L'État a débloqué 35 millions d'euros pour remettre en état les ponts des petites communes. En Dordogne, le département surveille aussi un millier d'ouvrages d'art. Pourtant, certains ponts délabrés n'ont droit à aucune aide, au grand dam des maires qui en sont responsables
Mauricette Belly est inquiète. La maire du petit village de Lussas-et-Nontronneau, moins de 300 habitants au nord-est de la Dordogne, se fait du souci pour un petit pont de pierre de sa commune, perdu dans la verdure. C'est un joli pont, trapu, maçonné, aux rambardes de fer qui respire la solidité. Pourtant, l'édifice n'est plus de la première jeunesse. Et s'il n'est plus guère emprunté par la foule, il l'est encore par les engins agricoles. Des véhicules de plus en plus lourds pour lesquels il n'a pas été conçu. Or madame la maire est responsable de la sécurité de ses administrés et elle est aussi tenue d'entretenir le patrimoine bâti de sa commune.
35 millions d'euros pour les petits ponts français
Ils sont des milliers de maires de petites communes de moins de 10 000 habitants à se retrouver dans cette situation. Pour eux, l'État a débloqué en septembre dernier une enveloppe de 35 millions d'euros sur la période 2023-2025, destinée à " réaliser les travaux de réparations de leurs ouvrages les plus dégradés et notamment ceux présentant un enjeu majeur vis-à-vis de la sécurité des usagers et de la continuité des dessertes locales". Une aide qui peut représenter jusqu'à 60 % des dépenses.
Quand les ponts appellent à l'aide
Reste que, même avec des aides, les communes n'ont pas toujours les moyens d'engager les travaux nécessaires, et que bien souvent leurs ponts, comme celui de Lussas-et-Nontronneau, ne sont même pas éligibles au programme national Ponts Travaux.
Le budget ne permet pas de remettre en état tous ces ouvrages d'art !
Mauricette Belly
Maire de Lussas-et-Nontronneau
"Il faut savoir que la commune de Lussas-et-Nontronneau compte environ une dizaine d'ouvrages d'art, aqueducs, murs de soutènement, ponts, passerelles, et j'avoue que le budget ne permet pas de remettre en état tous ces ouvrages d'art", soupire Mauricette Belly.
Les ponts départementaux
À quelques dizaines de kilomètres de là, changement d'ambiance. Le pont de Cherveix-Cubas qui surplombe l'Auvézère fait l'objet de tous les soins. Étanchéité, renforcement, ravalement, les ouvriers s'activent pour une remise en état nécessaire. Ici, c'est le département qui est maître d'œuvre. Chaque année, le Conseil Départemental scrute scrupuleusement un millier d'ouvrages d'art qui sont sous sa responsabilité. Une enveloppe de 3 millions d'euros est spécifiquement dédiée à ces entretiens courants, elle est utilisée en fonction des besoins les plus urgents.
Pour les opérations d'envergure, comme c'est le cas pour le pont de Groléjac,Priv totalement remanié jusqu'au printemps 2024, c'est une enveloppe spécifique qui est allouée. Dans ce cas précis, une opération à 12 millions d'euros. Une somme à faire rêver madame la maire de Lussas-et-Nontronneau.