Les Bleus se sont libérés d'un grand poids en franchissant le cap redouté des huitièmes de finale de l'Euro grâce à une superbe victoire sur la Turquie, 76 à 53, samedi dans l'ambiance euphorisante du stade de Lille-Métropole.
Ce match-couperet, les Français le craignaient depuis le jour du tirage, tant les conséquences d'une défaite auraient été calamiteuses: la perte de leur couronne bien sûr, mais aussi la fin presque assurée de leurs espoirs de participer aux jeux Olympiques de Rio l'été prochain.
Les champions en titre ont déjoué tous les pièges qui leur étaient tendus, dans le sillage d'un Nando De Colo transcendé dans son Nord-Pas-de-Calais natal. Avec 15 points et 7 passes décisives, il a éclaboussé le match de sa classe. Alors qu'on pouvait craindre de la crispation dans une arène intimidante, dont ils n'avaient pas plus l'habitude que l'adversaire, ils se sont laissés porter par les 26.135 supporteurs, record européen pour du basket, qui agitaient autant de drapeaux tricolores.
26,135 fans at #FRATUR in Lille have set a new European attendance record! #EuroBasket2015
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— FIBA (@FIBA) 12 Septembre 2015
On craignait aussi l'endormissement après un premier tour maîtrisé (5 victoires en 5 matches), mais pauvre en enseignement face à des adversaires limités : ils ont également évité l'écueil en donnant du rythme.
Accrochés dans le premier quart-temps, les Français ont fait le trou en fin de première mi-temps (36-26) en passant aux Turcs un 14-0, Joffrey Lauvergne et Evan Fournier (12 points chacun au final), sortis du banc, ayant donné un précieux coup d'accélérateur. Dès lors on savait que les Turcs auraient beaucoup de mal à revenir. Si leur trident Dixon-Ilyasova-Erden, du plus petit au plus grand, avait fait mal avant la pause, leur banc était bien trop léger pour assurer la relève.
De Colo le patron
Les Bleus se sont définitivement envolés dans le troisième quart-temps (59-40). Face à Batum, bien plus inspiré que lors de la première phase (10 points), Gelabale parfait en joker, Gobert intimidant sous le cercle, l'équipe des "Douze géants" turcs était bien trop petite pour ces Français survoltés par un public entonnant des Marseillaises impromptues. Étouffés par la défense bleue, elle n'a inscrit que 27 points en deuxième mi-temps.C'est donc pour les Turcs que la route se termine à l'Euro et que l'horizon olympique se bouche presque complètement. Seuls les deux finalistes décrocheront en effet un billet direct pour Rio. L'autre option: terminer dans les sept premiers pour avoir sa chance dans un futur tournoi de qualification olympique, sauf à compter sur une très hypothétique "wild card" de la FIBA.
Quand on pense qu'en cas de défaite, on n'aurait peut-être plus vu Tony Parker sous le maillot bleu, on mesure le soulagement de tout le camp français ! On ne sait pas si cette perspective pesait sur ses épaules, mais la star de San Antonio a passé une mauvaise soirée, ne marquant son premier panier qu'après 24 minutes (pour un faible total de 5 points). Heureusement, De Colo était là pour endosser le costume de patron.
Fort de ce succès, les Bleus vont poursuivre leur parcours avec un moral au beau fixe. On n'aimerait pas être à la place des Lettons, leurs prochains adversaires en quarts de finale mardi. Les Baltes ont paru presque aussi pâles que leurs adversaires slovènes (73-66) en huitièmes samedi et ne semblent pas de taille à se mettre en travers de la route des hommes de Vincent Collet.
Le prochain grand défi devrait avoir lieu en demi-finale contre la Grèce ou l'Espagne, avec un ticket olympique à la clé.
Déclarations d'après-match
Vincent Collet, entraîneur des Bleus : "Il fallait faire un gros match pour gagner. C'était le bon moment, il faudra en faire d'autres. On a répondu présent même si ça a été dur à se dessiner au début. On savait qu'il faudrait travailler. La bonne idée qu'on a eu c'est de défendre d'entrée. Ça n'a pas porté ses fruits immédiatement, mais le travail d'usure a été très conséquent. On a la chance d'avoir un banc performant. Les titulaires turcs ont fini par être fatigués. On a porté la première estocade en fin de première mi-temps et en fin de troisième on a senti qu'ils commençaient à peiner. Il faut se remobiliser très vite. Le match de mardi (contre la Lettonie) doit être déjà dans nos têtes. On a savouré avec le public pendant deux ou trois minutes après le coup de sifflet final. Cette salle est magique et on a envie d'y passer beaucoup de temps."Evan Fournier (arrière français) : "Le banc a beaucoup apporté mais les starters ont aussi bien commencé le match. C'était un très bon match du point de vue collectif. La salle était incroyable. Ça porte, très clairement. Quand tout ce peuple te pousse, tu joues pour une nation, ça te donne encore plus d'élan et j'espère qu'on sera à la hauteur. Tout le monde est plus concentré. On est passé devant défensivement. Ils jouaient à six ou sept. On les a usés. On a eu un petit coup de chaud offensivement et ils ne nous ont plus revus."