Le jury a suivi les réquisitions du parquet.
"Lâche", "dangereux" et sans la moindre "compassion" : le djihadiste nordiste Mehdi Nemmouche a été condamné, dans la nuit de lundi 11 à mardi 12 mars, à la réclusion criminelle à perpétuité, conformément aux réquisitions du parquet, pour les quatre "assassinats terroristes" commis en 2014 au musée juif de la capitale belge.Dans ses motivations, la cour d'assises a fustigé l'"absence absolue de regrets" du Roubaisien Nemmouche à l'égard des victimes, dont "il n'a jamais parlé" et "n'a pas hésité a salir la mémoire pour le seul besoin d'accréditer son prétendu piège".
Pas d'appel possible
Ce verdict, qui ne peut faire l'objet d'aucun appel mais uniquement d'un pourvoi en cassation sous 15 jours. Il marque le dernier jour d'un procès de deux mois à la cour d'assises de Bruxelles. Un procès historique, puisqu'il s'agit du premier pour une attaque terroriste commise sur le sol européen.
Le 24 mai 2014, au musée juif de Bruxelles, Mehdi Nemmouche a donc assassiné froidement deux touristes israéliens, un jeune employé belge et une bénévole française. Il avait été interpellé trois jours plus tard dans un bus à Marseille.
"La vie continue"
Mehdi Nemmouche, silencieux pendant une bonne partie du procès, avait lancé une ultime provocation ce lundi en déclarant à la cour que "la vie continue", en souriant.
L'avocat général Yves Moreau avait qualifié l'accusé de "psychopathe" et vilipendé : "M. Nemmouche, vous n'êtes qu'un lâche, vous tuez des gens en leur tirant dessus par derrière, vous tuez des dames âgées en leur tirant dessus à l'arme de guerre, vous tuez car cela vous fait plaisir de tuer et parce que vous savez que vous ne prenez aucun risque."
L'étrange défense de Nemmouche
Mehdi Nemmouche avait été déclaré coupable jeudi. Au cours de ces deux mois, l'accusé a nié les faits, se disant "piégé", conformément à la stratégie de sa défense qui a assuré, depuis le début de l'audience le 10 janvier, que la tuerie n'était pas un acte terroriste. Pour Me Sébastien Courtoy, il s'agissait d'une exécution ciblée d'agents du Mossad (les services secrets israéliens) par des Iraniens ou des Libanais, qui auraient fait de Nemmouche un bouc émissaire.
La cour avait indiqué dans son arrêt, jeudi que "l'existence d'un piège n'est pas avancée avec suffisamment de vraisemblance et de crédibilité et doit donc être écartée".
Son coaccusé condamné
Quant à son coaccusé Nacer Bendrer, soupçonné de lui avoir fourni les armes (le revolver et la kalachnikov) ayant servi à la tuerie, il a été condamné à une peine de 15 ans de réclusion. "J'ai vraiment honte d'avoir croisé ce mec", a affirmé lundi le délinquant marseillais, qui avait connu Nemmouche en prison il y a dix ans. "C'est un monstre, un fils de pute né", a-t-il ajouté.
La cour avait estimé jeudi que "l'aide fournie par Nacer Bendrer porte un caractère indispensable" et "qu'il avait parfaitement connaissance du projet terroriste" du Roubaisien.
Les peines infligée à Nemmouche et Bendrer ont été assorties d'"une mise à disposition" à la justice pour une durée de 15 ans pour le premier, de 5 ans pour le second. Cette mesure permet une surveillance judiciaire au-delà de la peine principale.
Les 12 jurés avaient estimé dès jeudi que Nemmouche, 33 ans, et Bendrer, 30 ans, étaient tous deux auteurs de la tuerie, mais ce n'est que lundi, après un dernier débat entre accusation et défense, que les peines, qui seront purgées en France, ont été prononcées.