Nando de Colo, en parfait métronome de l'équipe de France de basket, a pris une part prépondérante dans la victoire contre la Turquie en huitièmes de finale de l'Euro-2015 au point d'éclipser Tony Parker, samedi à Villeneuve-d'Ascq.
Depuis le début du tournoi, l'arrière du CSKA Moscou impressionne. Et ce n'est pas l'ambiance chaude du stade Pierre-Mauroy et ses quelques 26.000 spectateurs qui allaient changer le comportement de De Colo. Il a admis avoir eu quelques "frissons" pour son retour dans le Nord, lui le natif de Sainte-Catherine, près d'Arras. Mais il a su d'emblée les transformer en énergie positive pour donner le tempo de l'équipe de France lorsque les Turcs avaient l'avantage dans le premier quart-temps (17-18).
Arrière puis meneur lorsqu'il fallait seconder un Parker en manque de percussion (seulement 5 pts), De Colo était encore au four et au moulin. L'ancien joueur NBA, peu utilisé chez les Spurs de San Antonio, avant de rebondir admirablement à Moscou la saison passée, a rendu une copie complète (15 pts, 2/4 à trois pts, 7 rebonds, 7 pds), terminant même meilleur marqueur des siens.
A l'issue des cinq matches du premier tour, il était déjà le deuxième meilleur "scoreur" des Bleus, derrière Parker (11,6 pts à 42,1% de réussite derrière l'arc). Décidément, l'habit du titulaire lui va comme un gant. Avant de prendre une autre dimension lors de cette campagne, il était encore utilisé comme "sixième homme de luxe", selon les mots de "TP".
Dans les dix premières minutes, le joueur de 28 ans avait déjà délivré trois passes décisives et inscrit surtout deux paniers primés plein axe pour limiter la casse à l'issue du premier quart-temps à l'avantage des Turcs. "On voit qu'il a pris de l'assurance avec la grande saison qu'il a réalisée à Moscou. On aura besoin qu'il soit au top. Il faut qu'il reste agressif, qu'il joue de la même façon", avait dit de lui Parker avant ce match couperet sur la route des JO-2016.
De l'agressivité, il en avait à revendre et cela s'est vu le parquet. D'un naturel discret, toujours pondéré dans ses propos, De Colo s'est même permis de lever les bras, rageur, pour haranguer les spectateurs du stade Pierre-Mauroy sur son premier panier primé (10-6).
Tempérance
Mais il ne voulait pas se réserver les louanges. "C'est un sport d'équipe. Moi, j'apporte ce que je peux apporter à cette équipe. On sait qu'elle a besoin de mon agressivité sur le terrain. Mais cela prend avant tout lorsque l'on est ensemble, quand le banc répond présent. C'est le collectif avant tout", a-t-il expliqué à l'issue de la rencontre.En préparation, lors de son ascension dans le cinq majeur, il avait déjà écarté toute velléité individualiste. "Je ne me suis jamais pris la tête sur le fait d'être dans le cinq ou pas. Le plus important, c'est ce que l'on produit sur le terrain et le temps de jeu que l'on peut avoir pour aider l'équipe," avait-t-il assuré avec la tempérance qui le caractérise.
Mais, le N.12 des Bleus a bel et bien changé de dimension. Après la démonstration contre les Turcs, il rêve de retrouver le toit de l'Europe comme en 2013. Mais, cette fois-ci dans l'habit d'un patron.