TEMOIGNAGE. Ajax-LOSC : un supporter DVE raconte sa soirée, "menotté, en cellule, sans voir le match... pour rien"

Hugo, 16 ans, supporter du LOSC, a vécu une journée et une soirée cauchemardesque à Amsterdam. Il raconte.

Hugo, 16 ans, pensait vivre une grande journée de Ligue des champions. Il a vécu un cauchemar, menotté, impuissant et apeuré... Comme 300 autres supporters du LOSC, il été interpellé par la police d'Amsterdam pour des violences présumées commises dans le métro en début d'après-midi.
 
"Ça a commencé à 13h30. On venait d'arriver à Amsterdam avec notre bus de la section DVE (Dogues Virages Est). On a voulu prendre le métro proche du stade pour aller en centre-ville. L'ambiance était super. Tout le monde chantait, rigolait... On attend 20-25 minutes : pas de métro. Des supporters sont allés sur les voies pour prendre des photos du groupe. Il n'y avait aucun fumigène (NDLR : la police nééerlandaise affirme le contraire), rien..."

La situation se complique quelques minutes plus tard quand des policers casqués arrivent en nombre. Ils encerclent les supporters "Moi, avec un petit groupe, on ne voulait pas d'embrouille, on s'est écarté. Mais certains ont voulu forcer le passage. On ne comprenait pas pourquoi les policiers ne voulaient pas nous laisser partir. Au bout d'un moment, ils nous mettent juste devant la station de métro. Ils nous filment, nous prennent en photo. Aucune explication. On ne sait pas ce qui nous arrive."
 

"On nous met les menottes"


Plus tard, les supporters lillois comprendront que certains ont bloqué le métro en allant sur les voies, ce qui a visiblement irrité les autorités néerlandaises. Au cours des altercations avec les policiers, des vitres ont également été brisées dans le métro. 

Hugo et ses amis sont ensuite sortis de force devant la station de métro, encerclés par les policiers. "On attend 3 heures, bloqués là. Ils sortent les personnes une par une. Deux policiers par personne qui nous tiennent par le bras et nous emmènent dans un bus. On suppose alors qu'on va aller au stade, escortés. On se dit : "Au moins tant pis, si on est bloqués 6 heures au stade..."

Mais cela ne va pas se passer comme ça : "Je suis plaqué contre le bus. Je suis fouillé. On nous met les menottes. Hyper serrées : j'ai encore les marques aujourd'hui. Dans le bus, on est les uns sur les autres, très nombreux. On n'a toujours aucune explication. Mais à ce moment-là, j'avais encore un espoir. Je me suis dit : "Ils ne vont pas mettre 300 personnes en garde à vue alors que la plupart n'ont rien fait. Ils veulent nous faire peur..."
 

Mais le bus passe devant le stade et ne s'arrête pas. "On arrive au poste de police. Et on attend 3h dans le bus. Pas d'eau, pas de nourriture. On ne sait toujours pas ce qu'ils veulent."

Il est 18h30 et Hugo a encore espoir de voir le match : "Je me disais : "S'il le faut, je courrai jusqu'au stade..." Toutes les 10 minutes, un supporter est extrait du bus et emmené à l'intérieur du poste de police. 
 

"J'ai peur"


"Là, on nous fait tenir un papier avec un numéro et on nous prend en photo. Avec capuche, sans capuche, sans pull... On est déshabillé en partie. On suit un policier qui nous emmène en cellule."

Hugo est mineur. Il n'est pas dans la même cellule que les autres. Son père qui a fait le déplacement avec un autre groupe tente de le faire libérer. Impossible. "Pendant 3 heures, je suis tout seul. J'ai peur, très peur. Au bout d'une heure et demi, je me suis endormi. Je pensais passer la nuit là."
 

Puis vers 23h15, un policier vient le chercher et sans rien dire, le libère. "On a raté le match. On a payé 115 euros pour aller en garde à vue." Un mauvais souvenir et beaucoup de rancoeur : "On n'a strictement rien fait. J'en veux à ceux qui ont donné l'ordre de faire ça... J'en veux aussi au LOSC qui a eu zero réaction. Aucun geste. Ils nous font passer pour des délinquants. Je ne comprends pas."

La police néerlandaise a finalement placé dans la nuit de mardi à mercredi 8 supporters lillois en garde à vue pour violences dans l'espace public. Près de 3000 supporters des Dogues avaient fait le court déplacement.
 

Hugo, lui, conclut avant de repartir en cours au lycée pour "penser à autre chose" : "Ça ne m'empêchera pas de retourner voir des matchs même si j'en garde un mauvais souvenir. J'espère que ça ne m'arrivera plus jamais." 


 
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