Octuple infanticide de Villers-au-Tertre : Dominique Cottrez témoigne

Pour la première fois, Dominique Cottrez, qui sera jugée pour un octuple infanticide du 25 juin au 2 juillet prochain, témoigne dans La Voix du Nord. 

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Dominique Cottrez a reçu une journaliste de La Voix du Nord dans son appartement, situé à une demi-heure de Villers-au-Tertre. A une demi-heure d'un village désormais attaché à deux mots : "Octuple infanticide". C'est là que les corps de huit bébés avaient été découverts dans le jardin de ses parents et dans le garage de sa maison. Devant la juge d'instruction, Dominique Cottrez avait expliqué avoir été victime d'inceste et avoir agi par crainte que les enfants ne soient de son propre père, mort en 2007 (les analyses ADN ont finalement montré que tous les enfants étaient de son mari).

Dans cette affaire qui date de 2010, la plus importante en matière d'infanticide connue en France, après une longue bataille judiciaire sur la prescription ou non des faits, on sait désormais que le procès aura lieu du 25 juin au 2 juillet.  Après deux ans de détention provisoire, Dominique Cottrez, 50 ans, a été remise en liberté en août 2012 et placée sous contrôle judiciaire. Elle essaie depuis de reprendre une vie normale entre visites à ses enfants et petits-enfants, rendez-vous chez le psy, rangement de son appartement, et vie quotidienne avec son mari, qui est toujours resté à ses côtés. 

Chaque fois, j'espérais que le bon Dieu ferait quelque chose, un miracle.



« C'est en voyant le journal que j'ai compris l'horreur de mes actes, affirme-t-elle d'emblée. Quand on m'a arrêtée, j'ai eu peur, mais je me suis aussi sentie soulagée. Avant j'y pensais tout le temps en me demandant: Mais qu'est-ce que j'ai fait ? » Dominique Cottrez revient ensuite sur les faits : pourquoi et comment a-t-elle caché ses grossesses à sa famille, aux médecins, à ses patients ? Pourquoi n'a-t-elle parlé à personne ? "J'ai toujours été renfermée sur moi-même, j'ai toujours gardé mes petits secrets. (...) Je me sentais prise dans un engrenage: je n'avais pas d'autre solution. Chaque fois, j'espérais que le bon Dieu ferait quelque chose, un miracle. Que quelqu'un me dise: Tiens, tu es enceinte. Peut-être que j'aurais parlé, que ça m'aurait fait un déclic et qu'on m'aurait soignée. J'espérais que quelqu'un me dise ce que je devais faire. Mais c'était de pire en pire. »

Aujourd'hui, j'ai compris que ça n'était pas normal, que mon père m'avait fait beaucoup de mal.


Dominique Cottrez dit avoir été victime d'inceste dès l'âge de 8 ans. Un explication majeure de ses actes : « C'était comme enlever des bouts de moi, comme cacher les histoires avec mon père. La première fois, j'avais huit ans. Je me souviens très bien. Ça a arrêté à l'adolescence quand j'ai commencé à sortir, mais ça a repris après mon mariage. Mon père était toujours là pour moi, avec lui je pouvais parler un peu. On s'aimait... Aujourd'hui, j'ai compris que ça n'était pas normal, que mon père m'avait fait beaucoup de mal. C'est à ceux qu'on aime le plus qu'on fait le plus de mal. Moi aussi, j'ai fait du mal à mes proches, à mes filles... »

Je pense souvent à eux, surtout au premier.


Elle raconte aussi sa peur du "médical", de la contraception, du regard des médecins sur son obésité. Et termine l'interview en évoquant la façon dont elle tuait ses enfants : « Par moments, c'étaient des enfants, à d'autres non. C'était une torture. J'essayais de ne pas y penser. J'étais très prise par mon travail, ma maison, mes enfants. J'enchaînais les gestes mécaniquement, comme d'habitude, même juste après les accouchements. Il fallait travailler, faire les courses, la vie continuait... » -Donniez-vous des prénoms aux bébés ? « Jamais. Le premier, j'ai vu que c'était un garçon. Les autres, je ne regardais pas, je ne voulais pas. Mais quand ils étaient dans le garage, qu'il faisait froid, je leur mettais une couverture. Je pense souvent à eux, surtout au premier. »

Dominique Cottrez dit-elle toute la vérité ? Est-elle responsable des actes ? Quelle influence son obésité a-t-elle eu ? Le contexte social dans lequel elle évoluait a-t-il pesé ? L'audience de cet été devra répondre à ces questions. Dominique Cottrez risque la réclusion criminelle à perpétuité. 
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