Le président de Grenoble-Alpes métropole, Christophe Ferrari, a exprimé lundi son opposition à la modification du règlement des piscines municipales grenobloises qui pourrait conduire à l'autorisation du burkini. Le texte sera soumis au vote du conseil municipal le 16 mai.
Un "non-sujet" pour l'un, une "croisade" pour l'autre. Nouvelle levée de boucliers à l'approche du vote sur l'autorisation du burkini dans les piscines municipales grenobloises. Tandis que le maire écologiste de la ville, Eric Piolle, a réaffirmé sa volonté d'autoriser le maillot de bain islamique, le président de Grenoble-Alpes métropole exprime sa vive opposition.
"C'est un débat, une croisade qui est portée par Eric Piolle seul contre son territoire", a estimé Christophe Ferrari (ex-PS) lundi 9 mai sur le plateau de France 3 Alpes, craignant une nouvelle fracture de la gauche. "Ce débat sur le burkini divise. (…) Il divise le territoire et va même jusqu'à diviser la majorité municipale d'Eric Piolle lui-même."
"Je lui ai demandé de revenir en arrière, de reporter ce débat, je n'ai pas été entendu ni même eu de réponse à ma demande", regrette Christophe Ferrari, également maire du Pont-de-Claix, qui reste, lui, fermement opposé à l'autorisation du burkini. Cette évolution du règlement des piscines municipales n'est selon lui "demandée par personne à part quelques activistes qui considèrent ce débat comme essentiel alors qu'il ne l'est pas."
La question de l'autorisation du maillot de bain islamique revient régulièrement dans le débat à Grenoble, portée par les actions militantes de l'association Alliance citoyenne. Eric Piolle soutient cette modification du règlement pour, dit-il, "assurer l'égalité d'accès aux services publics et la liberté de se vêtir ou se dévêtir, dans le respect de l'hygiène et de la sécurité".
Une pétition et deux manifestations
Pour l'édile écologiste, "le burkini est un non-sujet". Le conseil municipal du 16 mai promet pourtant de vifs débats. Une partie de l'opposition, portée par l'ancien maire Alain Carignon, s'oppose farouchement au texte et appelle ses détracteurs à manifester le jour du vote. Pour lui, "Eric Piolle poursuit sa dérive politique et islamiste. Il n'est plus la solution, il est le problème."
Les partisans de l'autorisation du burkini se réuniront le même jour à l'appel d'Alliance citoyenne. L'association prépare une retransmission du conseil municipal en direct dans une salle et invite ses soutiens à venir assister "au dénouement de ces trois années de lutte".
Avant l'opposition de Christophe Ferrari, la délibération autour du burkini a provoqué l'ire du président (LR) de la région Auvergne-Rhône-Alpes Laurent Wauquiez qui menace de priver la ville de subventions régionales.
Une pétition rassemblant plus de 1 800 signatures dénonce par ailleurs "une attaque indirecte contre l'égalité femmes-hommes" et exige la suppression de ce point de l'ordre du jour du conseil municipal. Si elle est votée, la modification de règlement entrerait en vigueur "dès le 1er juin", juste à temps pour l'ouverture estivale des piscines municipales.