PORTRAIT. Cédric Blomme et Eric Chitcatt : le duo picard à l’assaut de la CAN 2022 avec la sélection féminine de football du Maroc

Cédric Blomme et Eric Chitcatt sont membres du staff de la sélection féminine de football du Maroc, le premier en tant que préparateur physique, le second comme préparateur mental. Ils s’apprêtent, avec les Lionnes de l’Atlas, à jouer la Coupe d'Afrique des Nations à domicile. Nous avons rencontré le duo picard sous le soleil de Rabat lors d’un stage de la sélection.

À plus d’une heure du coup d’envoi d’un match de préparation contre la Gambie, Eric Chitcatt est le premier à venir découvrir la pelouse du complexe sportif Prince Moulay Abdellah de Rabat. Nouvel écusson sur la poitrine, l’artiste de 52 ans arrive sourire aux lèvres.

L’Albertin entend profiter à fond de son aventure marocaine, dans le staff de la sélection féminine, après plusieurs années passées loin du ballon rond. "Il y a beaucoup d’excitation parce que je suis content de retrouver le foot. J’ai vécu près de 5 ans avec le staff de l’Amiens SC. Là, depuis quatre ans, j’étais au hockey sur glace. De retrouver le foot, ça me fait du bien", se réjouit-il.

Deux arrivées à un an d’intervalle

Il a rejoint le staff en février dernier, un an tout juste après un autre Picard, Cédric Blomme, Amiénois d’origine. Lui aussi a quitté l’Hexagone et traversé la Méditerranée, motivé par la qualité du projet sportif. "Il y a de gros moyens investis sur les plans humains et financiers pour développer le football féminin au Maroc", assure le préparateur physique de 43 ans.

Cédric Blomme a connu au cours de sa carrière professionnelle plusieurs clubs de Ligue 1 et de Ligue 2, parmi lesquels Le Mans, Sochaux ou encore Nancy : "c’est un nouveau challenge pour moi parce que c’est un nouveau public. Je n’avais fait que du foot masculin. Là, je dois m’adapter aux spécificités athlétiques et physiologiques des filles. C’est super enrichissant".

Ce soir-là, le 7 avril dernier, tous deux assistent depuis le banc à la balade de santé de leurs joueuses. Une victoire sans appel 6 buts à 1, face à un adversaire limité. "C’est très enivrant, il y a plein de passion et comme je dis souvent aux sportifs que j’accompagne... Voilà, je n’ai plus les jambes pour jouer donc le plaisir, je le trouve avec eux", glisse Eric Chitcatt.

Des installations hors du commun

Fort de son expérience à l’Amiens SC, Eric pose ses valises à Rabat en tant que préparateur mental. "C’est parti grâce à des vidéos réalisées avec le hockey sur glace. L’académie du Maroc m’a contacté. C’est ensuite remonté à la direction de la performance, menée par un autre amiénois, Christophe Manœuvrier. On m’a sollicité pour rejoindre l’équipe féminine et puis voilà, l’aventure a débuté", détaille celui qui connaît, à 52 ans, sa première expérience au sein d’une sélection nationale.

Cédric Blomme, de son côté, a déjà connu deux piges hors de France. La première en Chine, et la seconde au Qatar. Cette expérience a convaincu le sélectionneur français Reynald Pedros de faire appel à lui. "Je voulais un préparateur physique qui avait connu l’étranger. L’expérience du haut niveau est très importante, l’exigence aussi. Nos joueuses ont besoin de règles, de discipline pour bien travailler", explique l’ancien international tricolore aux 25 capes dans les années 90.

À leur arrivée à Rabat, ils découvrent le complexe sportif Mohamed VI, sorte de Clairefontaine local, situé à seulement une dizaine de kilomètres de la capitale marocaine.

L'impressionnant centre sportif, inauguré par le roi en 2019, s'étend sur près de 30 hectares. Il fait partie des plus modernes du monde. Ici, l’équipement est dernier cri, flambant neuf.

"On est dans un cadre de travail exceptionnel. Je pense qu’il n’y a pas beaucoup de centres avec une telle structure. Même en France, dans les plus gros clubs de Ligue 1, il n’y a pas d’équivalent", sourit l’Amiénois.

©Jean-Louis Croci / FTV

Eric Chitcatt profite aussi de la qualité des installations. L’Albertin propose plusieurs ateliers pour améliorer les fonctions cognitives des joueuses, notamment leur réactivité. "L’idée est de les habituer à prendre l’information rapidement, pour pouvoir tout de suite agir, réagir, réaliser l’action adéquate par rapport à une situation donnée. Coordination œil-main, ici, coordination œil-pied, main gauche-main droite, pied gauche-pied droit", précise-t-il.

Une expérience européenne bienvenue auprès des joueuses

Ce rôle reste encore méconnu du grand public, mais pour le sélectionneur Reynald Pedros, qui a validé la venue du Picard dans le staff, il est pourtant essentiel. "Ça met en alerte toutes les joueuses, ça les fait progresser. C’est un travail très complémentaire avec le nôtre, celui du terrain. Si ça devient répétitif, les joueuses vont anticiper beaucoup plus de choses, notamment à l’entraînement et ça, c’est primordial."

Les joueuses, elles, reconnaissent pour la plupart ne pas connaître jusqu’ici la préparation mentale. Elles abordent cette nouvelle approche avec curiosité. "C’est une belle découverte. Je vois la différence en séance. Par exemple, entre le 1er passage et le suivant, on sent tout de suite qu’on est plus réactives, plus attentives, plus rapides. Je pense que sur le long terme, ça peut apporter beaucoup sur le terrain", affirme Salma Amani, meneuse de jeu des Lionnes de l’Atlas, licenciée à l’US Malo, club de 2e division française.

Objectif de la CAN : être dans le dernier carré

La joueuse de 32 ans se réjouit de l’arrivée des deux Picards dans le staff. "Il y a une certaine différence entre le foot marocain et le foot européen, donc ça ne peut qu’être bon pour le groupe. Ils apportent leur expérience", précise-t-elle.

Une vision abondée par Reynald Pedros, très satisfait des deux hommes. "Il y a pas mal de gens du Nord dans le staff donc ça m’inquiétait au départ (rires)… Mais bon, les gens du Nord sont chaleureux donc ça va… Je suis très heureux que mon staff soit là parce qu’on s’entend très bien en dehors", s’amuse l’Orléanais de naissance.

Une bonne ambiance de travail idéale à l’approche de grands enjeux sportifs. Le Maroc accueille sa Coupe d’Afrique des Nations, du 2 au 23 juillet. Ce rendez-vous marque un premier tournant dans l’aventure marocaine de nos deux Picards.

Les Lionnes de l’Atlas visent une place dans le dernier carré de la compétition, jouée à domicile. Ce résultat permettrait d’être directement qualifié pour la Coupe du monde en Australie et en Nouvelle-Zélande, en 2023. Un nouveau défi en perspective pour Cédric et Eric, toujours plus loin de la Picardie.

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