Un arrêté paru samedi 6 février 2021 autorise temporairement l'utilisation des néonicotinoïdes dans les champs de betteraves. L'interdiction en 2018 de ce pesticide "tueur d'abeilles" avait provoqué d'énormes pertes de rendement dans la filière sucrière.
Samedi 6 février, est paru au Journal officiel (JO), une autorisation valable 120 jours, au titre de la campagne 2021, d’utilisation de "semences de betteraves à sucre enrobées d’insecticides néonicotinoïdes". Cela signifie que les producteurs de betteraves pourront temporairement faire usage de ces insecticides controversés, malgré leur incidence néfaste sur la biodiversité.
L'arrêté, qui "entre en vigueur au lendemain de sa publication au Journal officiel", stipule que "la mise sur le marché et l'utilisation de semences de betteraves sucrières traitées avec des produits phytopharmaceutiques contenant les substances actives imidaclopride ou thiamethoxam sont autorisées pour une durée de cent vingt jours à compter de l'entrée en vigueur du présent arrêté".
Une bonne nouvelle pour les producteurs
Une bonne nouvelle pour la filière sucrière qui souffrait depuis leur interdiction en 2018. La récolte de betteraves à sucre a chuté de 30% en France en 2020, après l'invasion d'un puceron vert vecteur de la jaunisse, que des traitements insecticides foliaires n'ont pas permis de résorber en l'absence de semences enrobées.
Communiqué ?| Julien Denormandie a réuni ce vendredi 5 février 2021 les représentants de la filière betterave-sucre https://t.co/WxYIkerfnf ⤵️
— Ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation (@Agri_Gouv) February 5, 2021
Mais des conditions strictes
Le texte prévoit des conditions d'emploi strictes, pour protéger insectes pollinisateurs, oiseaux et mammifères sauvages, eau et environnement. Il précise en outre quelles cultures pourront être semées, plantées ou replantées, après une culture de betteraves traitées en 2021. Sur les parcelles concernées, les cultivateurs pourront planter de l'oignon, du blé ou de l'avoine à partir de la campagne 2022, mais devront attendre 2023 pour la pomme de terre et 2024 pour le colza ou le tournesol par exemple.
Dans un communiqué, la Confédération Générale des producteurs de Betterave s'est quant à elle "réjoui" de cette réautorisation mais "déplore les fortes restrictions imposées sur les cultures suivantes", qui auront selon elle un impact sur "les bonnes pratiques agronomiques".
Pour rappel, en 2018, le gouvernement interdisait définitivement l’usage de ces insecticides sur les champs. Le but étant de sauvegarder les colonies d’abeilles. Mais le ministère de l’Agriculture avait annoncé, le 5 août, le retour des néonicotinoïdes dès 2021 et jusqu’en 2023.