Le magasin Côté Nature d'Abbeville ferme ses portes ce dimanche 15 septembre. Les quatre salariés devront rester pour faire du "gardiennage", sans savoir ce que l'entreprise leur réserve comme sort. Ce flou est difficilement vivable, d'autant plus qu'une autre société, auparavant intéressée pour une reprise, semble rétropédaler.
Les salariés du Côté Nature situé en périphérie d'Abbeville, dans la Somme, préparent sa fermeture définitive, prévue ce dimanche 15 septembre. Annoncée fin juillet dernier, elle avait pris de court les salariés qui travaillent dans les cinq magasins concernés dans les Hauts-de-France.
Depuis, si une date de fermeture a bien été donnée, le personnel déplore un manque d'information de la direction, les empêchant ainsi de penser à leur avenir professionnel et personnel.
"On ne sait pas, on est au courant de rien"
Élodie Delval, conseillère vendeuse, explique mal vivre cette nouvelle avec ses collègues. "Ça fait un mois et demi qu'on est dans le flou. Psychologiquement et physiquement, on n'en peut plus parce qu'on a eu une vague, pendant 15 jours, où le rythme était hyperpoussé avec un afflux de clients énormes".
Durant cette période de promotions -40% en vue de la fermeture, ils ne pouvaient même pas prendre de pause. "On travaillait tout le temps, c'était un rythme qu'on n'a jamais fait, on n'était que deux dans le magasin avec 1 000 à 1 500 clients par jour", précise Élodie Delval.
Mais depuis trois semaines, les quatre salariés se retrouvent dans un magasin vide, sans nouvelles pour la suite. "On vient d'apprendre récemment qu'on ferme le 15, mais c'est tout ce qu'on a. C'est compliqué dans nos vies personnelles, on doit mettre des projets de vie en suspens, on dort très mal, on est fatigué". Elle peut néanmoins compter sur le soutien de ses collègues, tous très soudés.
À la fermeture de Côté Nature, ils devront faire du gardiennage. "Combien de temps ? On ne sait pas. Pour quoi faire ? On ne sait pas, on n'est au courant de rien, on est dans un flou total".
"Il aurait dû y avoir un plan social"
Cyril Becuwe, secrétaire adjoint de l'union locale de la CGT d'Abbeville, a consulté le courrier d'entretien préalable à licenciement économique. "Ils font état d'une perte de chiffre d'affaires d'une année sur l'autre". Pourtant, pendant les années Covid, "ils ont eu énormément de clientèle et de chiffre d'affaires". Il insiste sur le fait que le groupe Côté Nature a "des unités différenciées du point de vue de la déclaration, mais c'est bien un groupe dans lequel il n'y a aucune institution représentative du personnel".
Pour lui, il aurait dû y avoir un "plan social à discuter" dès lors que des licenciements groupés dans plusieurs magasins ont eu lieu. "Évidemment, cette distinction entre 19 établissements est faite pour ne pas y avoir de représentation du personnel, c'est une tactique patronale" qui n'est pas propre qu'à cette entreprise.
Le secrétaire adjoint et ses collègues sont de plus en plus saisis pour des cas de licenciement litigieux, pas seulement pour des raisons économiques, mais aussi pour harcèlement ou de salaires non payés. "Le côté positif, c'est qu'ils viennent, ils se défendent", observe Cyril Becuwe. Son rôle et celui de sa permanence est de les soutenir "moralement" mais aussi "en travaillant avec eux la préparation de l'entretien préalable, en leur donnant des informations sur leurs droits. Ce sont eux qui sont venus la première fois ici, on n'est pas allé à la pêche".
Le syndicat les a encouragés à contacter leurs collègues, notamment ceux de Sailly-Labourse (Pas-de-Calais) avec qui "ils ont de bons contacts". En effet, à quatre, il est facile de se sentir isolé, "c'est toute la tactique de la direction de faire des petites sociétés comme ça, c'est très connu". La CGT se réserve le droit de faire une démarche pour "faire une union économique et sociale" avec les Côté Nature qui ne fermeront pas leurs portes. Le but : les contraindre à avoir une représentation minimum des salariés.
Les chances d'une reprise s'affaiblissent
Ce n'est pas tout. Il y a "un mois environ", un échange a eu lieu entre le directeur général du groupe Côté Nature et Nicolas Dumas, propriétaire des Serres du Plouy. "Nous leur avons fait part de notre intérêt pour le local commercial, mais aujourd'hui, aucune promesse n'a été faite de reprise de salariés, même si une reprise partielle ou totale est éventuellement envisageable", déclare-t-il.
La direction de Côté Nature a "fait acte" de leur intention. "Nous avons réclamé des éléments d'ordre financier, comptable, pour étayer notre dossier, mais pour le moment, nous n'avons eu aucun retour de la direction".
Mais un autre problème demeure : l'obtention d'un accès sur la départementale 1001. La municipalité leur a confirmé que le gestionnaire de voirie ne serait pas dans la possibilité de le leur accorder en raison de l'existence d'une véloroute. "Il est possible que nous n'allions pas au bout de la réflexion s'il n'est pas possible d'avoir cet accès, mais tout cela ne sera effectif qu'après un retour réel et concret de la direction de Côté Nature, que nous n'avons pas aujourd'hui", conclut Nicolas Dumas. L'avenir des magasins concernés reste donc en suspens.
Avec Adrien Rakotoarivelo / FTV