Tout au long de l'année, l'association Les Mamies tricoteuses du coquelicot à Albert confectionnent pour les femmes atteintes d'un cancer du sein des bonnets de chimiothérapie,distribués gratuitement dans les hôpitaux d'Amiens. Un engagement pour ces bénévoles qui a une résonance plus forte encore lors d'Octobre rose.
L'ambiance est studieuse et concentrée. Seul le bruit des machines à coudre vient de temps à autre interrompre le silence de la pièce. Car les petites mains s'affairent au siège des Mamies tricoteuses du coquelicot à Albert dans la Somme.
A l'occasion d'Octobre rose, les couturières de l'association confectionnent des bonnets de chimiothérapie pour les malades atteintes d'un cancer du sein qui ont perdu leurs cheveux à la suite des traitements. Des tissus colorés et gais. Des formes esthétiques et pratiques.
C’est un jersey qui est assez doux pour mettre sur le crâne quand on n’a plus de cheveux.
Nicole Mercier, bénévole
L'importance du tissu et de l'emplacement des coutures
Chez les Mamies tricoteuses du coquelicot, tout est minutieusement pensé. Le moindre détail à son importance. "On n’utilise pas n’importe quel tissu. Il est extensible. C’est un jersey qui est assez doux pour mettre sur le crâne quand on n’a plus de cheveux, explique Nicole Mecier, l'une des bénévoles. Il faut quand même que ce soit agréable à porter. Il est très confortable. En plus, on choisit de jolies couleurs pour que ce soit esthétique et accordé aux vêtements. Il faut aussi que la couture ne se sente pas pour que ça ne crée pas une douleur sur le crâne. Donc on fait attention à comment on place les coutures. Le crâne est sensible quand on n’a plus de cheveux donc on fait très attention au tissu et aux coutures pour que ce soit confortable. On prend de notre temps pour en faire le plus possible comme ça les personnes qui ont un cancer du sein pourront choisir tous les modèles qu’elles voudront."
Ne pas négliger son apparence malgré la maladie. Nadine Brusseel sait de quoi il s'agit. Cette bénévole a fait face à un cancer du sein il y a quelques années. Son bonnet de chimio, elle a dû l'acheter dans le commerce.
On aime bien assortir le bonnet avec la tenue. Ne pas toujours avoir le même.
Nadine Brusseel, bénévole
Avoir le choix des modèles
Elle mesure aujourd'hui à quel point un simple accessoire peut aider à affronter la maladie. "En pharmacie, on n’a pas trop le choix. C’est juste un modèle. J’aurais aimé en avoir des comme ça, raconte-t-elle. Quand on a plusieurs coloris et plusieurs formes, c’est plus joli et suivant les tenues qu’on met, on aime bien assortir le bonnet avec la tenue. Ne pas toujours avoir le même. Déjà qu’on a une tête fatiguée. C’est plus joli de changer de couleur, de forme. Et quand on est malade, sentir autour de nous, qu’il y a des personnes qui aident et qui pensent à nous, c’est vraiment un soutien moralement. Ça fait du bien."
Un peu de chaleur humaine. Le sentiment de ne pas être seule. Les Mamies tricoteuses du coquelicot ont conscience qu'elles apportent bien plus aux malades du cancer qu'un simple accessoire. Depuis 4 ans, elles fournissent tout au long de l'année trois établissements hospitaliers d'Amiens : le CHU, la clinique Pauchet et la Polyclinique.
Se sentir utile
En 2022, 850 modèles ont été distribués gratuitement. "C’est une petite contribution. Ce n’est pas grand-chose, minimise Francine Dercourt, présidente de l'association. Mais on nous dit que c’est bien accueilli, que les malades sont contentes. On nous fait des remarques : les premiers étaient un peu petits parce qu’on les faisait avec des t-shirts. Aujourd’hui, on s’est adaptées parce qu’on a du tissu. On nous dit attention. C’est un peu juste. C’est bien il y a un échange. Nous, on se sent utile. Je ne conçois pas la vie sans rendre service aux autres. C’est tellement peu de chose mais ça apporte beaucoup."
L'activité des Mamies tricoteuses du coquelicot ne s'arrête pas à Octobre rose. Les petites mains préparent d'ores et déjà le Téléthon. "Ça nous permet de nous réunir. On se fait des après-midi pour parler des projets. Il faut innover. Il faut faire des choses qu’on ne trouve pas dans les magasins. Alors on réfléchit et puis on teste. Il y a de quoi faire", reconnaît Francine Dercourt en finissant un bonnet.
Avec Mary Sohier / FTV