Avec le confinement, Aurore Davergne et son mari Benoît, éleveurs laitiers à Tours-en-Vimeu dans la Somme ont vu leur carnet de commandes exploser. Avec la mise en place du drive fermier réunissant une dizaine de producteurs, la vente directe a séduit une nouvelle clientèle, qu'ils espèrent garder.
Le rythme n'est plus le même. Depuis plus de deux mois, Aurore Davergne et son mari Benoît organisent leur semaine en fonction des commandes. "Le mardi, j'arrête les réservations. Ensuite, on va chercher les produits chez les producteurs. Le vendredi on prépare les commandes et le samedi, on distribue", détaille Aurore.
Lorsqu'on lui demande s'ils parviennent à tout gérer en plus de leur travail, Aurore esquisse un sourire. "On essaye !", lance-t-elle.
Le couple, éleveurs de vaches laitières à Tours-en-Vimeu dans la Somme, faisait déjà de la vente directe de viande et de lait sur l'exploitation familiale depuis trois ans. Mais avec le confinement, le drive fermier a pris une autre tournure. "On avait l'habitude déjà de travailler avec des maraîchers locaux, puis on a décidé d'appeler d'autres producteurs", explique l'agricultrice.
Un chocolatier, une productrice de miel, un producteur de cidre et même une fabricante de cosmétique. Au total, une dizaine de producteurs de la Somme vendent leurs produits par l'intermédiaire du drive fermier d'Aurore et Benoît. "Et il y en a encore qui s'ajoutent ! Certains nous contactent même directement après avoir entendu parler du drive", confie Aurore.
"On est passé de 20 à 250 commandes"
Viande, lait, légumes, chocolats, miel, pain d'épice, poisson, cidre, jus de pomme, cosmétiques, fromage de chèvre... La liste est longue ! Et les clients nombreux. "Cela a pris un engouement assez important, on est passé de 20 à 250 commandes par semaine durant le confinement, affirme Aurore. Et on est toujours que quatre ! Mes parents, mon mari et moi."
Une sacrée logistique et une coordination entre les producteurs à gérer. "Ah ben c'est du boulot !", s'exclame-t-elle. Concrètement, les clients peuvent passer commande via la page Facebook de la ferme ou par mail. Pour certains produits, il faudra s'adresser directement au producteur concerné, qui sera présent lors de la remise des commandes le samedi. Le montant de la commande est donné à l'avance et les paiements se font par chèque ou espèce.
Lors de la distribution, le respect de la distanciation sociale est assurée, les clients n'ont pas à descendre de leur véhicule, le panier est directement déposé dans le coffre. "En général, on ne perd pas de temps, chacun sait ce qu'il a à mettre dans la voiture du client", confie l'agricultrice.
"Certains gens du village ne nous connaissaient pas"
Avec le déconfinement, si les commandes ont un peu diminué, le drive fermier ne s'est pas arrêté pour autant. "On continuera tant que les gens seront là. Ce que l'on cherche, c'est de vivre de notre métier et développer le local. Cela nous tient vraiment à coeur", affirme-t-elle.Cette expérience, c'est aussi l'occasion pour les producteurs de se réunir et de s'entraider. "Si pour certains, on avait l'habitude de faire les marchés ensemble, pour d'autres on ne se connaissait pas, cela permet de travailler ensemble, par exemple la fabricante de cosmétiques s'est mise à tranformer notre lait pour faire des savons à base de lait de vache", raconte Aurore.
Lors du confinement, la famille a pu également découvrir une nouvelle clientèle, pas si lointaine... "C'est malheureux à dire mais on est dans un petit village de 900 habitants, les gens de Tours on en voyait très peu finalement... Et pendant le confinement, on a vu des gens du village, certains ne nous connaissaient pas, assure-t-elle. Vous savez ici à part la boulangerie, il y a plus de commerce, je pense vraiment que le drive a permis de redynamiser la vie du village. Et puis les gens recherchent du local, des produits de qualité et se rendent compte que ce n'est pas plus cher de ça. Finalement tout le monde s'y retrouve."