Histoire d’une famille recomposée renforcée par le confinement



Solène partage sa vie avec Marie et ses trois enfants, Aloïs, Ysée et Théophane. Une petite tribu recomposée heureuse, qui profite du confinement pour permettre à chacun.e de renforcer ses liens.

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"Le confinement offre plus de temps à partager en famille, donc plus d’instants intimes, de difficultés, et de joies. Cette période dense et intense demande une adaptation permanente, une vigilance, pour que chacun puisse s’exprimer et trouve sa place",  confie Marie, d’une voix sereine. Mère d’ Aloïs, douze ans, Ysée, dix ans et Théophane, cinq ans, elle partage sa vie avec Solène. C’est l’histoire d’une famille recomposée que le confinement a renforcée.  
 

 

Concilier vie de famille, travail et aspirations personnelles


"Nous sommes privilégiées, confie Marie. Nous habitons dans un grand appartement, en plein centre de Lyon, où chacun a son espace de vie. Et le confinement n’a pas eu d’impact sur nos ressources économiques." 
Une semaine sur deux, les deux femmes vivent avec les trois enfants de Marie. Aloïs, Ysée et Théophane sont en garde partagée, avec leur père, depuis la rencontre amoureuse de Marie et Solène, il y trois ans.  
Le confinement a amené les deux femmes à organiser une nouvelle vie de famille, en fonction de leurs occupations professionnelles, et leurs aspirations personnelles. 
Toutes les deux travaillent pour La Commune, lieu d’échanges culturels et accélérateur de concepts culinaires. Solène est responsable de la programmation des évènements. Marie, directrice des lieux.  
Les deux premières semaines de confinement, Marie doit travailler intensément pour organiser le chômage partiel et trouver des solutions économiques pour les 40 salariés et les entrepreneurs indépendants qui collaborent avec la société : "concilier les enjeux majeurs de mon entreprise et les réalités de notre foyer a été difficile". Solène, elle ne télé-travaille que 10% de son temps. Naturellement, c’est donc elle qui accompagne les trois enfants de sa compagne, pendant  ces longues journées de confinement.
  


Un cadre pour rythmer les journées 


Solène a instauré un cadre de vie rythmé pour  les enfants, afin que chacun.e puisse se retrouver, et avoir son espace temps.
A midi, après avoir travaillé, c’est plutôt Marie qui cuisine, avant de déjeuner avec ses enfants. Solène, elle s'éclipse :” j’ai besoin de calme. Les repas génèrent trop de bruit pour moi car j’ai une hypersensibilité auditive.” 
Puis vient un temps calme, pendant lequel les enfants vaquent chacun.e à leurs occupations. Marie et Solène peuvent ainsi partager ce moment, toutes les deux, en profiter pour discuter.
A 16 heures, pendant que Solène s’octroie un autre moment pour elle, c’est la sortie quotidienne pour Marie et ses enfants : ”l’occasion de découvrir les  recoins du quartier, à pied, à vélo et à trottinette . C’est Théophane,  5 ans, qui guide son frère et sa soeur au gré de ses explorations urbaines.”
Au retour, les enfants ont le droit à leur film de la journée, limitation des écrans oblige, avant le bain. Le soir, pas de changement dans les horaires de coucher : "finalement, comme les enfants connaissent leur programme, ils ne voient pas passer le temps et sont fatigués le soir, comme en temps normal, confie Marie,

je profite à 300 % du temps passé avec mes enfants.

Je partage avec eux les activités que j’aime. Solène elle, les accompagne dans leurs devoirs.”


Un rôle éducatif visible grâce au confinement


 "J’ai toujours été proche d’eux et j’aime beaucoup transmettre. Je suis pédagogue et patiente, raconte Solène. C’est vraiment un plaisir pour moi de leur faire faire leur devoirs”. De neuf heures à midi, la jeune femme devient passeuse de savoirs. Une continuité naturelle de ce qu’elle accompli déjà, en temps habituel.  
Ce confinement est une opportunité salutaire : "Avant je n’avais pas de relation directe avec les enseignants. A l’occasion du confinement, le leur ai demandé de m’envoyer les devoirs. Ce qui a officialisé mon rôle éducatif. Et je pense que c’est important. D’autant qu’Ysée n’ose pas encore dire qui je suis réellement à son institutrice." 
Les deux femmes en sont convaincues :

"le covid permet de donner de la visibilité à ce qui se passe dans leur foyer." 

Solène espère que cela permettra de rassurer les enfants. 
 



Un couple mieux accepté au sein de la famille


Pour Aloïs, Ysée et Théophane, l’homosexualité de leur mère n’est pas un sujet : "ils voient que je suis heureuse avec Solène, c’est l’essentiel". Mais Solène doit trouver sa place, peu à peu. Une place qui doit être aussi reconnue par le père des enfants, afin d'être légitimée, de renforcer ses liens avec eux.  
Pour favoriser une continuité entre les semaines, pendant le confinement, il a fallu discuter davantage avec leur papa :"j'ai instauré un briefing sur l’avancement des devoirs des enfants avec lui, explique Solène. Il peut ainsi matérialiser et comprendre la place que j’occupe avec ses enfants, ce que je leur apporte. Et comme les enfants voient que je parle avec leur père,

cela consolide mes liens avec eux.”

