Le R4, un festival entièrement gratuit depuis 25 ans : "il y a des gens dont c’est le seul concert de l’année"

Depuis sa création en 1998, le festival rock R4 s'est imposé comme un rendez-vous incontournable en ce début d'été en Picardie. Et s'il accueille aujourd'hui des têtes d'affiche comme Mass Hysteria ou Mademoiselle K, il reste gratuit et fidèle à ses valeurs.

R4 fait désormais partie du paysage musical des Hauts-de-France. Lancé à Revelles, près d'Amiens, en 1998, ce festival 100% rock fête du 7 au 9 juillet ses 25 ans d'existence avec notamment le groupe Mass Hysteria, qui fête lui aussi ses 25 ans de carrière. Signe que R4 est bien ancré dans le territoire et même au-delà.

Du rock en tous genres

Au programme de cette édition particulière, plus d'une vingtaine de concerts, tous gratuits bien sûr. Et pour couronner le tout, c'est une tête d'affiche, Mademoiselle K qui clôturera les festivités dimanche soir. "C'est un petit coup de cœur de nos 25 ans, confie Nicolas Croutte, organisateur du festival R4. Elle est déjà venue chez nous en 2015 et on est aussi content d'avoir une artiste féminine. Ce n'est pas évident dans le rock."

On est loin des débuts. Ce festival a vu le jour à l'initiative d'un groupe de musique, Silverwood, dont Nicolas Croutte faisait partie. "Ce n'était pas le groupe du siècle, mais on jouait entre copains et on était pour une grande majorité d'entre nous de Revelles. Donc on s'était dit que ce serait sympa de trouver un lieu pour jouer. Et le meilleur moyen, c'était de le créer."

C'est ainsi que naquit le premier festival R4. "Le fameux 4R, c'est initialement Rencontres Rock'n Rap à Revelles, sauf que dès la première édition, le groupe de rap en question nous a fait faux bond et finalement on est resté sur le rock'n roll. C'est devenu Rock'n Roll à Revelles. C'est un R, ça tombait bien."

"La scène, c'était une remorque agricole"

La bande de copains recrute, gère la sono et la partie technique, bref, elle se débrouille avec les moyens du bord. "Il faut avouer que les moyens techniques et humains n'étaient pas du tout les mêmes qu'aujourd'hui. C'était vraiment des bons plans. Des copains nous prêtaient des enceintes et la scène, c'était une remorque agricole", se souvient Nicolas.

Sous couvert de l'association Culture, loisirs et sport de Revelles, R4 prend ses marques. En 2007, l'association R4 est créée. Grâce à elle, Nicolas Croutte, son président, obtient des subventions pour développer l'évènement. "De fil en aiguille, le budget a grandi. On a commencé à programmer des groupes nationaux professionnels en 2011, avec la venue de 'The Hyènes', composé de deux ex-musiciens de Noir Désir."

Un an après, les organisateurs instaurent les prémisses du village associatif. Au fil du temps, le festival s'améliore jusqu'au jour où il va prendre une nouvelle dimension. Pour ses vingt ans, R4 bascule dans une autre dimension avec un très grand site de trois hectares, trois scènes dont une ouverte et des têtes d'affiche comme il n'en a jamais eu. "On a un peu payé la note, reconnaît l'organisateur. On a eu 50 000 euros de déficit. On s'est remis en question parce qu'il y a aussi eu des dysfonctionnements. Ce n'est pas évident de gérer un site trois fois plus grand. Mais on a finalement réussi en trois ans à remonter notre déficit. Cette année, on ne part pas avec un budget équilibré au départ, mais presque."

Des scènes pour tous

Vingt-et-un groupes se produiront cette année. Tous ont répondu à un appel à candidature auquel près de 200 groupes ont postulé. "Les groupes sont un peu meilleurs qu'à l'époque parce que forcément quand on fait une sélection sur 200, on a vraiment de la qualité. Le moindre groupe aujourd'hui aurait fait figure de tête d'affiche il y a 15 ou 20 ans. Mais l'état d'esprit reste et ça, c'est génial."

À cette programmation, s'ajoutent les concerts de la scène ouverte, réservée aux musiciens amateurs ou confirmés qui souhaitent se produire à l'improviste.

Programmation riche, gratuité, village associatif, des valeurs que défendent les organisateurs. "On s'est baptisé festival éco-solidaire. Le terme solidaire est important. La gratuité de l'événement maintenue est le reflet de ça. On fait en sorte qu’il y ait une solidarité entre ceux qui n’ont pas les moyens et je pense réellement que dans nos festivaliers, il y a des gens dont c’est le seul concert de l’année parce qu’ils sont dans un milieu rural où il n’y a pas d’autre offre culturelle, ou très peu, ou parce qu’ils n’ont pas les moyens tout simplement."

Quand on a le sourire des gens qui en sortant ne nous disent pas bravo mais nous disent merci, on a presque la larme à l'œil et finalement, on est re-boosté et on repart.

Nicolas Croutte, organisateur du festival R4

L'association a réussi cette année à mobiliser près de 160 bénévoles pour l'occasion. Une satisfaction pour Nicolas Croutte, bénévole lui aussi. "C'est super parce que plus on est nombreux, plus ça ménage les uns et les autres et plus ça améliore encore l'accueil des festivaliers. Je ne vous cache pas qu'entre mars et juin, on aurait besoin d'un salarié. Dans le staff, on est une douzaine et heureusement des gens passionnés qui ne comptent pas les heures."

Sans billetterie, difficile de prévoir exactement le nombre de visiteurs, mais les organisateurs sont confiants. Si la météo est clémente, ils aimeraient accueillir 15 000 personnes sur tout le weekend. "J'ai hâte que ça démarre", conclut Nicolas Croutte.

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité