Edouard Brunet, 29 ans, est agriculteur à Cayeux-sur-Mer, dans la Somme. Aujourd'hui, bien qu'il ne travaille quasiment que pour le marché français, il ne peut se passer de l'Union européenne et de la PAC, la politique agricole commune. Deuxième portrait d'une série baptisée #NousLesEuropéens.
Installé à Cayeux-sur-Mer dans la baie de Somme, Edouard Brunet a repris l'exploitation familiale en 2018. Sur ses 220 hectares de terre, une partie est réservée à l'élevage. Le reste du domaine agricole se partage entre les prairies et la culture de céréales.
À 29 ans, Edouard Brunet fait partie de cette génération qui a toujours connu la PAC, la politique commune agricole européenne. "On fait avec et on vit avec", résume-t-il, le sourire au coin de l'œil.
L'agriculture est la principale ligne de dépense de l'Union européenne, elle représente environ 40 % du budget. Concrètement, pour Edouard, cela se répartit en trois aides : "La première est une aide à l'hectare par rapport à mes productions de céréales, de maïs, de betteraves et autres. J'ai une deuxième enveloppe pour les ateliers bovins. Enfin, on me donne une aide par rapport aux mesures agro-environnementales et climatiques." Au total, cela représente 60000 euros sur l'exploitation. Edouard a fait le calcul : "Pour le consommateur, c'est 0,03 euro par kilo de viande et pour moi, c'est aujourd'hui ma survie d'exploitation. Malgré ces 60000 euros, on a un résultat à trois associés de 40000 euros. On travaille 80 heures par semaine et on se dégage un salaire de 1200 euros par mois. Ce n'est quand même pas exceptionnel."
"Un manque d'harmonisation"
Edouard Brunet, qui est aussi président des Jeunes Agriculteurs Hauts-de-France, pointe aussi du doigt "un manque d'harmonisation".
L'Europe a défini des règles simples comme le respect de l'environnement ou encore le bien-être animal. La France a, elle, décidé d'aller encore plus loin.
"Par exemple, le diméthoate est un produit qui empêche le vers de piquer la cerise. En France, il est interdit. En Espagne, il est autorisé. On est capable d'avoir des cerises traitées au diméthoate qui viennent d'Espagne à 5 kilomètres de la frontière. La réglementation est bien plus blanche en France que dans le reste de l'État européen", explique le jeune homme.
Vers une PAC plus verte
En ce moment, une nouvelle PAC est en discussion. Elle doit entrer en vigueur dans deux ans, en 2023. La priorité pourrait être donnée à l'agriculture biologique et à l'agro-écologie. Une orientation plus verte que juge Edouard Brunet plutôt logique : "Je n'ai pas de souci avec la verdure. J'ai réduit d'un tiers mes applications de produits phytosanitaires, on ne laboure plus le sol, on stocke du carbone. Moi, ce que j'aimerais aujourd'hui, c'est être rémunéré pour ce que je fais déjà, tout simplement."