Une posture, un regard, un profil. A voir ce médaillon, on comprend que cet homme est un notable, un bourgeois. Mais Eugène Motte a été bien plus que cela. C’est une figure de la résistance à Roubaix pendant la Grande Guerre.
Maire de la ville avant le conflit, il a osé dire non aux Allemands qui ont occupé Roubaix pendant les 4 longues années.
Avant-guerre, Roubaix surnommée la Cité de la Laine est à son apogée. Eugène Motte a été maire de la ville, Président de la puissante Chambre de Commerce et d’Industrie de Roubaix-Tourcoing.
C’est un homme qui compte. En 1902, le journal catholique "le Pèlerin" en dresse le portrait :
Industriel, fils d’industriel, il est à 41 ans, chef de 9 usines, donnant du pain à 8000 ouvriers.
Le 14 octobre 1914, les Allemands occupent Roubaix. Ils exigent des otages parmi les notables. Eugène Motte se constitue prisonnier.
Il refuse confectionner des sacs destinés à la protection des tranchées allemandes et s’indigne en ces termes :
Nous ne pouvons accepter le rôle de Collaborateur de l’ennemi. Vous pouvez réquisitionner nos biens, vous ne pouvez réquisitionner nos personnes.
Pour cet acte de bravoure, Eugène Motte sera emprisonné et déporté en Allemagne, en 1915. Il s’échappe et gagne la Belgique. De là, il participe au ravitaillement de la France occupée.
En février 1918, il rejoint Paris, déguisé en teinturier. Après-guerre, il organisera la reconstruction de ses usines. Le résistant redevenu industriel mourra en 1932.