoper d'une amende salée. Contrôles de police renforcés, hôtels et campings fermés, commerces inactifs : le risque est gros pour ceux qui persistent à s'aventurer sur les routes picardes.
Pas âme qui vive dans les rues
"On a vu quelques personnes arriver avant le début du confinement, se souvient Alain Baillet, maire de Fort-Mahon-Plage, et depuis, on n'en a pas vu beaucoup d'autres." Dans la commune d'un peu plus de 1200 habitants, il y a bien quelques volets supplémentaires qui se sont ouverts ces derniers jours. Mais rien à voir avec l'afflux massif des années "normales".Même constat une trentaine de kilomètres plus au sud, à Saint-Valery-sur-Somme. "Aujourd'hui, j'ai traversé le bourg pour me rendre à la mairie et je n'ai pas vu âme qui vive, témoigne Stéphane Haussoulier, maire de la commune. Je ne crois pas que ce soit la ruée vers l'ouest." Les Franciliens auraient-ils accepté de renoncer à leur séjour en baie de Somme ? Il semblerait que ça soit le cas pour la majeure partie d'entre eux. Mais le comportement de ceux qui ont bravé l'interdiction agace.
"Pas d'hébergés sans hébergeurs"
"J'ai décidé de contrôler les gîtes après avoir vu une personne rentrer dans l'un d'entre eux qui avait les volets fermés jusqu'à présent", explique l'élu valéricain. Résultat : sur quelque 110 locations visitées, onze étaient occupées, soit exactement une sur dix. Des occupants impossibles à sanctionner car sauf à contrôler le contrat de location, il est difficile de déterminer s'ils viennent juste d'arriver ou s'ils étaient déjà là avant le début du confinement.Mais pour Stéphane Haussoulier, c'est aussi la faute des propriétaires qui refusent de renoncer à leurs locations. "Il n'y aurait pas d'hébergés sans hébergeurs, rappelle-t-il, mécontent. Je vais leur écrire parce qu'il n'y a pas de raison qu'à cause de 10 % d'entre eux on montre du doigt tous les autres." Mais une fois de plus, l'élu pointe son impuissance face à cette situation. C'est pourquoi il demande à la préfecture de prendre un arrêté afin de donner aux mairies les outils juridiques pour agir.
Les nouveaux arrivants difficiles à estimer
Une décision que Jeanine Bourgau, maire du Crotoy, n'a pas attendue pour couper court à toute velléité de vacances en baie de Somme. L'élue a décidé de prendre dès le 30 mars un arrêté municipal dernier interdisant les locations saisonnières et les gites. "C'est une situation qu'on regrette tous, déplore-t-elle, mais on n'est pas dans la tête des gens et on peut s'attendre à ce que quelques personnes ne respectent pas le confinement.""On comprend que les gens veuillent venir, abonde Alain Baillet, à Fort-Mahon-Plage, et on ne les mettra pas dehors mais on ne l'accepte pas pour autant." Sur le week-end, il évalue à une quinzaine le nombre de nouveaux arrivants. Un chiffre difficile à estimer dans une commune qui compte environ 4000 résidences secondaires. "On a peu de visibilité sur les arrivées et sauf le témoignage de quelques commerçants et riverains, on ne peut pas vraiment savoir."
"Une polémique inutile"
D'autant qu'il n'appartient pas à la mairie d'interdire aux propriétaires l'accès à leur résidence secondaire. "Ce sont des habitants comme les autres et ils sont les bienvenus à Saint-Valery", s'explique Stéphane Haussoulier. Une "polémique inutile" dont l'élu valéricain se serait bien passé. "Ces comportements à la marge sont juste bons pour échauffer l'esprit de ceux qui respectent scrupuleusement les règles de confinement depuis trois semaines", regrette-t-il, en rappelant que sa commune a toujours accueilli les touristes avec bienveillance.Dès ce vendredi 3 avril, la gendarmerie de la Somme avait mis en place un important dispositif de contrôle sur les autoroutes et les axes secondaires du département afin de dissuader tout déplacement vers la baie de Somme. Plus de 250 gendarmes étaient présents sur une vingtaine de points de contrôle. Ce dimanche après-midi, un nombre à peine supérieur à la moyenne de procès-verbaux avait été dressé, laissant penser que "la ruée vers l'ouest" n'a pas eu lieu.