Rodrigo Garcia veut connecter le Théâtre des 13 Vents de Montpellier

Le metteur en scène hispano-argentin, Rodrigo Garcia, nouveau directeur du Théâtre des 13 Vents à Montpellier est décidé à bousculer les traditions en présentant notamment des pièces où le numérique et l'interactivité sont des éléments primordiaux.

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Sa programmation de la prochaine saison n'est pas encore bouclée. Mais sa philosophie est déjà claire et les spectacles futurs sortiront des sentiers battus. Car il n'est pas question pour le Prix Europe 2009 de l'UNESCO pour le théâtre, auteur de pièces engagées, voire polémistes ou pamphlétaires, de se fondre dans un moule.

"Je ne sais pas faire autre chose", dit celui qui ne laisse jamais indifférent.
En décembre 2011 la présentation de sa pièce "Golgota Picnic" avait suscité à Paris la polémique. 2.000 à 4.000 catholiques traditionalistes avaient défilé dans les rues, selon les sources.

A 50 ans, l'homme aux petites lunettes refuse de s'assagir. "Il faut vraiment agrandir l'idée d'un Centre dramatique national (CDN). Si l'idée est seulement de montrer des spectacles, il valait mieux choisir un autre directeur. Moi ça ne
m'intéressait pas", lance-t-il, en espagnol car il ne parle pas encore assez bien le français.
Le pilier du projet qui lui a valu sa nomination surprise aux dépens des trois autres candidats (Christine Letailleur, Cyril Teste, Marion Aubert) c'est son intention de faire du CDN "un pole de création européenne" avec un "département numérique" et "un laboratoire de recherches". Le tout en lien avec l'université de Montpellier.

Pour réaliser cet objectif, un spécialiste du numérique a été embauché. A charge pour lui de bosser sur les créations de Garcia mais aussi sur celles de tous les artistes invités.

"Parmi les gens que je vais soutenir et avec lesquels je vais travailler il y en a beaucoup qui accordent de l'importance à l'aspect numérique. Mes pièces sont souvent connectées à des choses liées à la technologie. J'ai envie d'approfondir cet aspect-là", explique le natif de Buenos-Aires, arrivé en Espagne en 1986.



Avec quel objectif à terme ? "On peut imaginer tout ce qu'on veut tant qu'on ne perd pas le contact avec le contenu", répond M. Garcia qui n'écarte pas de proposer une pièce interactive entre le spectateur équipée d'une tablette et l'acteur.
"Quand on parle technologie, je n'oublie jamais qu'il y a toujours des acteurs en relation avec le public. Si la technologie peut nous aider à soutenir la communication, tant mieux", poursuit-il, réfutant l'idée "de défendre la technologie pour la technologie".

Outre cet aspect numérique, le théâtre vu par Rodrigo Garcia s'annonce forcément différent. "Le théâtre qui m'intéresse est difficile à cataloguer", admet-il. Il est vrai qu'il y mêle beaucoup de choses: arts plastiques, vidéo, danse, performance...
"Je vais faire aussi des choses que les gens connaissent, qui ont été au Festival d'Avignon. Je suis en contact avec d'autres patrons de CDN, par exemple Philippe Quesne à Nanterre", tempère-t-il.
Garcia souhaite aussi apporter un coup de neuf sur les acteurs. "Je veux amener des artistes qui m'intéressent et qui curieusement n'ont pratiquement pas été présentés à Montpellier", dit-il, sans donner les noms car les discussions sont en cours. "j'aime les artistes singuliers", précise-t-il sans donner la définition claire de la singularité qu'il apprécie.

En attendant, Garcia, arrivé avec un adjoint  Nicolas Roux et un collaborateur artistique, Laurent Berger a déjà embauché quatre acteurs pour être en résidence.
Il s'agit de proches, en provenance notamment de sa compagnie "Carniceria Teatro" qui "n'existe plus". "Mes créations à l'avenir seront celles du CDN", souligne-t-il.
 
Enfin, Garcia réfléchit à une meilleure collaboration avec la nouvelle directrice l'Opéra orchestre national de Montpellier (OONM) Valérie Chevalier. Dans les cartons, une sorte de commande, une création. "Je vais écrire et trouver des musiciens pour réaliser du théâtre musical car je n'ose pas appeler cela un opéra", concède-t-il. Cette création sera jouée à l'Opéra Comédie.

Reportage AFP - Rémy Zaka
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