En septembre 2018, l'école primaire de Ponthoile dans la Somme n'a pas accueilli ses 28 élèves. Pas assez, selon le rectorat d'Amiens, qui l'a fermée. Trois parents d'élèves ont attaqué cette décision devant le tribunal administratif.
Au printemps 2018, l'école de Ponthoile dans la Somme figure sur la liste des fermetures décidées par le rectorat d'Amiens pour la rentrée scolaire suivante : elle ne compte plus que 28 élèves, répartis en deux classes. Considérée en sous-effectif, elle fera l'objet d'un rapprochement avec les écoles voisines. Malgré une forte mobilisation, l'école ne rouvre pas en septembre 2018.
Une décision qui ne passe pas auprès de trois parents d'élèves. Avec le maire de la commune, ils décident d'assigner le rectorat devant le tribunal administratif d'Amiens pour "vices de forme, erreurs de droits et erreurs d'appréciation". Pour les accompagner dans cette démarche, ils ont fait appel à l'Association nationale pour la promotion de l'école rurale, située dans les Hautes-Alpes. "C'est quand une école ferme malgré les recours et la mobilisation des parents qu'on intervient, explique son président Lionel Paillardin. Notre truc, c'est d'aller devant les tribunaux administratifs."
Jusqu'à deux heures de car
Valérie Mairesse est l'une des parents d'élèves qui ont saisi le tribunal administratif. Elle n'habite pas Ponthoile, mais à 5 cinq kilomètres, à Forest-Montiers. Scolariser ses trois enfants à Ponthoile, c'est un choix. "Normalement, ils auraient dû aller à Nouvion-en-Ponthieu. Mais l'école ne prenait pas les moins de trois ans. Et mon deuxième fils avait besoin d'être scolarisé. Je l'y ai inscrit avec son frère aîné. Et ma fille ensuite", explique-t-elle.
Quand l'école a fermé, son fils cadet était en CE2. "Il lui restait deux ans à faire, déplore la maman. Avec la fermeture, j'ai dû le mettre avec sa soeur à l'école de Nouvion-en-Ponthieu. Comlme la majorité des autres enfants de l'école de Ponthoile. C'est à six kilomètres. Les élèves doivent prendre le car." Et pour certains, le temps de trajet dans une journée peut aller jusqu'à deux heures.
Une erreur de droit ?
Valérie s'est opposée à la fermeture de l'école de Ponthoile, parce que les arguments avancés par le rectorat n'étaient, selon elle, pas honnêtes : "le dossier a été présenté au Conseil départemental de l'éducation nationale (CDEN, instance consultative qui participe à l'élaboration de la carte scolaire, ndlr) avec un chiffre d'effectifs qui ne correspondait pas à la réalité, déplore-t-elle. Le rectorat disait qu'il n'y aurait que 24 élèves à la rentrée suivante. Il disait aussi, que si une seule classe était fermée, la qualité de l'enseignement s'en ressentirait. Or, les effectifs prévisionnels étaient de 30 enfants inscrits". De quoi maintenir les deux classes.
Et c'est précisément ce point qui a été attaqué devant le tribunal administratif. "L'administration n'a pas respecté certaines dispositions du code de l'éducation. Notamment l'article 211-9, explique Lionel Paillardin de l'Association nationale pour la promotion de l'école rurale. Selon cet article, pour une école rurale à deux classes comme celle Ponthoile, s'il y a plus de 22 élèves, obligation est faite de laisser une classe. Et là, le recteur a fermé les deux classes alors qu'il y avait 30 inscrits. Il n'avait le droit de n'en fermer qu'une."
Après l'annonce de la fermeture, un référé devant le tribunal administratif d'Amiens a été déposé pour que la décision soit suspendue en urgence. Il a été rejeté. Valérie Mairesse a donc décidé de s'associer à d'autres parents d'élèves pour demander l'annulation pure et simple de la fermeture.
Décision mi-janvier
L'audience a eu lieu jeudi 19 décembre. "Il y a eu du bon et du moins bon, selon Valérie Mairesse. Le rapport public a dit que rien ne justifie une réouverture. On a exposé nos arguments au juge. On a surtout revu les erreurs de droit. M. le maire a évoqué les impacts pour la commune qui a perdu de l'attractivité parce qu'il n'y a plus d'école. Les échanges ont été postifs. Maintenant ils vont rééxaminer le dossier. Je sais que certains parents d'élèves ont baissé les bras et n'espèrent plus. Mais je garde espoir tant que la dernière décision n'a pas été rendue".
Une décision qui a été mise en délibéré à mi-janvier.
"Si c'est négatif, ce sera encore un coup dur ; pour moi, mais surtout pour mes enfants. Il y a le suivi scolaire : la classe de mon fils à Nouvion compte 27 ou 28 élèves, alors qu'à Ponthoile, il était dans une classe à quatre niveaux, mais avec seulement quinze élèves. Et l'école de Ponthoile leur manque. L'ambiance, les copains. Même s'ils se sont intégrés à Nouvion, je sens que ce n'est pas pareil."