Depuis la présidence Chirac, le Salon de l'agriculture est l'antichambre de l'Elysée. Cette année, il fut le théâtre d'un moment sans nul doute clé de l'élection présidentielle avec l'annonce de la probable mise en examen de François Fillon.
François Hollande : son dernier salon
Les agriculteurs sont courtisés par la majorité des candidats à la Présidentielle car traditionnellemnt ils répondent toujours présents devant les urnes. Ces électeurs au sens large représentent 8% du corps électoral, un socle qui peut faire et défaire un (e) président (e). En 2017, la symbolique a son importance, Marine Le Pen est la première présidentiable à fouler les allées du salon. La campagne a choisi. Elle pourrait voter Le Pen à 35% si l'on en croit la dernière vague de l'enquête mensuelle du Cevipof pour Le Monde et France 3 en février. Le Front National maintiendrait ses résultats des régionales de 2015.
Mardi 28 février : Marine Le Pen chez elle au salon
Protectionnisme, valorisation des circuits courts, "francisation des aides", les arguments de la présidente du Front National font mouche. A bien écouter ces déçus de la droite parlementaire, certains s'interrogent sur deux arguments de l'élue des Hauts de France, la favorite des sondages pour le premier tour : le retour au franc et le coup d'arrêt forcèment fatal porté à la politique agricole commune. La fin des aides européennes placerait les producteurs français dans une situation précaire admet Fabrice Socquet, cet éleveur savoyard, qui a chosi sa présidente.
Plus tard dans la semaine, nous avons appris la convocation par les juges de Marine Le Pen dans l'enquête sur les soupçons d'emplois fictifs concernant ses assistants au Parlement européen. Marine Le Pen a envoyé une lettre aux magistrats estimant "que les conditions de légalité, de sérénité et de confiance n'étaient pas réunies" pour qu'elle soit entendue, se réfugiant ainsi derrière son statut de parlementaire européenne et son immunité.
Une immunité mise à mal. Jeudi 2 mars, le parlement de Strasbourg vote sa levée, après une demande du parquet de Nanterre, qui avait ouvert une information judiciaire dans une autre affaire : la "diffusion d'images violentes". Marine Le Pen avait posté des images d'exactions de l'organisation terroriste Etat Islamique sur son fil twitter.
Mercredi 1er mars : Et nous avons attendu François Fillon
Mercredi 1er mars, c'est la journée François Fillon. On l'attend pour la traite du matin. Il ne vient pas. Personne ne le sait même pas son attachée de presse.Les rumeurs courent Paris. Le candidat chosi par la primaire de la droite et du centre parle à la mi-journée. Conférence lugubre, mines graves des ténors des Républicains. Le député de Paris reste, ne "se retire pas" et joue le suffrage universel contre les juges en annonçant sa probable mise en examen et sa convocation chez le juge avant le début du printemps.
Le voilà enfin, entre sifflets et "Fillon Président". Les 20 heures ont toute la dramaturgie nécessaire pour écrire le roman d'une journée clé d'une campagne inusitée.
Après une journée comme celle-là, le salon de l'agriculture restera le moment où tout a basculé. Nous en oublions presque cet électeur breton, sincère dans son choix, pour ce candidat sarthois paré pour lui de toute les vertus d'une France rurale et rassurante.
Mercredi 1er mars toujours : le tour de piste d'Emmanuel Macron
Ce mercredi là, Emmanuel Macron était lui aussi porte de Versailles. L'ancien ministre de l'économie du gouvernement Valls obtient ici son grade de candidat, les selfies pleuvent et un oeuf vole sur le crâne du candidat amiénois de "En Marche". Il n'est plus seulement l'attraction du salon.Les partisans d'Emmanuel Macron ne courent pas les allées du salon une fois la foule des curieux dissipés.L'œuf reçu par @EmmanuelMacron au salon de l'agriculteur (filmé par un visiteur)#JoiesDeLaCampagne #SIA2017 pic.twitter.com/3opgqTwNRt
— JeanBaptiste Marteau (@jbmarteau) 1 mars 2017
Jeudi 2 mars : Benoît Hamon vient défendre sa politique pour l'alimentation et l'agriculture
Jeudi Benoît Hamon est au salon. Il vient non pas pour convaincre les agriculteurs de changer de camp mais surtout pour vendre ses propositions aux citadins autour de l'alimentation et des circuits courts pour l'alimentation et l'interdiction des pesticides. Il est d'ailleurs bien difficile dans cette enceinte de trouver un agriculteur ou un éleveur favorable à la candidature du député des Yvelines. Même Arnaud Montebourg n'est pas prolixe.