Gardiens de la paix, officiers, commissaires, personnels administratifs… Des milliers de fonctionnaires de police sont attendus ce mercredi 2 octobre à Paris pour une grande manifestation. Une marche de la colère à l’appel d’une intersyndicale inédite depuis 2001.
Les responsables syndicaux évoquent une mobilisation jamais vue depuis 2001, et le meurtre de deux policiers au Plessis-Trévise, dans le Val-de-Marne, par un braqueur récidiviste. "Cette fois, le contexte est différent, juge David Le Bars, secrétaire général du syndicat national des commissaires de la police nationale (SCPN-Unsa, majoritaire). Il n'y a pas un fait divers déclencheur mais une vraie lame de fond." Une mobilisation sur fond de malaise de l’institution, de réforme des retraites et d’une hausse inquiétante du nombre de suicides.
Cinq points sont au cœur des revendications des policiers: l'amélioration de la qualité de vie au travail, une véritable politique sociale pour les agents du ministère de l'Intérieur, une réponse pénale réelle, efficace et dissuasive, la défense des retraites et une future loi d'orientation et de programmation ambitieuse. "Nous sommes à un tournant, estime le commissaire David Le Bars. Cette marche s'adresse à l'ensemble de la classe politique et d'abord à ceux qui sont aux manettes."
Plus de 15 000 manifestants attendus pour la « marche de la colère » des policiers mercredi à Paris ► https://t.co/skcvMqFsUa pic.twitter.com/PJTKSG4itW
— France 3 Paris (@France3Paris) September 30, 2019
Un effet "Gilets jaunes"
Locaux insalubres, matériels d’un autre âge, manque d’effectifs, épuisement, des problèmes soulevés depuis des années par les policiers mais qui se sont fait plus prégnants depuis les attentats de 2015. Et pour les syndicats, la situation s’est encore aggravée et les conditions de travail se sont nettement dégradées avec la crise des "gilets jaunes". "Les policiers sont constamment disponibles (...) Ce travail au quotidien a été complètement modifié par les mouvements des 'gilets jaunes'. Le policier qui travaillait la semaine, on lui a demandé de venir travailler le samedi", déplore Philippe Capon, secrétaire général UNSA-Police. Résultat, les policiers auraient accumulé plus de 23 millions d’heures supplémentaires non-payées. C’est avec les suicides, l’un des dossiers les plus sensibles à gérer pour le ministère de l’Intérieur.52 suicides dans la police depuis le 1er janvier
Cette marche dans un contexte tendu, intervient sur fond d’une vague de suicides sans précédent. Pour Grégory Joron, secrétaire national d'Unité SGP-FO, tous ces suicides de fonctionnaires alimentent le "malaise policier". Si le nombre de suicides chez les forces de l'ordre alarme tant, c'est parce qu'il est significativement plus élevé que dans le reste de la population. Un rapport sénatorial publié en juin 2018 relevait que le taux de suicides dans la police était supérieur de 36% à celui de la population générale.Le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, a annoncé début septembre la mise en place d’un numéro vert (0805 230 405) pour tenter d’endiguer cette vague de suicides chez les policiers. "Il n'y a pas de honte à connaître une fragilité." Selon la Direction générale de la police nationale (DGPN), ce numéro unique permettra aux fonctionnaires de la police nationale d'avoir un accès "anonyme, confidentiel et gratuit, 24 h/24 et 7 jours sur 7 aux psychologues de la plateforme". Géré par des prestataires externes, il est mis en œuvre en complément de celui du service de soutien psychologique opérationnel de la police, mis en service fin juin.
Pour lutter contre les suicides, et plus largement contre les difficultés que rencontrent nos policiers, nous avons déployé un plan d'action global.
— Christophe Castaner (@CCastaner) September 26, 2019
Nous agissons concrètement pour améliorer leurs conditions de travail : de la rémunération jusqu'aux cycles horaires. pic.twitter.com/LvFeoX56dY
Réforme des retraites
La défense des retraites est aussi au centre des préoccupations. Certaines préconisations du rapport Delevoye inquiètent en effet les syndicats : si le principe de droit au départ anticipé est maintenu (dès 52 ans dans la police), il ne le serait plus pour tous les policiers, selon la dangerosité de leurs missions. Le système de bonifications qui permettait aux policiers de gagner une annuité tous les cinq ans (dans la limite de cinq) pourrait donc être touché. Les syndicats demandent donc la création d’un "statut du policier" à l'instar de celui des militaires pour les gendarmes.à 24h00 de la grande marche de la colère policière, le ministère de l’Intérieur met de l’huile sur le feu en bafouant le droit syndical ! pic.twitter.com/KFDKrxVWbN
— UNSA POLICE (@UNSAPOLICE) October 1, 2019