Denise Rançon a témoigné au procès de son frère Jacques qui comparaît en ce moment pour viols, meurtres, tentative de viol et tentative de meurtre à Perpignan à la fin des années 90. Elle décrit un garçon solitaire qui n'a pas eu une enfance des plus heureuses.
Elle a témoigné par visio-conférence depuis le tribunal d'Amiens en début d'après-midi. Denise Rançon a du mal à monter les marches du palais de justice. C'est une dame douce qui, à 79 ans, n'arrive toujours pas à comprendre comment son jeune frère, Jacques, a pu devenir le meurtrier qui comparaît aujourd'hui à Perpignan.
Un père alcoolique et violent
Jacques Rançon est né à Hailles, petit village de 400 habitants, situé à une vingtaine de kilomètres d'Amiens. Il a plusieurs demi-frères et demi-sœurs parmi lesquels Denise, de 20 ans son aînée. Quand la mère de Denise meurt, la fratrie est "obligée de partir. Mon père nous a mis dehors quand il a repris une autre femme, la mère de Jacques. C'est comme ça que je suis devenue bonne à tout faire à Amiens."
Sa mère était un peu débile. Elle ne faisait pas à manger. On m'a dit que c'était l'instituteur qui donnait à manger à Jacques.
Un enfant solitaire
Denise n'a pas eu une enfance très heureuse non plus : un père alcoolique, déchu de ses droits parentaux, un quotidien rythmé par les coups dans un baraquement sans eau et sans électricité. Jacques n'a pas connu mieux : "Quand je l'ai vu pour la première fois, il avait 10 ans. Il traînait dans le village. Il ne voulait pas aller à l'école. Il préférait aller dans les bois tout seul. Mais il n'était pas violent. Je ne l'ai jamais vu se battre. Il était très solitaire. Comme moi."
"Je suis allée le voir en prison. Il dit que non"
Pour Denise, les souffrances de l'enfance n'expliquent pas ce qu'est devenu son frère : "la première fois qu'il s'est retrouvé en prison, ça m'a surprise, mais pas tant que ça : il traînait tellement avec des voyous. Je me suis dit que peut-être, il avait besoin qu'on lui parle pour le remettre sur le droit chemin. Je suis allée le voir en prison. Mais il dit que non."
Les victimes de son frère et leur famille ne quittent pas les pensées de Denise : "Je n'aurais jamais pensé qu'il irait jusqu'à commettre des meurtres. Ça m'a saisie et perturbée. Pour les familles et ces pauvres jeunes filles qui sont mortes dans des souffrances horribles".
Et de finir : "pour moi aussi dans mon cœur, c'est une souffrance. C'est une souffrance. C'est trop."