Démantèlement de la "Jungle" : "Qui peut croire qu'il n'y aura plus d'exilés à Calais en janvier ?", demande le Secours Catholique

Emmaüs et le Secours catholique s'inquiètent des conditions du démantèlement annoncé de la "Jungle" de Calais, demandant son report et agitant en filigrane la menace d'une action en justice contre une "chasse aux exilés".

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"Le gouvernement va droit dans le mur", estime dans un communiqué Thierry Kuhn, le président d'Emmaüs France, qui demande "le report de l'opération" pour garantir "la prise en charge de chacun dans le respect de ses droits et de sa dignité". "Ce qui se profile, c'est une expulsion rapide et ramassée" et "ça ne peut qu'être brutal" a pour sa part affirmé à Libération Vincent de Coninck, chargé de mission du Secours catholique dans le Pas-de-Calais, en refusant d'être "complice" de ce plan avec lequel "le Secours catholique est en profond désaccord".

Emmaüs demande le report du démantèlement de Calais

Emmaüs demande le report du démantèlement de Calais La date du 17 octobre semble se confirmer pour le début des opérations de démantèlement de la Jungle à Calais. Si Emmaüs a toujours considéré que la mise à l'abri des occupants de ce bidonville était une question d'urgence nationale, le mouvement considère que les conditions ne sont pas réunies pour une opération humanitaire efficace.

Démantèlement de la "jungle" : le Secours catholique refuse d'être "complice"

Alors que le bidonville pourrait être démantelé le 17 octobre, l'association qui travaille en contact étroit avec l'Etat dénonce "une opération sécuritaire, qui n'a d'humanitaire que le nom". Vincent de Coninck, chargé de mission à la délégation du Pas-de-Calais, parle de "chasse aux exilés".

Dans un communiqué, le ministère de l'Intérieur "s'étonne de telles déclarations, alors qu'un dialogue continu est mené avec les associations", dans "l'objectif partagé de mise à l'abri de l'ensemble des migrants". "Ce dialogue se poursuit d'ailleurs demain (NDLR : aujourd'hui mardi) lors d'une nouvelle réunion" avec Bernard Cazeneuve et Emmanuelle Cosse, souligne-t-on de même source.

Démantèlement du campement de la Lande à Calais : Bernard Cazeneuve a rencontré Amber Rudd

Les Ministres de l'Intérieur du Royaume-Uni, Mme Amber RUDD, et de la France, M. Bernard CAZENEUVE, se sont rencontrés à Londres ce lundi 10 octobre. Cette rencontre fait suite à une première entrevue entre les deux Ministres qui avait eu lieu le 30 août à Paris.

"On dirait que Bernard Cazeneuve fait tout pour que la situation tourne à l'affrontement"

"Si Emmaüs a toujours considéré que la mise à l'abri des occupants de ce bidonville était une question d'urgence nationale", l'ONG considère que "les conditions ne sont pas réunies" pour une opération efficace, et estime "caduc l'espoir d'une opération véritablement humanitaire". "Tout porte à croire que le gouvernement va reproduire les erreurs de Sangatte", ajoute Thierry Kuhn, qui juge "complètement démesuré" le dispositif policier annoncé et assure que "les gens vont revenir". "On dirait que Bernard Cazeneuve fait tout pour que la situation tourne à l'affrontement", estime le président d'Emmaüs France, qui compte porter ses demandes lors de la réunion de mardi.

"C'est une opération sécuritaire, qui n'a d'humanitaire que le nom"

"C'est une opération sécuritaire, qui n'a d'humanitaire que le nom. Non seulement on va faire la chasse aux exilés, mais en plus, le résultat sera nul", a pour sa part estimé le responsable du Secours catholique, déplorant qu'il n'y ait "aucun diagnostic à part pour les mineurs" et que les centres en dur "seront détruits". "Qui veut croire qu'il n'y aura plus d'exilés à Calais en janvier ? Qu'est-ce que ça veut dire de fermer un lieu pour les femmes et les enfants ?"

"On a joué le jeu, on était dans le dialogue avec l'Etat", a ajouté M. de Coninck, rappelant que certaines associations avaient préparé une action en référé "pour empêcher la destruction du bidonville". "On l'a gardée dans les tuyaux", ajoute-t-il, agitant en creux la menace d'une action en justice: "On a osé dire oui à l'Etat. Mais là, on est allés au bout. On doit se tenir aux côtés des exilés, pour le respect de leurs droits fondamentaux", ajoute-t-il.

Le gouvernement prépare le démantèlement de ce bidonville comptant entre 7 000 et 10 000 personnes, à une date confidentielle même si le Défenseur des droits a parlé du 17 octobre. "Cette opération humanitaire doit avoir lieu et elle aura lieu, dans les meilleures conditions possibles", souligne-t-on au ministère de l'Intérieur, appelant chacun à "contribuer à ce quelles soient réunies". Les associations avaient déjà tenté, sans succès, d'empêcher le démantèlement de la partie sud de la "Jungle" par un référé devant le tribunal administratif en début d'année.

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