Cela  donne ainsi à Solène, une légitimité : "j’espère que cela  jouera de façon positive par la suite." 

 
Le confinement a sans doute permis aux deux femmes d’être mieux acceptées, en tant que couple de lesbienne, au sein de la famille de Marie, de ses parents :  "on a saisi les  occasions de ce nouveau quotidien pour créer du lien . Je leur envoie régulièrement des vidéos des enfants pendant le temps des devoirs. On fait des facetime et ainsi, avec le temps, on apprend à se connaître", raconte Solène. 
Cette période lui permet d’acquérir une certaine confiance au sein de la famille : " j’ai pu  trouvé ma place en accord avec ma façon de fonctionner."


Un moment charnière salutaire pour imaginer l’avenir


Cette période de confinement, les deux femmes la vivent comme un présent. Elles savourent ce temps suspendu, ensemble, pour  se retrouver, écouter des podcast, regarder de bons films, pratiquer le yoga,  et surtout, réfléchir à leurs projets de changement de vie : "cela nous offre l’opportunité de prendre conscience de nos besoins, nos aspirations mutuelles", confie Marie.

Solène voudrait changer de métier, pour s’orienter vers un métier plus humaniste, comme l’aide aux personnes. 
Pour Marie, ce confinement arrive au bon moment : "l’année de mes 40 ans, un moment charnière, pour construire ma vie dans la dizaine d’années à venir." Elle a l’intention de quitter son emploi de manager, trop prenant. Aussi auto-entrepreneuse, elle envisage de relancer son activité d’accompagnement d’entreprises. Mais ce qui l’occupe pleinement pendant ce confinement, c’est son investissement dans un projet engagé.

Les deux femmes aimeraient  se rapprocher de la nature : on voudrait habiter à la campagne d’ici 10 ans, mais avec quelles sources de revenus, quel type de mode de vie? Elles y réfléchissent... 


Un projet pour renforcer la visibilité des familles homoparentales


Ce projet est  lié à son histoire, l’expérience, douloureuse, de son changement de vie, il y a trois ans : "quand je suis tombée amoureuse de Solène. Je décide de vivre mon homosexualité.

Je suis heureuse et comprends que je suis enfin moi même".

Marie est en plein divorce. A cette époque, elle est directrice adjointe d’un pôle d’enseignement supérieur dans l’enseignement catholique. Solène y est étudiante. 
La nouvelle se répand très vite dans un certain milieu traditionaliste. Des propos à caractère homophobes circulent : "notre histoire a été jetée sur la place publique sur les réseaux sociaux."
Ses enfants ne sont pas épargnés. Eux aussi font l’objet de moqueries à l’école : "c’est hyper fragilisant. Il y a une méconnaissance de ce qui est considéré comme différent. S’il y avait eu plus d’information de visibilité, il y aurait eu plus de compréhension et d’acceptation, à l’égard des enfants."  Ce qui manque, selon elle,  "c’est un réseau qui permette d’accompagner tous les enfants dans l’acceptation, et donne un outil de défense à ceux qui y sont confrontés."
 

Un hub numérique sur l’homoparentalité


 L’idée de Marie : créer un hub numérique qui rassemble tous les contenus sur l’homoparentalité. Créer un collectif autour d’un incubateur de projets, pour multiplier les supports culturels donnant à voir ce qui existe sur cette thématique, et créer des contenus innovants pour aider les professionnels. Elle réfléchit aussi à l'élaboration d'un guide pratique pour répondre aux questions, transmettre des outils pour mieux accompagner ceux qui sont confrontés à des problèmes.  
Elle consacre plusieurs heures de ses journées de confinement à ce projet, avec un voeu, une ambition :

"participer au changement des mentalités,

ouvrir les esprits, et faire que les singularités de chacun deviennent une force pour construire une société plus intelligente".
Un projet qui résonne particulièrement  ce dimanche 26 avril, journée internationale de la visibilité lesbienne.
  


“Je ne mettrai pas mes enfants sous cloche”


 Le coronavirus, n’est pas l’objet de conversations récurrentes à la maison : "les enfants ont appris naturellement les gestes barrière. Mais pas question de les affoler." 
L’heure du  déconfinement approche. Le retour en classe de ses enfants n’inquiète pas Marie. Bien sûr, elle enverra ses enfants à l'école : "ma fille Ysée en a besoin pour être accompagnée dans sa scolarité. Théophane, lui,  a besoin de ses copains."
Marie n’a pas peur du virus. L’expérience lui a appris une certaine philosophie à l'égard de la maladie : "mon fils aîné a eu des tumeurs dans le crâne à l’âge d’un an et demi. Il a été hospitalisé, sous respirateur. Si la maladie doit arriver, elle arrivera. Il faut se préparer à être réactif, car cela va durer. Mais je ne mettrai pas mes enfants sous cloche."
En attendant, la famille rêve de vacances, simples :  "j’ai de la chance, car mes parents ont une maison dans un village des Alpes. Nous pourrons donc aller passer nos vacances là haut. On rêve de nature, d’un grand bol d’air, de pouvoir faire de nouveau des câlins aux arbres."
 
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